dimanche 19 novembre 2017

Contre la bienveillance par Yves MICHAUD



La guerre ou le care ? Face au climat de l’époque hanté par le spectre de l’affrontement de tous contre tous, faut-il entrer dans une nouvelle culture du soin, détachée de la tutelle des États, comme le suggère Achille Mbembe, ou refonder le contrat social loin de tout sentimentalisme, comme le préconise Yves Michaud ?

« Assume ta fragilité ! Ouvre-toi à la dimension sensible de ton être ! Connecte-toi à tous les êtres vulnérables qui t’entourent : animaux, enfants, malades, apporte-leur soin et bienveillance pour former avec eux une nouvelle démocratie sensible. » Voilà, selon Yves Michaud, le nouveau mantra de notre temps. Un mantra que cet essai en forme de réquisitoire se propose de démonter tant il nous placerait en porte-à-faux par rapport aux problématiques du moment : terrorisme fanatique, populismes, retour de la realpolitik. Quand le réel prend le visage des fractures sociales et identitaires, de la violence et de la mort, la pensée « Bisounours » n’est plus de mise, il faut revoir le logiciel éthique et politique qui nous a fait croire que l’on pouvait renoncer à l’énoncé précis des droits et des devoirs de chacun pour tabler sur la bienveillance universelle entre tous les êtres. En philosophie, la bienveillance a ses théoriciens, pour la plupart des théoriciennes d’ailleurs – de Joan Tronto à Carol Gilligan aux États-Unis en passant par Fabienne Brugère en France – qui se déchirent pour savoir si ce tropisme féminin pour le care – le souci des autres – est inscrit dans une sollicitude naturelle des femmes ou si elle est le produit de l’assignation historique du genre féminin à des rôles de soin et d’éducation.

« La projection de la morale  du soin dans la politique ne l’humanise pas, mais la dissout »

Yves Michaud leur fait trois reproches : d’abord, de n’avoir rien inventé sur le fond par rapport à leurs devanciers, les philosophes du « sentimentalisme moral » du XVIIIe siècle, qui, de Hutcheson à Hume, ont fait de la sympathie et du « calme désir du bonheur des autres » une donnée morale universelle ; ensuite, d’élargir vertigineusement le champ de la notion de dépendance qui en vient à désigner de manière indifférenciée aussi bien le lien du nouveau-né avec ses parents, que celui du vieillard et de l’infirmière, du patron et de sa secrétaire ou de l’humanité et de la planète ; enfin, et surtout, de vouloir étendre à la sphère de la politique cette bienveillance que leurs prédécesseurs confinaient à la sphère des relations personnelles – conscients qu’ils étaient, eux, qu’on ne fonde pas la politique sur les bons sentiments mais sur des principes de justice. Plus qu’un aveuglement sur les mobiles réels – l’égoïsme et l’intérêt bien entendu– qui animent les membres d’une société, c’est un déni de la finitude –, un refus de la mort et des blessures inhérentes à la vie, un dangereux effacement de la distinction entre vie privée et espace public, et une forme de perversion intellectuelle que leur reproche Michaud. « La projection de la morale du soin dans la politique n’humanise pas la politique, mais la dissout. » Elle fait de tous les blessés de la vie des assurés qui ont vocation à se plaindre au guichet de l’État démocratique pour qu’il prenne soin d’eux. Et ce, au moment où ce même État est menacé du dehors par la violence fanatique et du dedans par le populisme démagogique.

