dimanche 3 novembre 2019

Les sciences neurocomportementales, nouvelle avancée du néolibéralisme.

1 NOV. 2019 PAR ROYER BENJAMIN BLOG : LE BLOG DE ROYER BENJAMIN

Pourquoi le développement hégémonique des neurosciences nous apprend davantage sur les avancées de l'idéologie néolibérale que sur l'être humain.


Des origines économiques des sciences neurocomportementales à leur utilisation politique en psychiatrie et dans l’éducation.

Le récit actuellement dominant au sujet des sciences neurocomportementales est un récit principalement prospectif et performatif. Nouvel organisateur collectif du sens du progrès social, il se redouble du récit, intime celui-ci, de l’entreprise d’amélioration de soi via la prescription de comportements dans une redéfinition positiviste d’un ensemble de « bonnes pratiques ». Enfin, la nomination à des positions institutionnelles symboliques dominantes de plusieurs représentants de ces disciplines vient légitimer certaines réformes de l’action publique préfigurant un nouveau champ de technologies d’ingénierie politique. Je propose ici de prendre à rebours ce discours dominant et de construire un récit en contrepoint de cette construction souvent anachronique et triomphaliste qui sera le récit du développement actuel du néolibéralisme à la lumière de l’essor hégémonique des sciences neurocomportementales.

Notre expérience politique, dont l’horizon démocratique se réduit chaque jour davantage, s’accommode du développement d’un nouvel imaginaire social que je qualifierai entrepreneuriat neurocomportemental. Le développement de cet imaginaire, correspond à un certain effet de mode décrivant les neurosciences[1] comme le récit prospectif de la grande aventure intellectuelle de conquête du 21ème siècle après la lune et le génome humain qui voit supplanter le progrès technologique au progrès social. Il tient tout autant aux effets de description du cerveau comme objet fascinant se prêtant parfaitement au jeu de la vulgarisation au point que de nombreux médias en ont fait une ligne éditoriale régulière. Certaines maisons d’éditions comme Odile Jacob en sont venues à consacrer la part la plus lucrative de leur catalogue à la vulgarisation des découvertes sur le cerveau pour en faire des recettes de vies et divers produits dérivés[2].

C’est qu’à la découverte de ce nouveau « territoire vierge » qu’est le cerveau vient s’ajouter la promesse du développement d’une nouvelle technologie de découverte du monde par la découverte de soi, faisant de chacun l’entrepreneur de cette grande aventure collective, scientifique et économique avec son propre cerveau et à domicile, au chaud dans le giron des applications de son smartphone[3]. Cette nouvelle rationalité performative se décline quotidiennement dans un ensemble de discours à la tonalité particulièrement conquérante et exaltée d’une évangélisation en marche : en plus d’acquérir une position importante sur le marché des biens de consommation culturels et numériques et de devenir un discours dominant d’explication de l’ensemble des dimensions de l’existence, les sciences neurocomportementales accèdent maintenant à des positions de reconnaissances institutionnelles qui les placent en positions nettes de domination dans les conflits au sein de nombreux champs disciplinaires. Le Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel décerné en 2017 à R. Thaler pour sa théorie des Nudges en économie comportementale, la nomination par J. -M. Blanquer de S. Dehaenne à la tête du tout frais Conseil Scientifique de l’Education Nationale en 2018 et la nomination en avril 2019 au poste - nouveau également - de Délégué ministériel à la psychiatrie de F. Bellivier, chercheur en neuropsychopharmacologie.

 Ce développement de la diffusion et de l’autorité d’une discipline relativement neuve doit, me semble-t-il, être questionnée du point de vue de l’idéologie qui sous-tend ce développement[4] mais aussi du point de vue des formes nouvelles de gouvernementalité qui en résultent. Pour le dire autrement : quelle utilisation politique est faite des sciences neurocomportementales et quel genre de leviers politiques nouveaux concrétisent ces nominations récentes à des postes qui ont été spécialement créés pour l’occasion ?

Asseoir son hégémonie par la crise : l’exemple de la psychiatrie

Le contexte socio-économique de ces nominations mérite notre attention. Depuis bientôt deux ans un nombre important d’équipes de soignants en psychiatrie ont lancé différents mouvements de lutte sociale demandant de mettre des moyens au service du sens de leur travail et des conditions d’accueil du public. Un mouvement en est né, le Printemps de la psychiatrie, rassemblant patients, familles, soignants pour un renouveau des soins psychiques à partir de pratiques qui donnent du sens au travail et une dignité à l’accueil[5]. Opposant à une psychiatrie normative, prescriptive et maltraitante car rendue à des impératifs de réduction budgétaires, une psychiatrie humaine, relationnelle et créative. Dans sa réponse, la ministre de la santé a surtout diagnostiqué un problème de méthodes d’organisation et de travail, reprenant ainsi mot pour mot l’analyse des représentants de la Fondation FondaMentale[6].

FondaMental développe et promeut une vision exclusivement biologisante de la maladie mentale et des soins inspirée strictement des paradigmes neurocomportementaux. Elle fonctionne selon le principe d’un partenariat public/privé inspiré du Think Tank l’Institut Montaigne qui œuvre à la diffusion d’une vision néolibérale de l’action publique et a pour partenaires pas moins de sept laboratoires pharmaceutiques, un groupe de cliniques privées, le site internet Doctissimo, l’agence de communication digitale Thinkovery, et pour mécènes Bouygues ou Dassault. Et c’est un chercheur responsable d’un centre expert Fondamental qui a été nommé Délégué ministériel à la psychiatrie. Quand la question du lobbying de FondaMental a été posée à une élue de la majorité, M. Wonner, rapporteure d’une mission flash sur le financement de la psychiatrie[7], sa réponse a été : « Je suis tout à fait pour FondaMental. Etes-vous contre la science ? »


Banderole dénonçant la Fondation FondaMental lors de la manifestation du 22 janvier


Les méthodes neurocomportementales, permettront selon FondaMental de sortir de l’état d’urgence, récupérant à leur compte la colère des acteurs de terrain en capitalisant dessus de façon honteuse[8]. Le désastre actuel de la psychiatrie ne s’explique alors pas tant par les politiques d’austérité et le management inapproprié à la nature du travail qui découlent d’orientations politiques et de choix de société. La psychanalyse peut éventuellement être parfois évoquée comme responsable du naufrage. Le paradoxe est d’un cynisme étonnant : les méthodes qui contribuent à vider le métier de son sens et contre lesquels la colère des équipes soignantes était dirigée lorsqu’elles transforment la science en protocole asservissants doivent venir répondre au malaise qu’elles ont contribué à alimenter. Nous retrouvons ici une logique qui n’a strictement rien à voir avec la science : profiter d’une crise, capitaliser médiatiquement dessus en récupérant un mouvement social pour finalement légitimer des réformes qui imposeront de façon hégémonique des pratiques qui ont justement produit la crise. Cette logique correspond exactement à celle d’une révolution conservatrice.

La transformation des sciences neurocomportementales en sciences de la réforme : l’exemple de l’éducation

Dans la même période, l’école connait une histoire semblable à celle de l’hôpital et les neurosciences y jouent le même rôle. La nomination de J. -M. Blanquer et la création du Conseil Scientifique de l’Education Nationale en 2018 dont la majorité des membres sont des neuroscientifiques marquent l’entrée dans l’éducation des neurosciences à une place d’autorité institutionnelle. La justification qui légitime cette place sera, à peu de choses près, la même qu’en psychiatrie : les inégalités à l’école qui trouvent leur racine dans des inégalités d’accès aux apprentissages ne résultent plus d’un problème de moyens mis à disposition qui renvoie lui-même à un ensemble de choix de société et politiques mais d’un problème de méthodes. Or, grâce à l’IRM (Imagerie par Résonnance Magnétique), nous savons comment fonctionne l’apprentissage quel que soit le contexte social. Il reste à contraindre les enseignants à se former à ces méthodes à l’efficacité scientifiquement prouvées. Ici encore, jamais ne sont pointées du doigt les politiques d’austérité qui ont été appliquées et vont continuer à l’être pour encore longtemps. C’est tout juste si les quelques politiques menées dans l’espoir de résoudre les inégalités sociales ne sont pas, au contraire, accusées de les avoir produites. Souvent, les sciences de l’éducation sont désignées comme responsables ici aussi du naufrage, et dans le sillage de la dénonciation de la psychanalyse, leur manque de scientificité est régulièrement mis en cause.

