Le Carré Sainte, sous la Direction de Numa HAMBURSIN, présente une Exposition composée d'une quinzaine de grandes toiles de Léopold RABUS.
Ce
jeune peintre suisse de trente huit ans, tire son inspiration de sa
campagne natale peuplée d'animaux et d'êtres mystérieux, investis par
ses fantasmes.
Ses modèles sont les maîtres du ''Clair-Obscur'', du Naturalisme voire
de l'Hyper réalisme'' transgressif, à la limite du Surréalisme.
Il est influencé par le travail préalable qu'il a développé au théâtre
et par les techniques vidéos et cinématographiques qui le plongent dans
la modernité.
L'exploration et la description en diagonale de quelques œuvres s'avère
périlleuse car elles sont subjectives, contingentes et partiales. Elles
mêlent la polysémie des significations de l'artiste aux projections du
critique. Alors qu'elles devraient laisser place à la libre
interprétation du spectateur. Aussi c'est en amateur lambda et avec un
regard neuf qu'il conviendrait d'aborder ces œuvres.
Quatre toiles, plus ou moins arbitrairement choisies vont faire l'objet de notre attention :
La Femme au Canari.
Une femme nue, un bandeau blanc sur la
tête, nous donne à voir de magnifiques fesses sur lesquelles tombe une
lumière crue. Elle est observée de 3/4 et de dos. Elle tient fermement,
dans sa main droite un canari. Elle regarde également un autre canari
s'agitant dans sa cage. Une obscurité progressive les enveloppe.
Nous assistons vraisemblablement à une méditation sur le Désir féminin ainsi qu'une réflexion sur la Liberté.
Le Jeune
Dans un taudis innommable, des récipients métalliques sont suspendus par des ficelles comme dans un mobile de CALDER
Un homme d'allure grotesque est assis sur une caisse de bois. Il
contemple son abdomen blafard. Il touche son flanc droit de sa main
gonflée qu'on devine noircie, nécrosée. Son doigt pointe une plaie qui
suinte encore et dont on ne comprend pas la cause. Mais on pense à
l'endroit où le Christ fut percé d'un coup de lance.
Ce réalisme analogue au tableau de RIBERA, ''Le Pied Bot'', évoque un documentaire sur le Quart-Monde.
Ce réalisme analogue au tableau de RIBERA, ''Le Pied Bot'', évoque un documentaire sur le Quart-Monde.
Du Dur au Mou
Ce
titre, digne d'un ancien élève des Beaux-Arts, nous dévoile une femme
allongée, vêtue d'une robe en dentelle, bleu-noir. Elle est
recroquevillée, en position de défense. Est-elle dans un demi-sommeil ou
pleure-t-elle dans ses mains ?
Elle est entourée, comme dans un ring par des cierges dressés et menaçants. Ils délimitent un espace restreint mais vide. La perspective est distordue. La femme est en décubitus latéral gauche, de face, à droite, et presque sur le dos au niveau du bassin et des membres inférieurs.
Elle est entourée, comme dans un ring par des cierges dressés et menaçants. Ils délimitent un espace restreint mais vide. La perspective est distordue. La femme est en décubitus latéral gauche, de face, à droite, et presque sur le dos au niveau du bassin et des membres inférieurs.
Un linge couleur chair se verticalise au voisinage de son sexe.
On note une grande bassine d'eau noirâtre en avant et une autre rougeâtre sur la droite.
Des rayonnages étiquetés, verticaux, au fond, comme dans une
bibliothèque ou une clinique, s'ouvrent et s'inclinent à gauche, dans
une perspective improbable.
Trois lampes tempête éclairent les jambes de la jeune femme.
La symbolique mortifère des cierges réveillent des fantasmes dans ce
lieu évoquant une sacristie aux allures de salle d'opération
clandestine.
Quel drame affreux a du vivre cette femme ''clivée'' comme dirait LACAN ?
Quel drame affreux a du vivre cette femme ''clivée'' comme dirait LACAN ?
Notons le Réalisme d'un arrêt sur image dans ce Clair-Obscur de la Psyché et de la peinture.
Appâts d'eau douce
Une
tenture blanche, immaculée et déchiquetée, en croix, s'ouvrant vers le
haut, laissant apparaître à ses pieds un magnifique parterre de fleurs
couleur sang, rose et jaune.
Au fond et à droite, un arrosoir vert.
Au fond et à droite, un arrosoir vert.
Trois à quatre poteaux l'entourent à distance.
Au
premier plan, une cruche ocrée, largement fendue, est recouverte d'un
lambeau de la tenture blanche, rehaussé d'une fleur « rouge-vie ».
Entre ces trois éléments, qui resplendissent, une main coupée, verdâtre, crispée enserre des lombrics.
Un fond brun sombre donne le tragique de la scène et fait ressortir la lumière.
Comment donner sens à ce tableau étrange qui ressemble à une nature morte.
La
force dramatique, caravagesque, de la composition nous amène à évoquer
un déplacement de sens, une allégorie, celle de la passion du Christ, sa
crucifixion, la descente de croix, la mise au tombeau et sa
résurrection.
D'autres
toiles auraient mérité qu’on s'y attarde, traduisant l'amour de la
nature et de l'écologie, la proximité des humbles, la dette envers les
maîtres anciens, l'exacerbation des sens, la dynamique du mouvement,
l'actualité brûlante et la transgression de la loi.
Léopold
RABUS s'avère plein de promesses. Ses recherches et son inconscient
nous laissent espérer de grandes réalisations futures que nous serons
heureux d'admirer.
Sources :
Marcel MANTIONE
Mis en ligne avec l'aimable autorisation de Marcel MANTIONE