Contre ces nouveaux modèles de communautés qui surgissent – communauté des affects, communauté des croyances, communautés des identités –, le philosophe est convaincu qu’il nous faut revenir au modèle contractualiste, inspiré par Locke et Rousseau, avec serment civique et déchéance de nationalité en prime. Il permettrait de refonder la souveraineté et de proscrire les violences religieuses. « La violence des faits a ceci de bon qu’elle fait revenir sur terre », conclut le philosophe. Devant l’opposition qu’il dresse entre le peuple des souffreteux et la cohorte des fanatiques, on a un peu de mal à partager son optimisme. Mais on se dit que sur le constat, au moins, il touche juste.
Par MARTIN LEGROS

Auteur Yves Michaud
Éditeur Stock
Pages: 192
Prix : 18,00 €
Niveau pour tout le monde

jeudi 16 novembre 2017

12e RENCONTRES DE L’ARAT


Samedi 9 juin 2018 à la Maison de la Vie Associative de Béziers

L’Association de Recherche en Art et Thérapie

Présente :

Colloque4 « L’art en question ! »


Le Cri est une œuvre expressionniste de l'artiste norvégien Edvard Munch dont il existe cinq versions réalisées entre 1893 et 1917.

Argument : 

L’art soigne-t-il, guérit-il ?
Est-il devenu thérapeutique comme le prétendent les artistes ?
L’art-thérapie est-elle seulement artistique ?
L’artiste est-il un thérapeute ?
Le thérapeute est-il un artiste ?
Qui sont les hommes et les femmes de l’art ?
La médecine, le vin, la table, la cuisine, c’est aussi de l’art ?

Nous vivons une époque formidable où tout est thérapeutique !
Epoque pour transmuter l’art dit contemporain en do-l’art !
Epoque où la souffrance et la détresse humaine servent à enrichir une mouvance thérapeutique !

Quel est le rôle de l’artiste dans une société individualiste et consumériste ?
Les étudiants des Beaux-Arts sont-ils des artistes ?

Chaque intervenant de sa place se verra interroger sur la pertinence et le rôle de l’art aujourd’hui.

Intervenants : par ordre d'intervention

Jean-Louis AGUILAR / Art-thérapeute
Dr Jean-Louis GRIGUER / Psychiatre
Miguel Izuel /Président du  GREFART de Barcelone
Dr Didier Bourgeois / Psychiatre 
Roland Gori / Psychanalyste
et d'autres intervenants en attente...

Informations :
Association ARAT : asso.arat@gmail.com

«En même temps», ou le grand écart du nouveau président

Par Roland Gori, Psychanalyste —
23 juillet 2017 à 17:06 «En même temps», ou le grand écart du nouveau président


Le président Emmanuel Macron, lors d'un discours sur la base aérienne d'Istres (Bouces-du-Rhône), le 20 juillet 2017 Photo Anne-Christine POUJOULAT . AFP

L’expression utilisée sans cesse par Emmanuel Macron indique qu’il croit au sacré de la politique, à son pouvoir symbolique et spirituel, et qu’en même temps il n’y croit pas. Comment peut-il se prétendre le «chef» d’un pouvoir sacré, et externaliser les missions de l’Etat en les abandonnant à la spéculation financière ? Paradoxe permanent ou imposture ?

Emmanuel Macron a fait de cette expression, «en même temps», sa marque de fabrique. Ses partisans la dotent d’une signification positive : elle serait le signe d’une pensée de la «complexité» qui transcenderait les anciens clivages. Ses détracteurs lui attribuent, non sans ironie, l’ambiguïté typique du centrisme social-libéral, assumé, décomplexé, renouvelé. L’essentiel n’est pas là. L’essentiel, est qu’elle constitue le symptôme d’une division politique interne au personnage comme au courant social qu’il incarne. Elle est pour l’avenir de la France, et peut-être de l’Europe, un défi et un paradoxe. Elle nous dit, cette expression, c’est du moins mon analyse, qu’Emmanuel Macron croit au sacré de la politique, à son pouvoir symbolique et spirituel, et qu’en même temps il n’y croit pas, il n’y croit pas parce qu’en bon saint-simonien il souhaite la remplacer par la gestion technocratique des populations et par le développement économique de la Nation start-up. Emmanuel Macron, plus que ses derniers prédécesseurs, sait que, dans notre monarchie présidentielle, pour faire un vrai «roi républicain» il faut plus qu’une élection, il faut plus qu’une majorité parlementaire. Il faut cette vertu ancestrale que confère le pouvoir à ceux qui ont reconnu sa substance spirituelle, sa force symbolique. Il le déclare sans ambages le 16 février à l’Obs, quelques semaines avant son élection : «Vous savez bien que le président, qui a plusieurs corps, est constitutionnellement le garant des institutions, de la dignité de la vie publique. Or, cette responsabilité symbolique ne relève ni de la technique ni de l’action, elle est de l’ordre littéraire et philosophique.» L’intuition politique et psychologique d’une telle déclaration tranche singulièrement dans le paysage électoral de l’époque. Elle révèle la nature théologico-politique de la fonction présidentielle : gouverner, c’est prévoir, certes, mais c’est surtout «faire croire», arracher par des fictions la confiance à une opinion publique versatile, inquiète et exigeante. Hobbes disait, à propos des citoyens qui se soumettaient au pouvoir de l’Etat représenté par le monstre marin du Léviathan : «Ils fictionnaient et ils croyaient à leurs fictions.» Paul Valéry ne disait pas autre chose : «Tout état social exige des fictions.» Lorsqu’une civilisation est en panne de fictions, de rêves, d’utopies, de récits singuliers et collectifs, il arrive que certains de ses membres se «shootent» avec les drogues dures des idéologies fanatiques et fascistes (1).