La méthode mise au point par les sciences neurocomportementales est, pour sa part, proposée par l’association, Agir Pour l’Ecole (APE), qui émane directement là encore de l’Institut Montaigne. L. Bigorgne, directeur de Montaigne en est le président, et J. -M. Blanquer en a été membre du comité directeur alors qu’il a réalisé son livre programmatique L’école de demain[9] avec la participation de l’Institut Montaigne. F. Annor qui est conseillère spéciale au cabinet de J. -M. Blanquer était également salariée à l'Institut Montaigne. Enfin APE est financée par AXA, Bettencourt et le groupe Dassault.

Concernant la méthode, connue sous le nom du dispositif PARLER, elle consiste à un exercice répété de la discrimination phonologique davantage qu’à l’apprentissage réel de la lecture, et de nombreux doutes sont émis sur son efficacité[10]. Au mieux l’évaluation de cette méthode prouve pour l’instant que cette méthode d’entrainement active produit des enfants entrainés activement. Elle est néanmoins étiquetée « Evidence-Based[11] », car « fondée sur des preuves » évaluées par des chercheurs (qui, remarquons-le, sont eux-mêmes membres de APE), et a été imposée de façon autoritaire à la rentrée 2018 dans plus d’une centaine de classes dans le département du Nord au titre d’« expérimentation innovante ». Cela permet maintenant de vendre le Programme PARLER aux enseignants en précisant que « l'efficacité des produits a été scientifiquement mesurée dans le cadre d'un cycle d'expérimentations unique en France, mené sur plus de 10 000 élèves[12] ».  Enfin, au nom de la scientificité prouvée de cette méthode et de l’objectivité de ces résultats, J. -M. Blanquer et APE souhaitent remettre en cause l’autonomie de choix pédagogique des enseignants dans ce qu’ils appellent ironiquement « un pacte de confiance[13] ».

Cet impressionnant tour de passe-passe entre privé et public qui permet à une association privée financée par d’importantes entreprises et rattachée à un think tank néolibéral de tester sa méthode dans les écoles publiques en l’absence de convention passée avec l’Education nationale est en réalité la suite directe de l’aventure Céline Alvarez[14]. Cette chercheuse en neurosciences avait produit une éphémère « révolution » dans l’éducation en réinventant les méthodes Montessori à l’aide des neurosciences. Elle avait été soutenue par J. -M. Blanquer, alors Directeur Général de l’Enseignement Scolaire et son dispositif financé par APE chargée déjà d’assurer l’évaluation d’une méthode qu’elle finançait avec le concours de S. Dehaene. Les résultats n’avaient finalement fait l’objet d’aucune validation sérieuse et le phénomène avait disparue aussi vite qu’il était apparu[15] au point que son nom n’est plus cité qu’une fois sur le site d’APE.

Si, du point de vue des pratiques, il ne reste pas grand-chose de cette « bombe pédagogique », cet épisode avait principalement servi à nourrir une critique forte de l’école publique face au secteur privé concurrentiel[16]. Le livre de C. Alvarez, comme son nom le suggère, s’adressait davantage aux parents qu’aux enseignants qui trouvaient souvent son discours déconnecté de la réalité. C’est justement sur les parents et par son intense médiatisation que « l’effet Alvarez » a été le plus important, en constituant dans l’opinion public les parents comme groupe d’influence demandant pour leurs enfants ce que le service public ne veut pas leur donner : les méthodes à l’efficacité scientifiquement prouvée et certifiée sur lesquelles la France est en retard de [X][17] années par rapport à [Y][18].


Les méthodes neurocomportementales prennent ici une fonction politique particulière : elles viennent légitimer une première introduction de logique privé concurrentielle dans le champ de l’éducation publique en la présentant comme une évidence scientifique. Cela revient à introduire une logique concurrentielle qui ne dit pas son nom dans un champ qui échappe habituellement à cette logique en s’appuyant sur la population constituée en groupe d’intérêt de sorte à finalement structurer ce champ à partir de cette logique concurrentielle. Cette restructuration à partir de choix du public aura automatiquement pour effet d’entraîner mécaniquement une privatisation du secteur à partir de réformes qui non seulement finiront par être réclamées mais qui seront, de plus, jugées progressistes.

Micropolitique comportementale

C’est un renforcement de ce que D. Madsen Pirie appelait dans la théorie des choix publics, la Micopolitique. Pour cet économiste anglais, fondateur du Think Tank Adam Smith Institute, qui a influencé les méthodes de M. Thatcher en matière de privatisation, la micropolitque a pour effet de produire « un ensemble de techniques, dont l'application a pour résultat de transformer les prestations politisées du "service public" en production marchande et privée. [19]» Pour cela, la micropolitique se proposait de trouver les leviers compensatoires à actionner pour que le citoyen offre en échange sa pleine adhésion à une réforme qui lui sera à terme défavorable.

 « L'offre d'un substitut privé à un "service public" est une stratégie micropolitique que l'on désigne sous le terme générique de "microdéveloppements". Ces stratégies permettent aux gens de modifier eux-mêmes la situation en prenant leurs propres décisions. L'équipe de recherche, par ses propositions, crée une situation où le public est amené à se rendre compte que la liberté du choix est une chose qui compte. Il découvre alors que son avantage est de choisir la solution privée et non le "service public". Ces choix, en s'accumulant, finissent par créer une réalité nouvelle. Les révolutions les plus sûres sont celles que les personnes font elles-mêmes au cours du temps ; celles qu'on appelle des "évolutions".[20] »

           En résumé, l’introduction des neurosciences dans l’éducation, en voulant imposer certaines pratiques, fait passer les réformes néolibérales des politiques publiques pour des conséquences logiques et objectives, offertes par la science qui oriente les choix de chaque citoyen éclairé par les experts nouvellement nommés de sorte à réaliser un état de concurrence naturalisé. Les sciences neurocomportementales rendent ici possible un renversement complet de la participation citoyenne à la délibération démocratique. Elles légitiment une proposition politique qui se veut « révolutionnaire » en mettant en avant des pratiques éducatives dont le principal intérêt revendiqué va être de protéger l’enfant des systèmes de régulation des inégalités de sorte à « libérer les énergies de son développement cognitif selon ses lois naturelles ». La privatisation qui était jusqu’à présent commandée par un simple réalisme dans la rhétorique néolibérale classique devient maintenant la conséquence naturelle des dernières découvertes scientifiques.

Le Délégué interministériel à la transformation publique ne dit pas autre chose quand il vante l’intérêt des sciences comportementales pour réformer l’action publique :

« La recherche permanente de la satisfaction des usagers est un impératif pour renouveler la relation de confiance entre l’Etat et ses citoyens. Face au sentiment d’une dégradation des services publics, l’administration doit agir vite et fort. »  […] « Être plus ingénieux et plus ouvert, proposer des solutions adaptées aux comportements réels et aider nos concitoyens à prendre une décision éclairée tout en préservant leur liberté de choix : c’est ce que nous enseignent les sciences comportementales en replaçant les attentes et les pratiques des usagers au cœur de la fabrique de la décision publique.[21] »

 C’est donc parce qu’elles permettent de déplacer un souci structural du champ social pour en faire un problème comportemental individuel qu’une méthode pourra résoudre que les sciences neurocomportementales tendent à s’imposer comme « nouvelles modalités d’intervention de l’État dans l’économie » [22]. De nombreuses propositions de l’actuel gouvernement de réformes des politiques publiques se retrouvent dans les rapports de l’Institut Montaigne dont le directeur, est un proche de l’actuel Président de la République. Un think tank comme l’Institut Montaigne, mais il y en a de nombreux autres à partir desquels nous pourrions faire le même type de remarque, a pour objectif d’influencer les décideurs des politiques publiques en diffusant des idées, « faire sauter les blocages archaïques », les « résistances au progressisme » et finalement réformer par les comportements. Constatant qu’il sera toujours plus efficace de rechercher une modification des comportements en agissant directement dessus que par un processus de délibération collective nous voyons des Thinks tanks progressivement évoluer et s’adjoindre les services de Nudge Units ou se modifier pour les intégrer au sein même de leurs instances et étendre ainsi leur influence sur les gouvernements, faisant des sciences neurocomportementales un levier politique d’un genre nouveau.


