mercredi 19 septembre 2018

Le Dalaï Lama prononce la disgrâce du maître spirituel de Lérab Ling

Une enquête dans les coulisses des milieux bouddhistes occidentaux précipite la disgrâce du maître du temple de Lodève. Sogyal Rinpoché, accusé par ses anciens disciples d’abus physiques, sexuels et psychologiques, a été lâché par le prix Nobel de la Paix.


Les langues se délient dans le lodévois après la disgrâce officielle, il y a quelques jours en Inde, du Dalaï Lama à l’encontre de Sogyal Rinpoché, maître bouddhiste du temple de Lérab Ling de Roqueredonde, accusé par plusieurs de ses anciens disciples « d’abus physiques, sexuels et psychologiques ».

Nous apprenons qu’officiellement « pour prendre un temps de retraite et de réflexion », ce dernier a démissionné le 11 août dernier de la direction de l'association Rigpa France fondée en 1982, qui regroupe plusieurs centres d'études bouddhistes dont le plus connu localement se trouve près de Lodève. « Un centre destiné à faire connaître la culture bouddhiste telle qu'elle s'est développée au Tibet, de façon authentique » avait déclaré en 2008, le 14e Dalaï Lama lors de son inauguration. Une cérémonie en grandes pompes en présence de Carla Bruni-Sarkozy ainsi que de nombreux ministres et élus.

Disgrâce du Dalaï Lama
Et pourtant il semble que se cachaient, derrière la beauté de cet édifice de renommée mondiale construit selon la tradition tibétaine, de lourds secrets. « C’est plus une secte avec son gourou, qu’un lieu de méditation et de rencontres », précise Audrey, lodévoise. « On le savait, mais c’est bien connu les plus lourds secrets sont ceux qui tout le monde connaît mais que personne ne peut prouver ». Des doutes, des suspicions qui ont trouvés un premier écho médiatique en 2015, avec le départ précipité d’Olivier Raurich, bras droit du fondateur et directeur spirituel des lieux.

Des conduites douteuses confirmées l’an dernier dans une plainte commune de 8 pages d’étudiants de la congrégation dénonçant « des dérives sectaires, des menaces mais également des abus physiques, sexuels et psychologiques ». Des propos loin d’étonner les Lodévois, qui rappellent que Sogyal Rinpoché a déjà eu des démêlés avec la justice en 1994 aux États-Unis, qui s’étaient soldés par un arrangement amiable comme le permet la justice américaine.

Longtemps silencieux, certainement pour ne pas donner une mauvaise image du bouddhisme tibétain, le Dalaï Lama, prix Nobel de la Paix en 1989, a choisi de se positionner. Il y a quelques jours en Inde où il vit en exil depuis 1959, il s’est exprimé sur les dérives du lama de Lodève et a prononcé sa disgrâce en présence de la plus haute autorité spirituelle du bouddhisme.

Une décision influencée par la lettre ouverte de 8 disciplines mais plus probablement après la parution le 15 septembre 2016 du livre de l'anthropologue Marion Dapsance, qui relate plusieurs années d’enquête dans les coulisses du bouddhisme occidental, « au coeur d'une religion détournée qui laisse sans voix : organisation sectaire, dérives sexuelles, pyramides financières, humiliations hiérarchiques ». Dans cet ouvrage, l’auteure livre le résultat d’une enquête de terrain sur le bouddhisme contemporain, tel qu’il est proposé en France, plus précisément dans l’approche dite « tibétaine » Rigpa, diffusée par Sogyal Rinpoché et ses adeptes. Nous n’avons à ce jour aucune information sur une quelconque plainte en justice.

Christine Guillaume


Sources :
  • Écrit par  Christine Guillaume
  • mercredi 23 août 2017 15:02
  • http://m.lamarseillaise.fr/herault/societe/63010-le-dalai-lama-prononce-la-disgrace-du-maitre-spirituel-de-lerab-ling