Cette aventure a commencé par un appel à mobilisation des art-thérapeutes, par une invitation à se réunir afin de penser ensemble les actions à mener afin de tisser le métier d’art-thérapeute. Le message présentait clairement de créer des rencontres entre art-thérapeutes de formations différentes, proposait une dynamique dans un réseau de professionnels mettant en œuvre des actions visant le tissage de notre métier, en lien avec le code de déontologie. Quelques signifiants de cette proposition pouvaient éveiller en nous le désir d’appartenance à un groupe ouvert à la discussion et aux attachements particuliers de chacun pour notre métier d’art-thérapeute. Nous pouvions dès lors nous interroger, notre métier manquerait-il de définition ? Il est vrai que nos librairies vantent les méritent de l’art-thérapie au grand public à travers des albums de coloriage, et que le discours courant renvoyé démontre du flou et ne marque pas de différence franche entre un atelier d’artiste, la médiation artistique ou l’art-thérapie. La première réunion s’est passée dans une grande motivation et un espace pour se dire, chacun a pu formuler ses préoccupations. Une certaine dynamique existait bien, et il semblait que nous puissions en faire quelque chose, à commencer par donner un nom au mouvement : Collectif Indépendant des artthérapeutes. Ces discussions ont fait ressortir des points communs dans les attentes des art-thérapeutes présents :
– Se rassembler et collaborer, créer des liens par le biais du réseau professionnel national et international,
– Travailler à la compréhension du statut d’art-thérapeute aujourd’hui et à l’exercice de ses fonctions, – Œuvrer pour le développement du cadre légal et statutaire de l’art-thérapie dans le champ de la santé,
– Étudier, partager, et écrire au sujet de la diversité des approches théoriques et déontologiques de l’art-thérapie.
Ainsi des actions et des mises au travail de recherche ont été proposées, chacun a pu s’inscrire dans une démarche active afin de construire davantage ce mouvement. Toutes les propositions de mise en action avaient pour objectif de tenir une dynamique et pourraient être reprises avec le recul nécessaire à toute construction.
Lors de la seconde rencontre, nous étions moins nombreux mais notre motivation restait entière. Nous avons cherché à comprendre ce manque ainsi visible et nous avons pensé que l’important était ce noyau existant et que nous devrions mieux définir le collectif Indépendant des art-thérapeutes afin de pouvoir rassembler autour de la même motivation. Cela a été notre fil conducteur pour ce regroupement de travail. Il a tout d’abord été évoqué le terme Indépendant de notre intitulé, qu’avons-nous voulu dire ? Ce collectif se veut indépendant de tout dogme, de toute théorie, qu’il est ouvert aux différences de pratiques.
Puis nous avons cherché à faire ressortir pourquoi ce collectif devait exister, perdurer, se construire afin de mener à bien ses missions. Il est ressorti de cet état des lieux :
– que lors des deux rassemblements, des art-thérapeutes disent leur isolement dans leur pratique, souhaitent faire du lien avec les réseaux de professionnels afin de lutter contre l’isolement peu porteur de leurs revendications,
– que les représentations collectives ou individuelles sur l’art-thérapie divergent, aussi la multiplicité des courants de pensée donne du flou sur les applications pratiques de cette discipline et met à mal la crédibilité des art-thérapeutes. Les tentatives de différenciation « démocratique » lorsque les art-thérapeutes présentent la singularité de chaque approche sont entendues comme un clivage alors que le Collectif Indépendant des Art-Thérapeutes vise à ce que l’on considère la diversité des pratiques comme un fait qui constitue l’artthérapie des temps modernes.
– que les art-thérapeutes rencontrent des difficultés à entrer sur le marché de l’emploi malgré les certifications alors que sur le terrain, il y a un vrai besoin de prendre en compte les souffrances psychiques. Les EHPAD ne font-ils pas appel à nous face à l’inactivité qui inquiète ? Or, les moyens budgétaires semblent difficiles à obtenir. Dans le rapport du contrôleur général des lieux de privation des libertés (2014), il est déclaré qu’ : « il suffit de visiter, même rapidement, la plupart des unités pour prendre conscience de l'inactivité dans laquelle sont maintenues, pendant beaucoup de leur temps, les personnes malades. Les espaces et les personnels voués aux diverses thérapies possibles (ergothérapie, artthérapie…) sont très généralement insuffisants », assure le contrôleur en préambule de son chapitre sur « les enjeux de l’activité. » « Toute activité dans les unités de psychiatrie est naturellement subordonnée à décision médicale. Mais ce principe une fois acquis, se pose la question du volume et de la nature de ces activités. »* Nous constatons qu’il est difficile de trouver le bon accord emploi/employé.
Ce constat nous a amenés à définir un objectif global : Le collectif Indépendant des Art-Thérapeutes est constitué d’un ensemble de personnes concernées par la reconnaissance du statut d’art-thérapeute en France et à l’étranger et souhaitant soutenir et/ou participer aux actions collectives visant la cohérence déontologique et légale de la pratique professionnelle, indépendamment des préoccupations théoriques qui viennent éclairer nos pratiques. ».
Atteindre une finalité nécessite de passer par des objectifs et des moyens à mettre en œuvre à plus ou moins long terme, le collectif envisage différents axes d’action :
– Étudier, retranscrire et communiquer sur l’histoire et la géographie de l’art-thérapie en France et dans le monde,
– Définir l’art-thérapie : le collectif décide de considérer l’art-thérapie comme une discipline de soin psychique fondée sur une relation thérapeutique s’appuyant sur un processus créatif. Cette définition est envisagée comme provisoire, elle devra être reprise par un groupe de travail afin de l’enrichir et de la compléter dans le respect de l’éthique du Collectif. – Dégager les spécificités du métier d’art-thérapeute.
– Définir et informer sur les méthodes et les théories des différentes formations,
– Créer du lien, des partenaires, du réseau.
– Avoir le soucis d’un répertoire National des art-thérapeutes.
– Défendre la légitimé et le cadre légal de l’exercice de la pratique. Nous avons pu amorcer quelques moyens pour mener à bien notre mission :
– Créer des groupes de recherche virtuels ou physiques. – Proposer un calendrier de rencontres formelles avec ordre du jour.
– Recueillir des témoignages afin d’appuyer nos demandes.
– Organiser un colloque invitant les différentes formations à venir définir l’art-thérapie. Nous pensons définir un statut pour ce collectif permettant d'accéder à un cadre évaluable mais également permettant certain nombre d'avantages en termes d'organisation et de légitimité auprès des institutions concernées par nos actions. Nous rappelons ici les coordonnées que nous proposons et vous invitons à les diffuser largement.
Il est certain que pour mener à bien cette mission, nous avons besoin de vous, rejoignez-nous. Pour correspondre, contacter, participer : informations.ciat@gmail.com Pour s’informer : http://informationsciat.blogspot.fr/
Catherine Calop pour le CIAT
* article publié sur infirmier.com - « Psychiatrie : l'inactivité des patients inquiète » - extrait du rapport d’activité 2013, publié en 2014 par le contrôleur général des lieux de privation de liberté.