Ce que les sciences neurocomportementales doivent à la théorie néoclassique en économie

La question centrale va alors être de se demander pourquoi l’utilisation politique des sciences neurocomportementales se fait toujours suivant une même visée idéologique bien précise, visée d’autant plus difficilement critiquable qu’elle revêt des apparences d’objectivité naturaliste.

Un premier élément de réponse apparaît sitôt que l’on remarque comment la promotion des neurosciences comme théorie hégémonique représente un bénéfice, sous la forme d’un apport idéologique majeur pour la doctrine économique dominante. La théorie économique dite théorie néoclassique issue des théories de l’école de Chicago se fonde sur le postulat d’un agent économique pleinement rationnel que l’on désigne habituellement par le terme d’homo oeconomicus.

Dans cette perspective, l’économie comportementale qui intègre les travaux des sciences neurocomportementales, a d’abord représenté une contradiction au modèle idéal de la théorie néoclassique en soulignant in fine que l’agent économique sur lequel se fonde la théorie néoclassique effectue des choix irrationnels. Elle s’est d’abord attachée à décrire cette irrationalité comme le résultat de biais cognitifs puis a proposé des moyens de les corriger. Si,  R. Thaler s’est vu décerner en 2017 l’équivalent du prix Nobel d’économie pour sa théorie des Nudges[23] il faut y voir le signe que, loin de remettre en cause la théorie économique dominante, l’économie comportementale proposait justement de remédier à cette irrationalité en corrigeant ce qu’elle reconnaissait comme « biais comportementaux »[24]. Elle doit finalement son succès principalement aux possibilités qu’elle offre de sauver la théorie économique dominante en proposant des outils pour corriger l’irrationalité de l’agent économique réel et le faire se rapprocher de l’agent économique idéal du modèle néoclassique.

En clair : si le modèle économique dominant ne tient pas ses promesses, il faut y voir les effets des biais comportementaux de l’agent économique, non le résultat de défaillances du modèle idéologique et l’économie comportementale a le mérite d’offrir des outils pour « rationaliser » l’agent économique selon sa raison attendue. C’est le mouvement même du néolibéralisme qui cherche à homogénéiser l’ensemble des champs sociaux autour de la théorie néoclassique aux prix de distorsions de la réalité voir de son déni le plus massif.



Les images de son cerveau auront beau être des plus fascinantes, l’homme neuronal aura toujours pour horizon normatif indépassable l’homo oeconomicus. © Benjamin Royer

De là, découle que si en économie les sciences neurocomportementales ont servi d’argument d’autorité à la théorie économique dominante, elles ont en retour été sanctionnées d’un pouvoir symbolique fort. C’est une forme de bénéfice mutuel qui se dessine ici entre l’essor des sciences neurocomportementales d’une part et l’idéologie néolibérale d’autre part. Nous comprenons ainsi pourquoi dès qu’une discipline de science humaine, sous prétexte de pluridisciplinarité dans un projet de recherche, veut gagner en légitimité en intégrant une partie « neuro », elle finit toujours par être absorbée par les neurosciences, au point de devoir se plier à un cadre conceptuel qui lui est pourtant parfois incompatible et de voir son épistémologie singulière confisquée[25]. Pour la même raison, lorsque les sciences neurocomportementales sont appelées pour arbitrer entre des positions opposées et structurantes de la conflictualité interne propre à une discipline de sciences humaines, elles produisent toujours un arbitrage en faveur des thèses les plus conservatrices destituant ensuite, à l’échelle de l’ensemble de la société, la légitimité d’imaginaires sociaux alternatifs. L’énergie que mettent les sciences neurocomportementales à se développer de façon monopolistique au sein d’une discipline dans des rapports violents de conquête concurrentiels avec d’autres approches puise sa source dans la répétition de l’institutionnalisation d’un rapport de force qui est d’abord économique avant d’être épistémologique.

De façon générale, la guerre actuelle de légitimité scientifique qui sert depuis les années 90 à restructurer les rapports de domination à l’intérieur des sciences humaines critiques entre « sciences dures » et « sciences molles » est en réalité un déplacement des conflits internes à la discipline économique sur laquelle les autres sciences sont contraintes de s’aligner. Nous l’avons constaté dans le champ du soin à travers la façon dont elles ont fait leur place dans un rapport de force très agressif vis-à-vis de la psychanalyse (notamment autour de l’autisme), de la pédagogie avec des attaques très violentes contre la science de l’éducation et de la formation mais aussi de la sociologie où les neurosciences sont censées jouer scientifiquement en défaveur de de la sociologie critique de P. Bourdieu. En définitive, la guerre n’est pas celle des sciences du cerveau contre la psychanalyse mais de la théorie néoclassique de la science économique contre les possibilités d’alternatives que le néolibéralisme s’attache à confisquer dans nos imaginaires. C’est dans la constitution de tels contrats silencieux que le néolibéralisme se renforce, s’appuyant sur la manière par laquelle la théorie économique dominante peut venir coloniser des imaginaires qui pourraient lui être tout aussi bien opposés.

Pour expliquer l’accession à des positions de reconnaissances institutionnelles de représentants des sciences neurocomportementales, il n’est tout compte fait nul besoin d’invoquer la prétendue efficacité prouvée des sciences neurocomportementales, ni même leur scientificité. L’une et l’autre ne sont que des arguments autoréférentiels performatifs. Les neurosciences sont plus efficaces et plus scientifiques car elles ont concouru à définir ce qui est économiquement utile de décrire comme « la science » et comment doit se prouver « l’efficacité ». Il suffit pour s’en convaincre de constater le nombre surprenant de blogs de coachs en développements personnels qui se présentent comme « experts en neurosciences » (et/ou en « physique quantique » pour certains !) ou bien l’apparition récente dans une publicité pour cosmétiques de la mention « permet une amélioration de la confiance en soi prouvée par des chercheurs en neurosciences ».

 Altérer et instituer à partir des praxis et du droit

À partir de ces remarques, un champ d’analyse critique nouveau peut s’ouvrir qui consistera à faire une lecture du néolibéralisme et de ses formes actuelles à partir de ce que les neurosciences apportent en termes de nouvelles technologies d’ingénierie politique[26]. Il s’agirait de produire un récit en contrepoint du récit mythique bien souvent « anachronique et triomphaliste[27] » des neurosciences comme conquête neuronale de l’ouest. Ainsi serait mis en lumière ce que les sciences neurocomportementales doivent non pas à la psychologie mais aux sciences économiques et la manière dont elles se sont construites sur une hybridation entre les paradigmes biologiques aux déterminants naturalistes de la psychologie et le réductionnisme de l’économie dite mainstream. Ainsi comprendre comment l’institutionnalisation elle-même de la discipline s’est faite dans un mouvement d’incorporation de la science économique et replacer nombre de débats scientifiques actuels dans les jeux de forces qui les ont vu se cristalliser pour comprendre comment aujourd’hui les clivages dogmatiques présentés recouvrent en réalité d’autres formes de conflit qui sont des points de fragilité du néolibéralisme des crises précédentes. Ainsi ouvrir à de nouvelles stratégies.

