XVII° Colloque interrégional de Psy Cause en France
en partenariat avec l'Association de Recherche en Art et Thérapie (ARAT)
Château de Rochegude
09/04/2016
Dans l’intérêt porté à installer un service d’Art-thérapie en psychiatrie, il y a d’abord le facteur personnel, un intérêt précoce pour l’art, suivre ses évolutions et ses modes, avoir reçu une culture classique, par exemple pour les langues anciennes. Ceci étant repéré par un vieux maître, qui a les mêmes goûts, qui oriente son élève, et lui donne carte blanche. Si possible dans le cadre universitaire qui permet le travail dans la durée et l’exigence à l’évaluation. Donc l’art-thérapie arrive précédée d’une préhistoire, qui est même transgénérationnelle. Cet intérêt est une orientation psychique, qui ne
s’accompagne pas obligatoirement d’une pratique artistique. Mais cette sensibilité particulière va bien avec l’exploration du monde de la psyché. La psychopathologie freudienne classique en est un excellent exemple. Enfin le choix professionnel médical témoigne du besoin de la réflexion sur
l’organisation du dispositif.
Donc le facteur personnel indéniable, mais contrôlé, c’est le chemin ensuite de l’analyse personnelle, à côté des exigences des responsabilités du soin. Ce facteur est parfois trompeur, il laisse croire à certains qu’il suffit de pratiquer l’art pour être automatiquement thérapeutique ou thérapeute. Ce sont les dangers de la compassion et de l’empathie, piège que l’art ouvre tout grand. Ce facteur individuel est donc fondamental pour la pérennisation de l’installation d’un service, mais il ne peut concerner tous les praticiens ou soignants.
D’autre part, installer l’art-thérapie a d’autres motivations possibles.
Choisir parmi toutes les sous-spécialisations de la psychiatrie, spécialité qui se parcellise, se clive, où l’on ne peut exceller partout. Mais aussi le constat de l’ennui. Le nôtre, car il faut reconnaitre que de nombreuses situations cliniques se ressemblent et se répètent, y compris dans les pratiques de psychothérapie.
Et celui aussi des patients couplé à celui de l’institution où ils vivent. L’art-thérapie
vient alors apporter un moyen de stimulation, d’émulation, autant individuel que groupal.
De plus, le rapport à la culture a évolué avec le temps. La culture classique, le recours au mythe par exemple, la métaphore disparaissent chez les jeunes générations, non seulement de nos élèves médecins, mais aussi des jeunes patients. Le rapport à l’objet culturel s’en trouve transformé. Il est plus distant voire même absent. Où en est leur culture générale ?
Qu’il est loin le temps où l’on venait peindre en atelier, alors qu'aujourd’hui nous sommes envahis par les graffiti. Le travail thérapeutique comprend donc maintenant une dimension qu’il faut bien appeler éducative ou pédagogique. Révéler la situation artistique, l’être-en-atelier, ces formes de
disponibilités particulières inconnues, la découverte des supports, des gestes, jouer un nouveau personnage. Enfin, dans cette même logique de rencontre avec un univers que ne développent pas les modes de vie actuels de plus en plus précaires, socialement et culturellement parlant, doit se pratiquer
l’heureuse rencontre, le dépistage d’une pro-pension insoupçonnée pour la chose esthétique.
Rapport esthétique au monde plus que pratique de création artistique.
Découverte qui concerne autant les nouveaux soignants ou collaborateurs, que les patients eux-mêmes. Il est évident que pour tenir cette position, il faut un engagement personnel, être un modèle, une conviction qui tienne dans la durée, et des qualités pédagogiques autant que transférentielles particulières.
En effet, il s’agit d’une certaine façon d’une position de retrait, de maïeutique, et non d’activisme ou de professionnalisme artistique. C'est-à-dire position réflexive de psychothérapeute, derrière le tableau pourrait-on dire comme derrière le divan, sans parasitage par l’excès de présence de l’image.
