21 MAI 2014 | PAR JEAN-BERNARD COUZINET
Article publié avec l'aimable autorisation de J-B COUZINET
De nombreuses œuvres sont produites par les patients en psychiatrie. Si l'acte de peindre est en soi thérapeutique, de même que les expositions des œuvres sont vécues comme très valorisantes, que deviennent-elles lorsqu'elles s'accumulent dans les ateliers? On sait par expérience qu' il est important de les gérer au mieux dans l'intérêt de leur auteur.
En droit toute oeuvre appartient à son auteur. Ainsi, si l'on peut concevoir que l'oeuvre produite peut séjourner un certain temps dans l'atelier, le temps des soins, des expos...un jour vient où la question de la restitution se pose . Par notre pratique, nous savons que d'aucuns préfèrent abandonner l'oeuvre leur rappelant l'hospitalisation, d'autres à qui on les a restituées, les ont mises à la poubelle, d'autres encore n'ont jamais su s'en séparer et les entassent chez eux. Ainsi, on voit que la restitution n'est pas simple, souvent liée à la place physique due à de petits appartements, et/ou à la place psychique de chacun, mais une autre problématique est celle de la conservation assurée par autrui.
Lorsque la tâche est assurée par des professionnels on peut nourrir de certains espoirs, avec leur volonté de créer un musée d'art -thérapie, comme à Toulouse, à l'heure où les ateliers créés dans les années 70/80 ferment les uns après les autres, à la retraite de leurs animateurs.
Mais lorsqu'on a à faire à des gestionnaires d'hôpitaux peu sensibles à la cause, les œuvres sont considérées comme de vieux meubles voués à la casse, et qui encombrent. Reléguées ici et là, les œuvres attendent leur sort, et parfois sont détruites.
C'est de cela dont je veux témoigner ici, car au delà des œuvres trimbalées et détruites on porte une grave atteinte aux patients qui les ont créées alors que l'Hôpital est censé les soigner.
Article publié avec l'aimable autorisation de J-B COUZINET