 Le néolibéralisme produit une grande violence sociale et différentes disciplines seront à l’occasion utilisée pour rendre de moins en moins pensable une violence moins incarnée, centralisée. Il est alors nécessaire de réaffirmer que les pratiques de soins font le lien entre la théorie qu’une civilisation se donne de ce que sont la folie et la souffrance psychique d’une part et son degré d’hospitalité qui y fonde le lien social d’autre part. Si une société décrète que la folie est une dégénérescence, alors la pratique est celle de la stérilisation et des chambres à gaz et le lien social est le meurtre. Si une société décrète que la folie est un trouble neurodéveloppemental purement biologique, alors la pratique est un protocole sans parole, le soin passe par la contention et le lien social est perverti. C’est ainsi que la Ministre de la santé a affirmé à l’Assemblée Nationale qu’il ne pouvait y avoir d’usage abusif de la contention et de l’enfermement dans les hôpitaux français sous prétexte que ceux-ci font l’objet d’une démarche de certification[28]. Rappelons que les deux dernières Recommandations en urgences émises au sujet d’établissements de santé (Bourg-en-Bresse et Saint-Etienne) par la Contrôleure Générale des Lieux de Privation de Liberté[29] (procédure exceptionnelle pour dénoncer une violation grave des droits) concernaient des lieux parfaitement conformes à la démarche de certification.

Partant du constat que l’une des contradictions internes les plus fortes du néolibéralisme et source de son autoritarisme est qu’il rend opposable la liberté au respect des droits fondamentaux, faire de la lutte pour le respect des droits fondamentaux le terrain privilégié pour conflictualiser les oppositions sur les pratiques semble une piste particulièrement féconde. C’est celle de la lutte menée par le CRPA, Cercle de Réflexion et de Proposition d’Actions sur la psychiatrie, depuis de longues années pour la défense des droits fondamentaux de personnes psychiatrisées. Cette démarche constitue politiquement une avancée majeure tout à fait novatrice et féconde, dont il semble pourtant que nous tardons à prendre collectivement la pleine mesure. Historiquement, ainsi que le rappelle son président, A. Bitton, c’est par le biais de luttes contre les internements abusifs que les premières paroles de patients émergent pour rendre audibles la voix des psychiatrisés dans l’espace public au sein du Groupe Information Asiles[30]. Rappelons que cette lutte a été à l’origine de rien de moins que l’introduction d’un contrôle judiciaire des hospitalisations sous contraintes sans consentement comme mesures privatives de liberté au terme de saisies du conseil constitutionnel. Elle aura produit du droit.

Ensuite, le discours de casse du service public a récupéré à son compte une critique des institutions des années 70 favorisant un grand mouvement de désinstitutionalisation. Force est de constater que si les institutions en tant que lieux sont moins représentées, les effets de pouvoir sur les sujets n’en sont pas pour autant plus légers. Les institutions sont en réalité invisibilisées, remplacées par des plateformes, rendant plus difficile d’en faire des lieux de contre-pouvoir, de subversion. Le développement des sciences neurocomportementales favorisent ce mouvement d’invisibilisation des tensions internes propres au champ social. Dès lors, un point de départ de toute action est de faire réapparaitre des scènes publiques dans et par l’action pour y mettre en lumière les effets de domination et faire vivre des institutions comme opérateur collectif d’une altération des imaginaires dominants institués[31]. Enfin, les contestations sociales face aux réformes structurales doivent s’incarner dans des radicalités transformatrices qui s’affirment dans leur hétérogénéité et aux logiques de marché et aux tentatives de récupération. Ouverture fondatrice de pratiques collectives vivantes et émancipatrices dans laquelle le travail reste une expérience humaine collective de transformation du monde et de soi inscrite dans un contexte social historique auquel s’articule nos existences singulières[32]. Cela passera par l’institution de lieux à partir de la transformation du déjà-là et en suivant l’impératif d’étanchéité aux logiques de marché, constituer, par exemple, le service public comme ZAS (Zone à soigner) milieu-environnement qui nous soigne et dont nous devons prendre soin de sorte que s’y déploient la réinvention d’un service public sur lequel réinstituer de la démocratie.

[1] Sous le terme « neurosciences » sont actuellement mélangées abusivement dans le langage courant des disciplines qui répondent à des épistémologies pourtant différentes de la psychologie expérimentale : psychologies cognitives, comportementales ou neurosciences. Nous lui préférerons ici le terme de « sciences neurocomportementales ».

[2] S. Lemerle, Le biologisme comme griffe éditoriale. Sociologie de la production des éditions Odile Jacob 1986-2001, in Sociétés contemporaines, 2006/4 (no64), p. 21-40.

[3] La sociologue Eva Illouz propose le terme de marchandises émotionnelles, E. Cabanas et E. Illouz, Happycratie. Comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, trad. F. Joly, Paris, Premier Parallèle, 2018.

[4] « Les neurosciences sont ainsi apparues comme produit d’appel au sein des nombreuses collections scientifiques alors lancées par des éditeurs généralistes pour des raisons relevant à la fois de l’opportunisme commercial et de la motivation idéologique », S. Lemerle, Une nouvelle « lisibilité du monde » : Les usages des neurosciences par les intermédiaires culturels en France (1970-2000), Revue d'Histoire des Sciences Humaines, 2011/2 (n° 25), p.50.

[5] https://printempsdelapsychiatrie.org/

[6] M. Leboyer, J.M. Llorca, Psychiatrie : l’état d’urgence, Paris, Fayard, 2018.

[7] Rapport d'information déposé en application de l'article 145 du règlement, par la commission des affaires sociales, en conclusion des travaux d'une mission d'information relative à l'organisation de la santé mentale, n° 2249, déposé(e) le vendredi 20 septembre 2019, consultable sur : http://www.assemblee-nationale.fr/15/rap-info/i2249.asp. Pour une analyse du rapport, nous renvoyons aux remarques de M. Bellahsen : https://commedesfous.com/mathieu-a-lu-le-rapport-wonner-fiat-septembre-2019-sur-la-psychiatrie/

[8] Des patients et des soignants « furieux » de la couverture médiatique de leur journée d’action, tribune sur Bastamag.

[9] J. -M. Blanquer, l’Ecole de demain, Odile Jacob, Paris, 2017.

[10] Voir l’analyse qu’en propose P. Devin, inspecteur de l’Education Nationale, P. Devin, Science et pédagogie : déformations et impostures (2) "Agir pour l'école" et PARLER sur le site Mediapart.

[11] La mention est répétée plusieurs fois sur le site de l’association.

[12] https://www.programme-parler.com/

[13] Une école réformée par les RH, http://www.agirpourlecole.org/tag/pacte-de-confiance/

[14] C. Alvarez, Les lois naturelles de l’enfant. La révolution de l’éducation à l’école et pour les parents, Paris, Les Arènes, 2016.

[15] Voir l’enquête de L. De Cock, Céline Alvarez, le business pédagogique, Revue du Crieur, n°6, février 2017, p. 102. Disponible sur Mediapart.

[16] Voir l’excellent dossier de A. Chevarin et G. Chambat, De Montessori aux neurosciences, offensives contre l’école du commun, N’Autre école, numéro spécial Hiver 2018-2019, Paris, Editions Libertalia, 2018.

[17] Mettre ici un chiffre entre 5 et 15 selon l’heure à laquelle vous faites votre conférence.

[18] Mettre ici le nom d’un pays. De préférence un pays scandinave.

[19] D. Madsen Pirie, La micropolitique, comment faire une politique qui gagne, trad. F. Guillaumat, Les Belles lettres, Coll. « Laissez-faire », 1988, p. 365.

[20] D. Madsen Pirie, Micropolitique p. 285. Voir l’analyse que G. Chamayou en propose dans son ouvrage remarquable, La société ingouvernable. Une généalogie du libertarisme autoritaire, Paris, La Fabrique, 2018, pp. 248-261. Il conclut : « La micropolitique néolibérale vise à produire des effets sur la conscience et sur l’action. Altérer radicalement les capacités de penser et les manières d’agir, ceci à un niveau anthropologique. Telle est la radicalité de ce à quoi nous sommes confrontés. » Ibid., p. 261.

[21] T. Cazenave, Sciences comportementales et politiques publiques, inciter plutôt que contraindre, sur le site https://www.modernisation.gouv.fr/sinspirer-pour-transformer

[22] N. Vallois, Neurosciences et politiques publiques : vers un nouvel interventionnisme économique ?, in Revue de philosophie économique, vol. vol. 15, no. 2, 2014, pp. 131-175.