Inutile de dire que toute idéalisation de l’art, toute illusion de ce qui en serait un pouvoir thérapeutique exclusif, doivent être bannies. Ce qui compte c’est la créativité et non la création, comme la guérison on pourrait dire qu’elle vient en plus. Ce n’est pas l’objet beau qui est produit qui résume l’effort thérapeutique, tout au plus peut-on en être satisfait, c’est la cerise sur le gâteau. Mais c’est le procès, la difficile quête de la beauté, avec ses insatisfactions et ses échecs, donc cette mise en travail psychique. L’art n’est qu’un moyen, non un but, il faut à la fois savoir tenir les pinceaux, et les lâcher. L’art-thérapie n’est qu’une voie de traverse, quand l’affrontement de la résolution des problèmes est un impossible.
On nous parlera aussi de raisons cliniques pour installer un tel service, l’expression, la déstigmatisation, la socialisation, l’occupation. Nous ne sommes pas dupes, il s’agit souvent de mots-valises, qui ne reflètent pas le vrai fonctionnement institutionnel. Car l’alliance thérapeutique doit se gagner, jour après jour, en recommençant avec chaque nouveau patient.
L’art-thérapie peut y trouver sa place comme moyen de modifier l’image du soin et celle de soignant. On nous a même reproché parfois de porter une double casquette, artiste et soignant, ce qui serait inconcevable. Erreur grossière, car les patients ne se trompent jamais sur ces rôles, ils le disent
bien assez. Par contre ils apprécient le changement de position, les dédoublements de facettes, qui humanisent, sortent de la rigidification des rôles, illustrent que nous tous pouvons tirer bénéfice de ces métamorphoses à l’intérieur de la vie du service. Particulièrement quand ils sortent de milieux ou d’histoires familiales ou sociales où les rapports étaient bloqués, figés. La confiance, base du transfert, se nourrit de ce sentiment de sécurité qu’apporte paradoxalement le changement de rôle. Winnicott insiste sur ce sentiment de fiabilité que nous devons inspirer. Il s’agit d’un processus d’exploration, de détachement qui pourra ensuite s’être autorisé à soi-même, faciliter la lente sortie de ses propres contraintes. Exercice de souplesse, et de transformation grâce à ces profils d’identification multiples.
Nous insistons bien là sur notre expérience d’art-thérapeute soignant, et non la délégation à des acteurs externes clivés de la vie institutionnelle. Il s’agit de faire respirer ce besoin fondamental à l’homme d’avoir une relation esthétique au monde et à sa propre existence. Forme particulière d’altruisme, où nous devons donner l’exemple à l’intérieur du cadre du soin.
Nous avons toujours regretté que l’art-thérapie n’ait pas eu son ouverture anthropologique. Cela a été impossible pour ce microcosme, ce domaine particulier de la création, car il ne s’est jamais structuré, ne s’est pas défini une identité interne, et s’est rapidement externalisé dans le monde du culturel, de la communication, qui n’a rien à voir avec les arcanes du transfert.
Comme le disait Philippe Jeammet, la « médiation c’est le transfert ». Et cela vaut pour tous les médium. Et elle n’a pas davantage tiré profit de la philosophie contemporaine de l’esthétique, comme celle de Jean-Marie Schaeffer, avec toutes les fonctions de l’émotion, de l’affect comme acteurs de
la thérapie. Encore une lacune qui est une véritable béance, tant l’on ne vivrait que pour l’agir.
Quant au transfert, il est particulier en art-thérapie, car son objet est double. Tout d’abord la personne, le soignant qui est autant dans le langage verbal, que de celui des gestes, des attitudes dans la vie institutionnelle. L’intonation en dit plus long que le mot. D’un autre côté, le médium dont le langage est autre.
Si le langage verbal se prêterait, croirait-on souvent, plus facilement à l’activité symbolique et à l’interprétation, il reste souvent prisonnier d’un réseau de langage convenu, et d’associations toutes prêtes. C’est qu’il doit se travailler longuement, ce qui est précisément difficile avec nos patients
hospitalisés chroniques, en particulier psychotiques ou opératoires. Avant de s’interroger sur le sens des mots, encore faut-il souvent en trouver.
De son côté le langage du médium se prêterait à une lecture plus facile, ou plus immédiate, sorte de réïfication de l’expression dans la réalisation de l’œuvre. Mais souvent c’est une erreur, l’image aveugle ou assourdit.
