27 octobre 2014 à 18:26
Auteur: Eric FAVEREAU
Ils sont là, présents. Ne désertent pas. Fatigués sûrement, mais avec une volonté intacte de ne pas s’habituer. Ils, ce sont «les 39», un collectif créé peu après le discours, en décembre 2008,
du président de la République d’alors, Nicolas Sarkozy ; celui-ci,
visitant un hôpital psychiatrique à Antony (Hauts-de-Seine), avait
développé le souhait d’une prise en charge très sécuritaire de la folie.
Depuis ce jour, les 39 résistent, formant un groupe peu banal de
psychiatres, de psychologues, de patients, mais aussi de parents de
malades. Ils hésitent parfois sur la stratégie, s’engueulent souvent,
mais se retrouvent dans le souci de résister à la normalisation ambiante
qui veut que la folie se résume à des symptômes et son traitement à une
simple prise de médicaments.
«Aujourd’hui, on ne peut pas rester dans un seul discours de résistance, il faut passer le cap», lâche Hervé Bokobza, qui fut l’initiateur du collectif. Ils vont tenir un «meeting» samedi à Montreuil (1), près de Paris, comme on tient une table ouverte. Avec une foule variée d’intervenants. «Fédérons nos rêves pour résister à l’occupation de nos libertés de conscience», dit la banderole d’appel. Des mots, en somme, pour combattre la difficulté du moment. «Les
patients se disent parfois infantilisés, peu ou pas entendus,
surmédiqués, étiquetés, soumis à l’arbitraire, avec perte de la liberté
de circuler et menace permanente de la chambre d’isolement», note un texte d’appel au meeting.
Récemment, au sein des 39, s’est créé «le fil conducteur», un groupe de parents et de soignants qui travaillent ensemble. Ce «fil conducteur» lance, lui aussi, un manifeste qui démarre par ce constat : «Les
familles sont plongées brutalement dans l’univers de la psychiatrie.
Lors d’une hospitalisation pour le moins traumatisante d’un enfant, d’un
être cher, elles ne trouvent, le plus souvent, ni soutien ni
interlocuteur. Tenues à l’écart, sans explications aucune sur ce qu’est
une maladie psychique, elles assistent, impuissantes, à l’enfermement, à
l’isolement de leurs proches, puis au parcours décousu et chaotique de
soins… Nous ne voulons pas d’un parcours de soins exclusivement réduit
au trio contention-isolement- médication…»
Que faire, donc, pour alléger ce paysage psychiatrique ? «Ouvrons de toute urgence le débat public, national et citoyen, réaffirment les 39. Nous
le ferons avec tous ceux qui ne veulent pas cesser de se réinventer, de
rêver, de créer… Afin que puisse s’élaborer l’écriture d’une loi-cadre
en psychiatrie, une loi dont tous les patients, les familles,
les soignants ont un besoin immédiat.»
(1) Le 1er novembre à la Maison de l’arbre à Montreuil, de 9 h à 19 h. www.collectifpsychiatrie.fr
SOURCES :
ATRRD | 16 janvier 2015 à 13 h 33 min | Tags: Collectif des 39, Hervé Bokobza
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