[23] Les nudges ou « coup de pouce à la décision », consistent en une modification des possibilités de choix, de sorte que la personne adopte le comportement attendu d’elle.

[24] Voir sur ce point H.Bergeron, P. Castel, S. Dubuisson-Quellier, J. Lazarus, É. Nouguez, O. Pilmis, Le biais comportementaliste, Paris, Presses de Science Po, 2018. Voir aussi le site internet en complément du livre, https://lebiaiscomportementaliste.com/blog/

[25] Il me semble pertinent de parler ici d’impérialisme neurocomportemental comme on a pu parler d’impérialisme économique.

[26] P. Dardot et C. Laval proposent ici le terme de neuropolitique, in M. Blay et C. Laval, Neuropédagogie. Le cerveau au centre de l’école, Paris, Tschann & Cie, Paris 2019, p.13-14.

[27] J. M. Abi-Rached et N. Rose, Historiciser les neurosciences, in B. Chamak et B. Moutaud (dir.) Neurosciences et société : enjeux et pratiques des savoirs sur le cerveau, Paris, Armand Collin, 2014, p. 51.

[28] F. Ruffin, Un député à l’hôpital psychiatrique, Fakir Editions, Amiens, 2017, p. 105.

[29] Recommandations en urgence relatives au centre psychothérapique de l’Ain (Bourg-en-Bresse), et au centre hospitalier universitaire de Saint-Etienne (Loire), consultables sur le site internet du C.G.P.L., http://www.cglpl.fr/

[30] « Quand on examine attentivement l’histoire du développement des associations d’usagers en psychiatrie en France, on ne peut que constater que la prise de parole autonome et volontaire de personnes psychiatrisées, se fait historiquement tout d’abord par le biais de la lutte contre l’internement psychiatrique abusif », A. Bitton, Intervention lors d’un colloque du Collectif Contrast. Retour sur un parcours militant, http://psychiatrie.crpa.asso.fr/665.

[31] Pour un exemple de la façon dont une pratique institue d’autres imaginaires, par exemple à l’université à partir de la rencontre entre un  groupe de patients et d’étudiants, voir B. Royer, Des praxis instituantes comme enjeu d’une réinvention démocratique, Connexions, vol. 111, no. 1, 2019, pp. 37-48.

[32] Les réunions régulières du TRUC, Terrain de Rassemblement pour l’Utilité des Clubs, en sont un merveilleux exemple. http://pagedutruc.unblog.fr/


 Sources :
https://blogs.mediapart.fr/royer-benjamin/blog/011119/les-sciences-neurocomportementales-nouvelle-avancee-du-neoliberalisme?fbclid=IwAR05YuKsVAT02IIKiyl6khT4PbngxBf4r4FaxnjRhnvOqTqOFYMM7SB3RJg


mercredi 2 octobre 2019

La construction de l'identité professionnelle de l'art thérapeute

La construction de l'identité professionnelle de l'art thérapeute par
Dominique Sens
Dans Le Journal des psychologues 2007/4 (n° 247), pages 58 à 61


Si l’intitulé art thérapeute est explicite, l’on s’interrogera plus spontanément sur la situation psychothérapique de l’art thérapeute vis-à-vis des autres disciplines existantes. En effet, il existe une diversité de définitions de l’art thérapie qui renvoient à différents modèles théoriques (psychanalytique, systémique, cognitivo-comportemental, etc.). En ce sens, l’évidence du devenir du métier d’art thérapeute est mise à l’épreuve.

L’art thérapie est actuellement en pleine extension. Elle fait l’objet d’une visibilité institutionnelle par son utilisation de plus en plus courante dans les secteurs psychiatrique, médico-éducatif, du handicap mental, de la gériatrie et par sa diffusion tant sur le plan de la formation universitaire (du, master) qu’extra-universitaire (diplômes privés, certificats de formation). Phénomène de moins en moins marginal, l’art thérapie se déploie également en tant que pratique psychothérapique en cabinet libéral. Ainsi, l’idée d’un traitement psychothérapique par l’art thérapie fait son chemin actuellement, mais il n’existe pas encore un véritable statut comme en Angleterre, encadré par une formation de niveau « master », l’obligation d’être enregistré régulièrement auprès d’un organisme officiel pour pouvoir exercer et la nécessité d’un contrôle (supervision) pour le clinicien, surtout si celui-ci reçoit des enfants.

Par ailleurs, la question de la psychothérapie soulève un débat important et pose l’interrogation – comme pour toutes les psychothérapies – de la qualification et de la formation du praticien. Les questions sont nombreuses et sujettes à polémiques. Par exemple, y a-t-il une pertinence à distinguer art thérapie/psychothérapie à médiation artistique ? Une telle distinction correspond-elle à des pratiques différentes et ordonne-t-elle une certaine position psychothérapique ou bien relève-t-elle d’une séparation arbitraire liée à des enjeux autres que cliniques ? Peut-on parler de dispositif d’art thérapie analytique et à quelle condition ? Et, dans ce cas, faut-il être psychanalyste ? Un psychologue clinicien formé à l’art thérapie et bénéficiant d’un contrôle par un analyste peut-il s’autoriser à : « inventer d’autres dispositifs praticiens compatibles avec la théorie psychanalytique » ? (Vacheret C., Duez B., 2004, p. 194.)

4Je me propose d’aborder la problématique de l’identité professionnelle de l’art thérapeute en termes de construction, c’est-à-dire en considérant qu’il s’agit là d’un processus où l’individu construit son identité dans la similitude et la différence à autrui, dans une appartenance à un groupe et en lien avec une pratique sociale. L’art thérapeute est donc pris entre une recherche de stabilité au travers de repères qui sont autant d’éléments partageables, fondateurs de son identité professionnelle, et la nécessaire singularité d’une pratique qui en fait un sujet autonome.

La construction de l’identité de l’art thérapeute est une question complexe qui va s’articuler autour de différents niveaux de compréhension. Un niveau individuel, relatif au désir d’être du sujet et du projet personnel qui le porte. Un niveau groupal qui renvoie à la question de l’affiliation à un groupe d’appartenance revendiquant une certaine place dans le champ de la pratique de l’art thérapie. Enfin, un troisième niveau, sociétal, pourrait-on dire, en référence à la position qu’occupe cette pratique de l’art thérapie, produit d’une histoire et pratique sociale évolutive, elle-même tributaire de représentations sociales structurées par des normes, des règles, une idéologie véhiculée par la société libérale postindustrielle.

Le niveau individuel

Un premier niveau, individuel, concerne donc l’engagement du sujet à devenir art thérapeute, porté par son désir et son projet. Comment devient-on art thérapeute ? Question qui renvoie aux idéaux, aux aspirations et aux compétences qui vont soutenir chacun à s’engager dans cette voie. Elle interroge ce qui fonde l’idéal du moi professionnel de l’art thérapeute, dans cette tension entre un « narcissisme professionnel » qui s’éprouve dans l’image de soi-même en artiste et thérapeute, en thérapeute-artiste, en thérapeute et artiste, et l’identification à des idéaux collectifs relatifs à la santé, la maladie, le développement de soi, la créativité, l’art. Elle ouvre, évidemment, à la question individuelle du désir d’être, du manque à être et à la part d’imaginaire qui nourrit l’engagement dans cette voie.

L’intime du désir, sa complexité, son éventuelle opacité, participent à la fondation du projet. Celui-ci est lié à l’évolution personnelle et professionnelle de la personne, au sens qu’il souhaite donner à sa vie personnelle et professionnelle. Ce projet débouchera-t-il sur un métier, dans un contexte social de précarisation des statuts ? Il y a quelque chose de troublant, dans l’engouement pour la pratique de l’art thérapie nouant l’artistique et le psychothérapique dans un moment où le statut de l’artiste (l’intermittent du spectacle) et celui du psychothérapeute sont fortement questionnés.