L’expérience des expositions d’art-thérapie avec sa double visite possible, soit le simple défilé devant les œuvres, soit avec les commentaires du créateur, montre à quel point l’image perd de suite de son intérêt quand elle laisse la place à l’écoute de son histoire. Il est illusoire de croire que le médium apporte en lui-même un potentiel de langage plus accessible.
Cependant l’œuvre a alors un intérêt, elle crée un décalage qui dans le commentaire aide à faire changer le discours. Nous sommes alors loin de la simple plainte, du symptôme. Cette image que le sujet s’est appropriée, souvent étrangère à lui-même à son origine, l’amène enfin à parler de lui
différemment. Un discours plus distancié peut naître, c’est le pouvoir réflexif de l’œuvre, qui de loin en loin pourra s’instituer même sans elle, sans sa présence.
Ne nous y trompons pas, c’est ce que nous nous souhaitons, ce qui arrive parfois. Mais le processus pathologique est toujours là. Il ne demande qu’à rechuter. Prudence donc sur le progrès que l’on nous affirme.
Par contre le médium a un autre avantage, il permet un tout autre type de langage, le langage formel. C’est la structure formelle de l’œuvre, quelque soit le médium, composition de l’espace, traitement de la couleur, production musicale, type d’écriture (prose ou poésie qui n’ont rien à voir), facilités variables dans l’expressivité corporelle, etc.… Cette structure reste et est visible, perceptible, même quand le langage verbal disparait dans la crise, ou quand son contenu se banalise au fil de l’évolution. Or ce style formel est étroitement lié aux types de pathologies, passons ici sur les aspects cognitifs.
D'avoir suivi pendant de longues années de tels auteurs, dans leurs réalisations artistiques, comme dans leurs évolutions cliniques, est un verdict sans appel.
La structure ne change pas. Par contre elle s’habille, se maquille. L’expérience des expositions avec changements de thèmes est exemplaire. Les contenus thématiques peuvent changer, le style de la structure est un invariant.
L’art-thérapie alors est un terrain privilégié pour percevoir nos effets et nos limites. Le sujet peut travailler, améliorer, et surtout s’investir de plus en plus, bien que sa structure ne change pas. Parfois cela devient un objectif existentiel. Ceci ne fait que nous renvoyer à ce que l’on appelle l’efficience
dans l’évaluation de leurs progrès. Cette efficience est le gain en capacité d’adaptation autour d’un noyau psychopathologique qui lui ne bouge pas. Cela vaut bien sûr aussi parallèlement pour les compétences sociales.
Cet abord des différents types de langage révélés dans l’art-thérapie, fait que notre pratique est bien loin des préoccupations de la culture. On ne produit pas, on ne sublime pas, mais on répare ce qui est tout à fait différent.
Ces productions ne sont pas avec ces patients des translations, des changements d’objets symboliques, mais une tentative de réunification, de contention d’un objet brisé. Le travail de l’œuvre est un support de réparation de ce qui y est projeté, venant du self meurtri.
Dès lors, quelle est la place de l’art-thérapie dans un service. C’est un espace, un no man’s land mal délimitable, une friche après les dégâts, une entreprise de récup’ de matériaux psychiques, une néo-réalité en apparence (seulement) gratuite, une image trouble ou troublée de la fonction soignante et du soignant, entre rectification symptomatique, renormalisation, réadaptation, orthodoxie, et ineffable expérience relationnelle à un individu et à la matière qu’il propose, anomie sans code défini.
Elle est terrain d’observation, c'est-à-dire apprendre à regarder avec un recul, passer du regard réflexe primaire (les sensations de la matière) au réflexif secondaire (la construction). Elle est travail spéculatif du regard, avec la même distance qu’au théâtre, ou devant un objet à théoriser. Elle est temps de contemplation, dont on ne sait s’il apprécie les lignes ou les fonctions, les sens
de l’image. L’œuvre en est le support différé, au-delà de l’actualité des symptômes, avec la part d’énigme. A condition de ne pas en devenir fétichiste, idéaliste, de ne redevenir qu’un artiste, celui de l’ars latin, ou de la techné grecque, du temps où artisan et artiste étaient confondus.
