Au nom d’un
« rationalisme économique morbide » une nouvelle colonisation des esprits
envahit la planète. Avec ses agences d’évaluation et ses hommes de main, cette
« religion du marché » interdit de penser le monde, notre monde, autrement que
comme un stock de marchandises ou de produits financiers.
Pour
réaliser cette nouvelle manière de civiliser les mœurs il fallait faire chuter
la valeur de l’expérience et celle du récit – de la parole – qui la transmet.
En faisant baisser le cours de la parole au profit de l’information, de sa part
la plus technique et mesurable, nous perdons le monde commun, nous perdons
notre monde. Et plus encore en Occident, nous nous habituons à lâcher la
démocratie pour l’ombre d’une technocratie qui organise insidieusement nos
servitudes volontaires.
Cet ouvrage
invite au retour du politique pour retrouver les conditions sociales et
culturelles permettant de penser, de juger et de décider. Cela exige que soit
d’abord interrogé le statut du savoir dans la culture, son rapport à
l’expérience et aux pratiques sociales. Mais comment retrouver aujourd’hui la
dignité de penser dans une culture qui ignore la légitimité du savoir du conte,
du rêve, du jeu et de leurs récits ? La France qui se lève tôt a-t-elle encore
le temps de raconter sa vie, son histoire et ses rêves ?
Il a récemment
publié :
Logique des passions(2002),
La Santé totalitaire (avec M.-J. Del Volgo, 2005),
Exilés de l’intime (avec
M.-J. Del Volgo, 2008),
La Preuve par la parole (2008),
L’Appel des appels
Pour une insurrection des consciences (avec B. Cassin et Ch. Laval, 2009),
De quoi la
psychanalyse est-elle le nom ? Démocratie et subjectivité(2010),
La folie évaluation (avec A. Abelhauser
et M.-J. Sauret, (2011).
Roland Gori est psychanalyste et professeur émérite de
Psychopathologie clinique à l'université d'Aix-Marseille. Il est l'initiateur
avec Stefan Chedri de l'Appel des appels. Il a
publié de nombreux ouvrages autour de la médicalisation progressive de nos
existences. Il pointe la nécessité de penser à cette médicalisation généralisée
qui s’imposent peu à peu dans nos vies sous la conjonction d’un pouvoir
politique qui se protège, d’un pouvoir économique qui se développe et d’une
partie du corps médical qui fuit ses responsabilités. Le risque est ainsi
partout. Il suscite des procédures d’assurance pour se protéger à l’infini, et
entraîne également des prescriptions médicamenteuses et des conduites qui méritent
qu’on y regarde à deux fois.
Est-ce
que tout le monde doit entrer dans la norme, faut-il accepter une
certaine individualité, voire une certaine marginalité. En s’appuyant sur sa
pratique quotidienne, ses réflexions et ses lectures approfondies des grands
maîtres tels que Canguilhem, Beck, Roland Gori nous démontrera comment les
techniques de psychiatrie « actuarielle » en particulier sur le
risque de récidives des criminels résonnent avec la phrase de Paul
Valéry : « On ne peut entrer dans l’avenir
à reculons ».
Roland Gori
Mis en ligne avec l'aimable autorisation de Roland Gori
Jean-Louis Aguilar-Anton / Art'Bloguer