Le niveau groupal

S’engager dans l’activité d’art thérapie relève donc d’un désir et d’un projet personnel qui inscrit l’art thérapeute dans un lien d’affiliation aux organismes qui prétendent à la formation à ce métier et à un collectif plus ou moins organisé de professionnels (un regroupement associatif d’art thérapeutes, une fédération, etc.).

En France, une personne désireuse de se former à l’art thérapie peut s’adresser à plus d’une soixantaine de centres de formation qui propose une qualification d’art thérapeute, répertoriant des médiations artistiques telles que la peinture, la sculpture, le modelage, la musique, l’écriture, le théâtre, le cirque, la danse, les marionnettes, les masques et bien d’autres arts. Il n’est pas toujours facile de se repérer dans cette offre entre différentes formations.

De ce choix d’orientation découlera, pour l’art thérapeute en formation, un sentiment d’appartenance à un collectif organisé autour de valeurs et d’un référentiel théorique spécifique. Ayant choisi un lieu de formation, l’art thérapeute va faire siens les modèles théoriques et les pratiques qui lui sont proposés. Dès lors, il s’engage dans un effort d’appropriation, puis – il faut le lui souhaiter –, ultérieurement, va s’en distancier aussi, dans un acte d’assimilation différenciateur pour accéder à sa propre vérité sur sa pratique.

Il s’agit là d’un processus d’assimilation/différenciation dans le cadre d’un enseignement transmis par une instance instituante, externe au sujet, et qui revendique une certaine autorité en la matière. La question, bien évidemment, portera alors sur la légitimité de cette autorité instituante. C’est une importante difficulté dans le cheminement identitaire de l’art thérapeute qui l’oblige à s’interroger sur les modèles et les conceptions qui lui sont soumis.

Or, une pluralité de définitions de l’art thérapie existe en référence aux différents modèles théoriques (psychanalytique, systémique, cognitivo-comportemental, rogérien, etc.). Pour autant, il me semble que la ligne de partage entre ces diverses conceptions correspond, grosso modo, à deux visions distinctes de l’activité artistique sur laquelle s’appuie le praticien.

La première approche considère que toute création artistique est thérapeutique, car porteuse de changements et de transformations. C’est un espace de création personnelle qui est proposé au patient, l’art thérapeute assurant une fonction de maintenance et de protection afin que l’individu puisse s’exprimer librement. Au fond, par son désir de changement, le sujet souffrant se guérit par l’acte même de la création. Ainsi, l’art recèle sui generis une possibilité de transformation vers un mieux-être. Les artistes formés à l’art thérapie me paraissent très sensibles à cette approche insistant sur l’acte artistique et la production d’une œuvre. Il existerait une sorte d’analogie ou d’homothétie entre les défis de base de la création artistique et les défis de base de la vie (Franklin M., 1992). Par l’art, une métamorphose de soi est obtenue. Une telle vision téléologique de l’art me paraît très idéaliste et contredite dans les faits. Jamais l’art n’a soigné personne, mais au mieux soulagé temporairement une souffrance.

Une deuxième conception repose sur l’idée que ce n’est pas l’art en soi, mais l’activité relationnelle mettant en jeu un patient, un thérapeute et un objet ou une matière à travailler, qui est porteuse d’amélioration psychique pour le patient. Comme l’écrivait Colette Duflot (2003) avec humour : « Quand l’art est là, la psychothérapie s’en va. » L’insistance sur l’aspect psychothérapique par le biais de la verbalisation, mettant au second plan la médiation – considérée comme moyen plutôt que finalité – a porté certains auteurs à préférer le terme de « psychothérapies médiatisées » à celui d’« art thérapie » (Granier, Auby, Gentil et Pezous, 1992). Certains professionnels utilisant des médiations artistiques récusent le terme même d’« art thérapeute ». « Maïeute-psychanalyste » est-elle vraiment une appellation plus convaincante ?

Peut-être cette conception de l’art thérapie est-elle plus familière pour les personnes qui, dans l’exercice de leur activité de psychothérapeute ou d’analyste, introduisent une activité artistique comme un moyen d’engager un soin pour des patients réputés « difficiles » (états-limites, psychotiques, sujets gravement carencés ou traumatisés, handicapés mentaux, etc.), là où la seule médiation par la parole en situation d’intersubjectivité s’avère trop précaire. Cependant, l’infléchissement d’une telle position est de mettre de côté l’importance de la matérialité du médium et la spécificité des processus psychiques de création. L’activité de création se réduirait à n’être qu’un support à un travail de verbalisation dans le cadre d’une relation thérapeutique.

Les modèles courants en art thérapie

C’est au cours de leur formation que les arts thérapeutes font l’acquisition de différents modèles et c’est à eux qu’ils ont recours explicitement ou implicitement dans leur activité. En se calquant sur les distinctions habituelles des psychothérapies (Frisch S., 2002), on peut considérer qu’il existe quatre modèles – applicables en situation groupale ou individuelle – auxquels se réfèrent les art thérapeutes :

Le modèle cathartique : le patient est poussé à s’exprimer par une technique artistique afin d’expulser, se débarrasser de sa souffrance (« s’exprimer soulage, ça fait du bien »). Le thérapeute sollicite le désir, stimule le besoin d’expression, favorise l’acte de communication. Il prend acte de cette souffrance, l’accueille mais n’engage pas forcément le patient vers une voie d’élaboration des conflits sous-jacents. Dans l’atelier, il favorise la décharge émotionnelle qui va purger le patient de son angoisse.

Le modèle réparateur : le thérapeute pense aider le patient en lui apportant son soutien, sa compréhension, afin d’effacer le préjudice qu’a subi le patient ou pour combler un manque interne. Il s’implique dans la relation soignant/soigné en instaurant un climat de confiance et de convivialité. Dans l’atelier, il va chercher à restaurer le narcissisme défaillant du sujet, augmenter l’estime de soi du patient en introduisant des gratifications narcissiques.

Le modèle éducatif : le thérapeute est dans une position de guide. Il indique au patient les procédures à effectuer, les chemins à prendre, la direction à suivre. Il assure une fonction de conseil dans le dessein d’aider le patient à effectuer des choix plus pertinents. Il a un rôle d’éducateur ou de ré-éducateur. Il vise à favoriser une meilleure adaptation du patient et propose des modèles à appliquer. Dans l’atelier, il va prendre une position de figure parentale qui transmet un savoir-faire, une connaissance pour permettre de développer les potentialités créatrices du patient qui seraient transférables à l’extérieur de l’atelier ayant servi de lieu de ressources.

Le modèle analytique : Il repose sur l’idée que, dans la séance, ce qui sera privilégié, c’est le processus et non le résultat. C’est, de mon point de vue, le modèle le plus pertinent, mais le plus complexe à mettre en œuvre. En effet, la prise en compte de la théorie psychanalytique veut qu’on s’interroge sur la méthode psychothérapeutique analytique adoptée en art thérapie. En situation individuelle ou groupale, l’offre d’une médiation artistique est-elle une variance, une alternative ou un détournement du dispositif princeps de la cure-type ? (Vacheret C., Duez B., op. cit.) On conçoit combien il importe de clarifier un certain nombre de points à propos de la clinique médiatisée : l’indication de thérapie individuelle ou groupale, les règles qui structurent la séance, la question de l’interprétation, le rôle de l’objet de médiation dans le cadre de la relation transférentielle et contre-transférentielle, la dynamique et le processus thérapeutique à l’œuvre en lien avec les notions de sublimation, de création et la place accordée à la verbalisation dans le processus thérapeutique.
Par ailleurs, l’intérêt de ce modèle est qu’il peut être rattaché à une perspective historique et s’étayer sur un corpus théorique cohérent. En effet, la clinique médiatisée trouve son origine dans la psychanalyse d’enfant avec Anna Freud, Mélanie Klein, Sophie Morgenstern, D. W. Winnicott, Marion Milner, Gisela Pankow (Brun A., 2006). Il existe donc une « tradition » construite progressivement à partir de l’introduction du dessin en thérapie d’enfant vers une théorie de la transitionnalité et l’usage d’un médium « malléable » (MIilner M., 1976 ; Roussillon R., 1991) ayant fonction de matière à symbolisation (Chouvier B., 1998). Il existe un corpus de concepts opératoires fondés sur la clinique, applicables à ce qu’il conviendrait d’appeler l’art thérapie analytique.