Le terrain de l’art-thérapie, c’est l’atelier, affranchi, sans obligation de production, lieu de l’espace à soi, où la présence-absence de l’art-thérapeute respecte sa forme de vide, de silence, de non parasitage. C’est « l’arrièreboutique » de Montaigne, un vide-plein, remue-ménage interne dans l’attente.
Surtout pas espace de rêverie, tant les patients les plus graves en sont incapables, tout au plus celle du soignant, c'est-à-dire celle de la mère-environnement de Winnicott. Passivité active, vita contemplativa qui prépare à la vita activa. Permise par la difficile attitude à apprendre, de la « vigilance effacée » winnicottienne.
L’illusion de l’art n’a pas sa place dans cette psychothérapie. Rien à voir, comme derrière le divan. Sauf qu’ici souvent les matériaux ne sont même pas oniriques, mais bien plus archaïques, se résumant dans les meilleurs des cas à des compétences formelles, qui ont leurs propres logiques associatives.
« L’ordre caché de l’art » d’A. Ehrenzweig, avec son balayage interne des formes. « La logique des sensations » disait Cézanne, qui ne voyait dans la nature, que cônes, cylindres et cubes. Et pourtant ils étaient chargés de vie.
L’œuvre en était la synthèse. Comme l’Art Brut, cet art par définition sans destinataire, non sublimatoire, faisait vivre son auteur, n’était que trace de son autisme, de son asocialité, mais si vivant qu’il en a paradoxalement conquis un public, ce qui le rend humain dans sa déshumanisation, et respectable à ce titre.
Plus tard toutes ces productions peuvent être secondairement requalifiées d’œuvres d’art. Ce sont toutes les récupérations ultérieures, les réutilisations des productions pour le moi social. Affirmation de soi, empowerment, communication. Mais la communication n’est pas le transfert.
Consciente, et d’utilité immédiate, elle n’en connaît pas la profondeur, la durée indéfinie.
Le véritable travail de l’art-thérapie se situe avant, avant qu’elle ne s’acoquine avec la culture, les médiations culturelles ou sociales. L’art-thérapeute n’est pas un acteur, un professionnel, mais un élément du cadre thérapeutique. Celui-ci vient s’interpénétrer avec les failles du patient. Ce cadre, et son représentant dans l’atelier, vient réchauffer du froid de la maladie, mobilise l’énergie éteinte par l’excitation qu’apporte le médium, et le travail qu’il impose. Comme la glaise se transforme par la chaleur, le plaisir tactile et ductile. Au risque souvent au début d’effrayer, l’atelier peut faire peur
et se vider. La familiarisation est un long processus, de la défense à l’appropriation.
L’important n’est pas l’objet fini, mais le procès, la mise en œuvre. Le soin global est le hors-d’œuvre, étymologiquement l’à côté, le cadre disponible et préparatoire. L’atelier est le chantier du gros œuvre. L’œuvre finie attend la suivante.
Avant que les artistes dans l’histoire de l’art ne revendiquent leur autonomie, pour mieux être reconnus et mieux se vendre, l’œuvre était communautaire, anonyme, elle n’était pas devenue un objet narcissique. Elle exprimait une foi, une croyance et une espérance partagées. L’art-thérapie suit
les mêmes évolutions. Passer de la collégialité dans le cadre de soin, à l’ouverture personnelle. Perdre ses sources nourricières partagées, pour se dessécher sur les cimaises. Passer de l’espace tiers de l’atelier, aux projecteurs du monde de la culture. Oublier que l’art-thérapie est co-création. Au risque de voir l’inspiration s’éteindre, comme ce fut le cas pour Aloïse, Séraphine de Senlis, Réquichot qui se suicida, ou Robert Walser qui n’écrivit plus.
L’art-thérapie reste en deçà. Elle ne saurait dénier la maladie, le temps de la vraie souffrance, celui de l’hôpital. Elle est un autre temps, avant celui de l’atelier de production du handicap, qui lui vit d’un statut social et de ses bénéfices. Ainsi Gugging et tant d’autres institutions tournées vers l’art,
s’accaparent les handicapés mentaux, surtout ceux dont la valeur du consentement est douteuse, et les font produire, au nom d’une reconnaissance, eux qui n’ont aucune notion des valeurs du marché. Mais alors qui travaille pour qui ?
