dimanche 23 avril 2017

Des ateliers de cuisine-thérapie pour mieux se connaître. 1.

Comme l’art ou la musique, la cuisine peut aider à dépasser ses souffrances. Une démarche originale, à l’image des ateliers Papilles créatives de la thérapeute Emmanuelle Turquet, qui donnent l’appétit de dire ce que nous avons sur le cœur.

Agnès Rogelet

Sur une planche en ardoise, deux figues découpées en quartiers sont disposées telles des fleurs côte à côte. Elles sont rouges comme l’amour. L’une d’elles repose sur des lamelles de parmesan dont certaines envahissent le cœur. L’autre trône sur un piédestal de tomates et de fraises. La première, un peu chaotique, représente Patricia, la seconde, son compagnon, bientôt à la retraite. « On est très différents et il va falloir que je trouve ma place », décrypte cette Parisienne de 61 ans en concevant son plat face à Emmanuelle Turquet, art-thérapeute également formée à la programmation neuro-linguistique (PNL), à l’analyse transactionnelle et… à la cuisine. « Cette séance individuelle lui a permis d’affronter l’angoisse de vivre avec un futur retraité. En composant son assiette, elle a réalisé qu’elle devait faire entendre sa voix posément et se mettre davantage à l’écoute de l’homme qui partage sa vie pour éviter les tensions dans son couple », relate la praticienne en relation d’aide, qui propose depuis un an des ateliers de cuisine-thérapie ouverts à tous.

Cuisiner est moins impressionnant pour un néophyte que le dessin, le théâtre ou la musique. À défaut d’être un cordon-bleu, nous avons tous déjà préparé un gâteau et savons éplucher une pomme. En milieu hospitalier, cet acte familier et convivial accompagne désormais le traitement des addictions, de la dépression, de la maladie d’Alzheimer ou des troubles alimentaires (anorexie, obésité…). On parle alors de « culinothérapie ». « Autrefois, on se contentait d’inviter les patients à faire des crêpes. Ce terme est apparu dans les années 1990 pour désigner des ateliers plus structurés, fonctionnant comme un groupe de parole où l’on occupe les mains », décrit Hélène Chevalier, diététicienne et formatrice à Irfa Évolution.

Se sentir utile et revaloriser son image

Encadrés par un diététicien, un infirmier, un auxiliaire de vie, un psychomotricien ou un animateur, auquel s’ajoute parfois un éducateur ou un psychologue, les participants préparent tout ou partie d’un repas : choix du menu, courses, cuisine, dressage de la table et dégustation. Exercer sa motricité en maniant des ustensiles, développer ses capacités mentales par le calcul des proportions, et ses facultés cognitives en faisant appel à la gestion du temps et à la concentration, stimuler les sens, la mémoire et la communication par l’échange de recettes… La cuisine offre un support thérapeutique très riche. Elle réinscrit ces patients « marginalisés » par leur pathologie dans un rituel teinté de plaisir et de savoir-vivre, tout en leur procurant le sentiment d’être utile. Comme pour chacun de nous, cette activité réveille le désir et, par l’accomplissement d’une « œuvre », valorise l’image de soi.

Sources :
http://www.psychologies.com/Therapies/Developpement-personnel/Methodes/Articles-et-Dossiers/Des-ateliers-de-cuisine-therapie-pour-mieux-se-connaitre