L’attachement à un modèle ou sa prévalence sur d’autres renvoie au propre système de valeurs de l’art thérapeute, à ses convictions quant à l’efficacité de telle méthode, au tri qu’il a lui-même effectué lors de sa formation, à son histoire personnelle, au public accueilli, à l’institution dans laquelle il intervient et, bien sûr, à la position professionnelle qu’il occupe, selon qu’il est psychiatre, psychologue clinicien(ienne), psychomotricien(ienne), infirmier(e), éducateur(-trice) spécialisé(e), etc. En réalité, si chaque art thérapeute va privilégier un modèle, il s’autorise souvent à combiner ces modèles selon les circonstances déterminées par le cadre de son action. Ce qui n’est pas sans risque de confusion et peut menacer un dispositif de soin en raison de la précarité du dispositif théorico-clinique.

En outre, le constat actuel, en ce qui concerne la pratique institutionnelle, comme le précisent Lorenzetti & Russo (2003), c’est plutôt l’extrême parcellisation dans le domaine des groupes thérapeutiques à médiation artistique. Ces deux auteurs soulignent, à propos des ateliers d’art thérapie, que l’intervention est souvent au service de l’instrument et non l’inverse. Ainsi, l’instrument est considéré comme le dispositif thérapeutique. Ce qui, bien sûr, conduit parfois à une profusion de termes associant l’instrument ou le support avec le mot « thérapie ». Exemple : hippothérapie, la théâtrothérapie, olfactothérapie, la floro-thérapie, culino-thérapie, etc. C’est, je crois, le résultat d’un gauchissement de la notion de thérapie institutionnelle, celle-ci étant à l’origine fondée sur l’idée que chacun, en raison de sa fonction et selon sa place, participait à la thérapie dans l’institution soignante. Dans les groupes d’art thérapie, la production du groupe est souvent mise en avant au détriment des processus de groupe, par méconnaissance de la spécificité du fonctionnement psychique des groupes à médiation.

Là encore, il se peut que les modèles de type cathartique, réparateur, éducatif ou analytique, traversent l’institution de façon implicite ou explicite et mettent à l’épreuve l’identité de l’art thérapeute. Quel est le degré de liberté de celui-ci dans l’exercice de son activité ? Quels sont les rôles choisis ou prescrits auxquels l’art thérapeute doit répondre au sein des institutions ? En effet, il peut être perçu comme un chaman, un soigneur, un thérapeute, un animateur, un artiste… et, parfois, tout ça à la fois !

Un troisième niveau, sociétal

J’ai mentionné, plus haut, ce qu’il y a de surprenant dans l’intérêt actuel pour la pratique de l’art thérapie. On peut supposer que nous sommes dans un moment où l’art thérapie, comme pratique sociale nouvelle, tente de s’institutionnaliser. Il y a également une curiosité grandissante du public à propos de l’art à l’hôpital, des ateliers thérapeutiques, de l’art asilaire, etc. En témoignent les nombreuses expositions, catalogues, articles de journaux. Enfin, l’art, en tant que moyen d’expression de la singularité de la personne, se propose, au travers des stages dits de « développement personnel », des ateliers socio-thérapeutiques, à favoriser la confiance en soi, restaurer l’estime de soi, « narcissiser » le sujet.

D'où l’interrogation suivante : En quoi l’art thérapie, dans sa pratique comme dans les représentations qui s’y rapportent, peut-elle être sous l’influence de normes édictées socialement ? Autrement dit, la question subjective de la construction de l’identité de l’art thérapeute relève également d’une dimension collective en référence à des représentations sociales ancrées dans des pratiques et des institutions traversées par les conceptions actuelles de la culture, de l’art et de la santé mentale.

Comme l’a montré le sociologue A. Ehrenberg (ibid.), l’initiative personnelle représente aujourd’hui le modèle du comportement adapté et le nouveau mode de pouvoir. La personne n’est plus agie par un ordre extérieur, selon des règles d’autorité aujourd’hui considérées comme obsolètes, mais doit agir sur un ordre personnel. De façon de plus en plus insistante, la norme sociale exige de l’individu contemporain autonomie et initiative personnelle. L’individu est sommé d’être l’entrepreneur de sa vie. L’idéologie de la performance etde la réussite nécessite pour chacun d’être l’auteur de sa vie, nécessairement responsable, souple, actif et créatif. L’injonction de réussite en tant que modèle normatif qui implique l’initiative et la prise de risque individuelle s’est substituée à la norme traditionnelle du respect de l’autorité et des interdits. L’individu se conçoit comme un potentiel à exploiter. Fatigue, inhibition, insomnie, anxiété, aboulie, dépression, hyperactivité, addiction…autant de symptômes qui traduisent, selon Ehrenberg, le déficit du sujet à répondre aux exigences sociales de l’individualisme de masse. Les dépressions et les pathologies narcissiques auxquelles les cliniciens sont très largement confrontés témoigneraient de ce qu’Ehrenberg appelle « un sentiment d’insuffisance » (Ehrenberg A., op. cit.). La montée de l’individualisme a pour corollaire l’incertitude de la réussite et la fragilité identitaire. On attend du médicament qu’il rebooste le patient et de la psychothérapie qu’elle pallie l’insécurité identitaire.

Dès lors, on peut s’interroger sur ce qui se diffuse de la norme au travers de l’art thérapie dans et hors du contexte de l’institution soignante. D’un côté, l’usage des antidépresseurs, anxiolytiques et autres médicaments agissant sur l’humeur du sujet, de l’autre la mise en place d’ateliers de groupe ou de psychothérapies individuelles favorisant les capacités d’initiative et de créativité du patient. L’atelier d’art thérapie serait-il l’inverse symétrique et complémentaire des techniques chimiothérapiques qui visent, elles, à intervenir au niveau biologique sur l’humeur du sujet ? L’activité artistique serait-elle une sorte de stimulant de la personne confrontée à son propre vide et sa « fatigue d’être soi » (Ehrenberg A., op. cit.), dans le cadre d’une médecine visant à réhabiliter le sujet aux normes de réussite et de créativité ?

On s’interrogera donc sur une pratique thérapeutique qui peut être comprise comme une « médecine » douce, axée sur la question de la créativité, dans le cadre d’une psychopathologie de la vie quotidienne qui a érigé la triade dépression/anxiété/addiction en une pathologie de l’individualité. Comme le souligne Alain Ehrenberg (1999) : « Les médicaments ne sont qu’un aspect d’un développement généralisé de technologies identitaires, d’industries de l’estime de soi, de marchés de l’équilibre intérieur tout à fait hétéroclites (des renouveaux religieux aux nouvelles molécules en passant par l’hypnose ou le cri primal). Ils sont promis à un bel avenir. » Est-ce aussi celui de l’art thérapie ? ?

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/12/2010
https://doi.org/10.3917/jdp.247.0058

samedi 13 juillet 2019

Ecole Occitane d’Art-thérapie de Béziers


Benvengut !



Jean-Louis Aguilar-Anton / Responsable pédagogique 

L’Association de Recherche en Art et Thérapie (ARAT) associée à JLAA / Art-thérapies / Formation a le plaisir de vous annoncer la création de l’Ecole Occitane d’Art-thérapie (EOAT).

C’est à partir du constat suivant que nous avons décidé d’entrer en action, il s’agit du clivage récurant et stérile entre les artistes et les cliniciens à propos de l’art-thérapie. Mésententes, brouilles qui n’est pas sans rappeler la querelle des Anciens et des Modernes (La querelle des Anciens et des Modernes, également appelée querelle des Classiques et des Modernes, est un débat d'idées intense qui a agité le monde littéraire et artistique à la fin du XVIIe siècle.)

Clivage que nous retrouvons entre l’Art Brut et l’art psychopathologique, c’est-à-dire entre les artistes et les cliniciens (voir Jean Dubuffet et l’Art Brut 1945 VS L’art psychopathologique du Dr Robert Volmat 1955).