L’institution pour le malade, ou l’inverse ? Le véritable malade, celui du handicap psychique et non du handicap mental, a la capacité de dire non, d’abandonner l’art-thérapie selon les stades de son évolution, de tenter son épreuve de réalité dans les circuits de l’art extra-muros.
Il faut bien insister sur ces questions d’éthique de l’art-thérapie. Elle est faillible, aléatoire, souvent sans lendemain, ou seulement étape transitoire dans le long cheminement du soin. C’est peut-être même ce qu’on peut luisouhaiter de mieux, pour qu’elle ne devienne pas une nouvelle forme
d’emprise au prétexte de se vouer au travail du beau. L’art est séduction, infernale, pas tant pour les patients que pour ses intervenants, surtout quand ils n’ont pas analysé leur propre contre-transfert. Beaucoup oublient aujourd’hui, ou en fait n’ont jamais connu que l’art-thérapie n’est en effet
qu’un domaine particulier qui obéit aux règles des psychothérapies institutionnelles. Si la médiation n’est pas considérée comme un réseau de transferts multiples (sujet, thérapeute, médium, œuvre) à analyser, elle mène à une art-thérapie opératoire uniquement vouée à la production. Une dilution
des concepts s’est opérée depuis les psychothérapies classiques. Ainsi un terme comme « accompagnement » par sa facilité peut recouvrir autant une authentique relation psychothérapique au long cours, qu’un encadrement vers la découverte de soi, le coaching, le bien-être sans aucune préoccupation pour l’interprétation. C’est bien là la frontière, car alors qui la ferait, à quel titre, de
quelle position et avec quelle bagage ?
Mais le patient et ingrat travail des psychothérapies institutionnelles (et individuelles tout aussi bien) ne coûtera-t-il pas bientôt trop cher à nos économistes par rapport aux simples interventions culturelles. Bien plus faciles à gérer, et d’un meilleur effet vitrine. Souvent l’art-thérapie installée dans le cœur de l’institution leur est incomprise. Elle leur parait isolée, inaccessible, obscure. Mieux vaut pour eux la clarté des projets des commissions culturelles, l’enrôlement dans la bonne action artistique, les nouvelles formes du patronage d’antan. Agir, avoir un résultat bien visible, au lieu de s’arrêter sur les questions de l’être. Parole d’emprunt, d’un sujet soumis. Projets artistiques clé en main, et de surcroit au seul bénéfice matériel des droits d’auteurs pour ces intervenants, alors que la spécificité de l’art-thérapie n’est toujours pas reconnue.
Dans le double mot art-thérapie, il y a art. Or l’art est institué, institutionnalisé. Qui suit l’actualité du monde artistique n’entend que ce mot.
L’adjonction de thérapie vient brouiller cette simplicité. D’ailleurs il n’existe toujours pas en tant que telle une reconnaissance spécifique de l’art de l’artthérapie, celle issue de l’atelier soignant. Au début, dans les années 80, la règle était encore que rien ne devait sortir de ce lieu, nous payons encore
aujourd’hui les conséquences de cette erreur. Son environnement socioculturel est passé outre, l’a contourné. Les nouvelles art-thérapies peuvent se passer de psychothérapeutes. Nous en sommes ainsi arrivés à l’âge des albums de coloriage pour résoudre le stress. L’art-thérapie dans les rayons des journaux, à côté des revues d’art. Décidemment l’art-thérapie est un objet qui reste insaisissable. Il faut avoir eu la chance ou la malchance de la grave maladie pour la comprendre de son intérieur. C’est aux malades de juger, et à nous de protéger ce domaine si spécifique de la création.
Dr François GRANIER
Président d’Honneur SFPE-AT
Responsable DU-FC Psychiatrie, Psychothérapies Médiatisées, Art-thérapie
CHU Purpan - 330 avenue de Grande-Bretagne - TSA 70034
31059 TOULOUSE Cedex 9.
Tél: 05 34 55 75 06 - Fax: 05 34 55 75 16 - Mail : granier.f@chu-toulouse.fr
Article publié avec l'aimable autorisation du Dr François Granier