L'empowerment1
est l'octroi de plus de pouvoir aux individus ou aux groupes pour agir
sur les conditions sociales, économiques, politiques ou écologiques
qu'ils subissent2. Divers équivalents ont été proposés en français : « capacitation », « autonomisation »3, « responsabilisation », « émancipation » ou « empouvoir »4,5. Le concept est né au début du XXe siècle aux États-Unis
dans un contexte de lutte. Conçu alors comme gain de pouvoir face à un
groupe dominant, le concept peu à peu a été utilisé dans une vision plus
large et plus floue, proche de celle de la participation. Dans les
institutions internationales, l’empowerment peut être utilisé dans une vision néolibérale.
L'idée est désormais au cœur des politiques de lutte contre la pauvreté
et de développement, notamment dans le cadre de politiques urbaines.
La microfinance constitue une forme d'empowerment financier dans les pays en développement. Ici, une banque d'épargne communautaire au Cambodge.
Au Québec, des associations de lutte contre la pauvreté effectuent la promotion de l’empowerment pour alléger le fardeau social et économique de certains milieux en perdition. La notion est traduite par Lebossé en « développement du pouvoir d'agir ».
Toutefois, parmi les pratiques françaises, on peut citer les actions menées par Cause Commune, certaines compagnies de théâtre forum, l'action d'ATD Quart Monde ou encore l'expérimentation des méthodes du community organizing de Saul Alinsky à Grenoble. Au niveau national, un collectif « pouvoir d'agir » a été créé pour en diffuser les méthodes.
L’empowerment nécessite un investissement dans le recrutement et la formation. Ainsi, le rôle du manager est de cadrer cette pratique en :
La microfinance constitue une forme d'empowerment financier dans les pays en développement. Ici, une banque d'épargne communautaire au Cambodge.
Origine de la notion en Amérique du Nord
Selon Bernard Vallerie, on repère la première utilisation du terme empowerment aux États-Unis, au début du XXe siècle. Il est alors utilisé par les femmes luttant pour la reconnaissance de leurs droits. On retrouve également cette notion dans les méthodes du community organizing de Saul Alinsky dès les années 1930, puis dans le mouvement des droits civiques dans les années 1960. En 1965, un groupe de psychologues l'utilise dans le cadre de pratiques de psychologie communautaire. La notion d'empowerment va alors se diffuser dans de nombreux champs, puis être utilisée dans les politiques publiques de lutte contre la pauvreté.Au Québec, des associations de lutte contre la pauvreté effectuent la promotion de l’empowerment pour alléger le fardeau social et économique de certains milieux en perdition. La notion est traduite par Lebossé en « développement du pouvoir d'agir ».
Accueil en France
Malgré son introduction au Québec dans les années 1960, l’empowerment est resté très longtemps une notion difficile à traduire en France. Pour Marie-Hélène Bacqué, il s'agit d'un processus par lequel un individu ou un groupe acquiert les moyens de renforcer sa capacité d'action, de s'émanciper. Pour Bernard Jouve, l’empowerment, pour être opérationnel, nécessite la constitution de communautés qui agrègent des acteurs sociaux confrontés à une même problématique6. C'est l'une des raisons qui expliquent pourquoi la notion a été peu reprise en France.Toutefois, parmi les pratiques françaises, on peut citer les actions menées par Cause Commune, certaines compagnies de théâtre forum, l'action d'ATD Quart Monde ou encore l'expérimentation des méthodes du community organizing de Saul Alinsky à Grenoble. Au niveau national, un collectif « pouvoir d'agir » a été créé pour en diffuser les méthodes.
Institutions internationales
Les institutions internationales comme la Banque mondiale ont commencé à utiliser la notion d'empowerment dans les politiques de développement, notamment en direction des femmes. Toutefois, elle est dans ce cas plutôt utilisée dans une vision individualiste et néolibérale, où les gens se prendraient en charge pour pallier les manquements des États dans le champ des droits fondamentaux.Ressources humaines
En management, l’empowerment repose sur trois piliers : vision, autonomie et appropriation. L'équipe concernée sait où elle va (vision), a une marge de manœuvre suffisante pour y aller (autonomie) et se sent légitime pour mener cette action (appropriation).L’empowerment nécessite un investissement dans le recrutement et la formation. Ainsi, le rôle du manager est de cadrer cette pratique en :
- préparant et acceptant les risques,
- préparant les employés par une formation,
- définissant clairement les limites de la démarche (et notamment financières),
- effectuant un suivi individualisé pour chaque employé,
- recrutant des employés dignes de confiance.
Périnatalité
Le terme désigne, en périnatalité, le fait pour une femme enceinte ou un couple de se prendre en charge plutôt que de laisser le personnel de santé prendre seul les décisions concernant la naissance à venir. Il s'agit d'encourager, de remettre en avant plan la capacité du corps de la femme à accoucher et non pas de « se faire accoucher ».Aidants bénévoles
Une des formes majeures de l’empowerment concerne les aidants bénévoles qui accompagnent et aident des personnes fragilisées par le handicap, la maladie ou la vieillesse. Pour certains théoriciens du care, les aidants doivent être valorisés comme acteurs majeurs de la santé publique et de l'accompagnement des plus fragiles. En témoigne l'appel en leur faveur qui a été lancé par un collectif de personnalités, dont l'ancienne ministre Paulette Guinchard-Kunstler, et le sociologue Serge Guérin 7. Ils soulignent l'implication des 10 millions d'aidants bénévoles et que cela représente l'équivalent de 164 milliards d'euros pour la collectivité, les initiateurs de l'appel demandent un soutien des pouvoirs publics pour une politique de prévention santé et pour le renforcement des droits sociaux pour les aidants bénévoles.Notes et références
- Origine du terme [archive] d'après le Online Etymology Dictionary de Douglas Harper : (en) « empower (v.) 1650s, used by Milton, but the modern popularity dates from 1986; from en- (1) + power. Related: Empowered; empowering; empowerment. »
- Voir aussi Sylvia Zappi, L'"empowerment", nouvel horizon de la politique de la ville [archive], Le Monde.fr, 7 février 2013 : « l'expression désigne le processus qui permet aux individus de prendre conscience de leur capacité d'agir et d'accéder à plus de pouvoir. »
- « Fiche terminologique d'autonomisation » [archive], sur Office québécois de la langue française, 2003 (consulté le 13 février 2015)
- Substantif et verbe irrégulier
- http://www.aucegypt.edu/research/gerhart/rprogram/takaful/Documents/Takaful%202013%20-%20Final%20Online%20Version.pdf [archive], p80
- Bernard Jouve, Politiques publiques et empowerment : l'exception française [archive], Économie & humanisme, No 379, décembre 2006, p. 99-101.
- http://www.leparisien.fr/espace-premium/air-du-temps/les-aidants-familiaux-ont-besoin-d-aide-05-03-2013-2617425.php [archive]. Le Parisien, 5 mars 2013
Bibliographie
- William A. Ninacs, Empowerment et intervention, Développement de la capacité d'agir et de la solidarité, 2008, Presses de l'Université de Laval
- Marie-Hélène Bacqué et Carole Biewener, L'empowerment, une pratique émancipatrice, Paris, La Découverte, coll. « Sciences Humaines / Politique et sociétés », 2013 (ISBN 978-2-7071-6733-0)
- Patrick Macquaire, Le quartier Picassiette, un essai de transformation sociale à Chartres, Ed L'Harmattan, Paris 2009.