La cuisine-thérapie d’Emmanuelle Turquet repose, quant à elle, sur l’exploration d’une émotion qui, consciemment ou pas, fait écho à une problématique personnelle. Et sa démarche la propulse bien loin de la culinothérapie ! Le mot d’ordre ici : se libérer des recettes toutes faites, des diktats nutritionnels qui nous culpabilisent et de la cuisine spectacle façon Top chef, prompte à nous complexer. « Aborder différemment cette pratique permet de baisser la garde du mental et de se reconnecter à soi », explique l’art-thérapeute, elle-même ex-orthorexique. Tout est permis. Mais la voie de la créativité n’est pas toujours facile… « Je me souviens d’une participante assez réservée qui se tenait les bras croisés. Lors du débriefing, elle a déclaré à propos de son premier plat, sur le thème de “la carotte voyageuse” : “Ce n’est pas la peine d’en parler.” C’est en l’invitant à exprimer son ressenti au travers d’une deuxième recette qu’elle a pu sortir sa colère, en réalisant une purée sucrée-salée. »
Déguster en pleine conscience et accueillir ce qui vient
Nous savons que notre cuisine nous ressemble. Elle parle notamment de nos goûts et de notre culture. Pratiquée en séminaire d’entreprise, elle peut révéler nos stratégies d’entraide, nos capacités de leadership (qui est le chef, qui est le commis ?), notre esprit d’initiative et d’innovation. Mais improviser sur « la courgette amoureuse » ou « les poires se prennent pour des stars » sans sa petite épicerie habituelle, voilà qui nous pousse dans nos retranchements ! « Il faut accepter de ne pas savoir à l’avance », encourage Emmanuelle Turquet. Chacun de ses cours débute d’ailleurs par une phase de relaxation ou de dégustation en pleine conscience pour « laisser le cerveau au vestiaire ». « Ma seule ambition est d’accompagner les gens dans leur cheminement. Le contenu de l’atelier n’est donc pas programmé à l’avance. J’accueille ce qui vient, et certains repartiront avec plus de confiance en eux, d’autres auront contacté des émotions enfouies ou pris conscience de certains fonctionnements toxiques pour eux », dit-elle. Dans ce contexte créatif et libérateur, la cuisine n’est pas seulement symptomatique de notre tempérament, de notre humeur ou de notre mode de relation aux autres. Elle donne l’appétit de dire ce que nous avons sur le cœur et peut aussi être un vrai catalyseur de transformation personnelle. Une quête de soi à déguster sur place ou à faire mijoter à feu doux en psychothérapie !
Exercice :
Cuisinez-vous !
“Se mettre la rate au court-bouillon”, “être soupe au lait”, “dur à cuire”… Que nous les employions souvent ou qu’elles fassent écho à notre humeur du moment, certaines expressions peuvent nous aider à évoluer. Choisissez-en une que vous connaissez. Demandez-vous pourquoi elle vous parle, quel sens vous lui donnez, ce que vous aimez ou pas dans ces mots. Écrivez vos réflexions. Puis, comme Caroline, Céline et Annabelle, qui ont réalisé cet exercice lors d’un atelier, explorez ce ressenti en cuisine : épluchez, cuisez, mariez, épicez, disposez les ingrédients à votre guise. Comment vous sentez-vous à présent ?
Sources :
http://www.psychologies.com/Therapies/Developpement-personnel/Methodes/Articles-et-Dossiers/Des-ateliers-de-cuisine-therapie-pour-mieux-se-connaitre/4