En effet, il y a deux portes d’entrée dans cette discipline, une entrée du côté de l’art et une entrée du côté de la thérapie mais il y a une condition sinequanone :  l’art est toujours au service du soin !

L’art-thérapie rencontre aujourd’hui une fracture dure concernant cette discipline qui fait partie des sciences molles (les sciences humaines).
Art-thérapie confusionante avec l’apport du développement personnel, du coaching, du bien-être et la spiritualité, etc… A partir de cette confusion , une multitude de formation en art-thérapie ont vu le jour en France ces dernières années.
Ce qui nous donne un tableau clinique de l’art-thérapie française sur le mode du morcellement, de la dissociation, de l’illusion d’un métier, d’une profession éternellement en devenir !

L’Ecole Occitane d’Art-Thérapie propose des formations sur mesure pour les artistes et les thérapeutes. Nous proposons l’unité possible entre art et thérapie, nous sommes le trait d’union !
Des art-thérapies pour soigner les malades, pas les clients !!!

Des art-thérapies pour soigner les malades sur le plan psychique, somatique et psychosomatique, c’est ce qui fait la différence et la singularité de notre approche !

Adessias !


PENSER L'ART-THÉRAPIE AUTREMENT ?


Le concept générique d'art-thérapie regroupe (selon moi) les disciplines des arts-plastiques, de la musique, de la danse, du théâtre, des arts de la scène...

Intégrer dans notre réflexion sur l'art-thérapie une ouverture aux médiations thérapeutiques, artistiques, culturelles et corporelles;

Intégrer dans notre réflexion sur l'art-thérapie un éclairage avec les 5 familles de la psychothérapie à savoir la psychanalyse, les thérapies cognitivo-comportementales, les thérapies systémiques, les thérapies humanistes et les thérapies à médiations corporelles.

Intégrer dans notre réflexion une approche intégrative avec une ouverture en direction de :
La psychanalyse (Freud, Jung, Reich, Lacan, Mélanie Klein, Marion Milner, Winnicott,etc…)
La psychologie, les psychothérapies humanistes, les TCC
La psychopathologie et la clinique
La psychiatrie, la pédiatrie, la gériatrie...
La psychopathologie de l'Expression.
L’anthropologie, l'ethnopsychiatrie, la philosophie, la phénoménologie...
La spiritualité laïque, les médiations corporelles (relaxation, sophrologie, méditation), etc...
La liste n'est pas exhaustive, vous avez surement des disciplines à rajouter ?

Mon Art-Thérapie est une Art-Thérapie humaniste centrée sur le sujet, utilisant des médiateurs thérapeutiques, artistiques, culturels et corporels, avec pour finalité toujours le soin psychique, que ce soit chez le sujet pendant la phase dépressive ou chez le patient psychotique.
Ce qui est important à mes yeux, c’est de donner un sens, une dynamique de vie, relancer l’élan vital et tout simplement de redonner le goût de vivre au sujet en souffrance
Avec le souci pour l’art-thérapeute, d’être en équilibre sur le trait d’union qui sépare ou qui unit Art et Thérapie.

Encore un mot, pour finir, une citation de François Tosquelles, psychiatre et psychanalyste, fondateur de la psychothérapie institutionnelle à St-Alban:
« Chacun ne peut suivre la rencontre avec soi-même qu’à son propre rythme, à condition de n’être assujetti à aucun dogme. »

Contacts : Jean-Louis Aguilar-Anton / Responsable pédagogique 
jlaa.artiste@gmail.com


mardi 9 juillet 2019

Supervision en art-thérapie


JLAA / Art-thérapies / Formation vous propose

         Une formation réservée aux intervenants en art-thérapie

Pensez l’art-thérapie autrement !


 « Supervision en art-thérapie»

Dates :14 et 15 décembre 2019
Samedi 
9h30 Accueil café

·        L’invention des ateliers : « La stratégie du détour»
- le gribouillis
- le dessin à l’aveugle
- la carte postale
- de la figuration à l’abstraction
- le mandala…
·        Débriefing

12h30 à 13h30 Pause-repas (repas tiré du sac)

13h30-17h30

·        Il sera demandé aux stagiaires de présenter un cas clinique et de le commenter.
·        Débriefing

Dimanche
9h30 Accueil café

·        Il sera demandé aux stagiaires de mettre en place et d’animer un atelier de leur choix dans le cadre d’une médiation thérapeutique ou artistique ou culturelle ou corporelle.
·        Débriefing

12h30-13h30  Pause repas (repas tiré du sac)

13h30-17h30

·        Il sera demandé aux stagiaires de mettre en place et d’animer un atelier de leur choix dans le cadre d’une médiation thérapeutique ou artistique ou culturelle ou corporelle.
·        Débriefing

Bilan du stage

Formateur : Jean-Louis Aguilar

·        art-thérapeute spécialisé en médiations thérapeutiques, artistiques, culturelles et corporelles 

·        DU « Psychiatrie, Psychothérapies médiatisées et Créativité » Faculté de Médecine Paul Sabatier de Toulouse

·        Certificat de Praticien en Art-thérapie / INFIPP de Lyon

·        Certificat de Praticien en médiation corporelle et relaxation
CRESMEP (Centre de psychosomatique relationnelle de Montpellier)

·        DU de « Médecine, Méditation et Neurosciences » Faculté de Médecine de Strasbourg

·        Enseignant-vacataire au CHU Purpan de Toulouse
DU « Psychiatrie, Psychothérapies médiatisées et Art-thérapie » dirigé par le Dr François Granier

·        Enseignant-vacataire Université Jean Jaurès de Toulouse
DU « Art-thérapies » dirigé par le Pr. Jean-Luc Sudres
Membre de l’équipe pédagogique du DU Art-thérapies du Pr Sudres

·        Chargé de cours et chercheur en Art-thérapie au CEPPA
Centre Européen de Psychologie clinique et de Psychanalyse
dirigé par le Dr Fred Fliege à Frontignan

·        Enseignant-vacataire à Université de Gérone (Espagne)
Master d’Arteterapia dirigé par Miguel Izuel / Psychanalyste et art-thérapeute

·        Président de l’Association de Recherche en Art et Thérapie (ARAT)

·        Directeur de Recherche Associative au CSRA
(Comité Scientifique de Recherche en Art-thérapie de l’ARAT)

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Horaires de la formation de 9h30 à 17h30 soit 14heures

Lieu : Béziers

JLAA / Art-thérapies / Formation
Port. 0683595110

Tarifs :
400€ Formation continue (employeur)
220€ individuel (salarié)
Ce tarif comprend les pauses-café, les collations et le matériel pédagogique.

Groupe de 4 personnes maxi

Les inscriptions ne sont effectives qu’à réception de votre bulletin d’inscription accompagné de votre chèque avant le 30 novembre 2019.
Votre chèque ne sera encaissé que lorsque vous aurez effectué la formation, en cas d’annulation il ne sera pas encaissé.




Bulletin d’inscription :
Nom :
Prénom :
Adresse :

Mail :
Téléphone :

Bulletin d’inscription et chèque à :
Jean-Louis Aguilar
9, rue Julien Imbert
34500 Béziers


Matériels nécessaires pour le stage d’art-thérapie :
le matériel est fourni par JLAA / Art-thérapies/ Formation

Matériels nécessaires pour le stage d’art-thérapie :
1 vidéoprojecteur
1 écran de projection

Suivant la médiation choisie :

Atelier arts plastiques :
Canson (format raisin)
Peintures et pinceaux
Crayons, pastels, aquarelles…
Terre
Collages, magasines, colle bâtons, ciseaux…

Atelier corporel :
Amenez votre tapis de sol, coussins, zafou…

Atelier culturel :
Visites d’exposition, amenez votre appareil photo…


JLAA / ART-THERAPIES / FORMATION
Enseignant-Art-thérapeute-auto-entrepreneur
N° de Siret 82969583200016


Association ARAT N° de Siret 53384433800012
N° de prestataire de formation professionnelle continue 76340938134