C’est la grande leçon de Durkheim, fondateur de la sociologie française positive, qui démontre l’origine religieuse de toutes les grandes institutions de la vie sociale. Cette «nature religieuse de l’homme», le nouveau président l’a bien compris, et je gage qu’il en est convaincu. Il ne se passe pas de semaines sans qu’il ne déclame un discours solennel, grave, mystique. Oui, mystique. Ne craignons pas de le dire, nous avons un Président qui a compris, beaucoup mieux que ses prédécesseurs, que sa fonction était hantée depuis l’origine par le fantôme des rois thaumaturges. Vous savez, ces rois qui guérissaient les écrouelles par le toucher, qui apaisaient les crises épileptiques par les anneaux médicinaux, à l’exception des monarques dans lesquels on ne croyait plus comme Charles X ou dont on doutait de la vertu sacrée comme Louis XV !

Je ne dis pas que les présidents de la République doivent s’essayer au pouvoir surnaturel de leur fonction. Je rappelle que le pouvoir suprême est double : temporel et éternel, matériel et symbolique, absolu et contingent, économique et sacré. Oublier la dualité de la substance politique du pouvoir revient à se condamner à l’échec. Reconnaître cette dualité, c’est admettre que la gestion technocratique et juridique de l’économie des populations ne suffit pas. Soljenitsyne, revenu des camps soviétiques, mettait en garde contre ce «déclin du courage» des démocraties, il écrivait, lucidement et sans complaisance pour les pays qui venaient de l’accueillir, qu’«une société qui s’est installée sur le terrain de la loi, sans vouloir aller plus haut, n’utilise que faiblement les facultés les plus élevées de l’homme. Le droit est trop froid et trop formel pour exercer sur la société une influence bénéfique. Lorsque toute la vie est pénétrée de rapports juridiques, il se crée une atmosphère de médiocrité morale qui asphyxie les meilleurs élans de l’homme». La fonction symbolique du politique n’est pas très loin.

La liberté politique, à laquelle aspirent de nombreux citoyens, est la libération du politique confisqué par la technocratie et la vision économique du monde. Alors comment Macron, pur produit de cette hégémonie culturelle néolibérale, mais en même temps convaincu du caractère sacré de sa fonction, peut-il sortir de ce paradoxe ? Ses premiers discours, ses premiers actes, manifestent la reconnaissance publique de cette obscure dualité du pouvoir. Alors comment concilier la nature religieuse du social et les exigences de la curatelle technico-économique des peuples ? Comment peut-il, en même temps, s’assumer populiste et élitiste ?

Comment peut-il, à quelques heures d’intervalle, faire un vibrant éloge des soldats, de leur dévouement à la sécurité de la Nation, brandir le drapeau d’une défense européenne, et en même temps réduire le budget de l’armée pour cause de cadeaux fiscaux ? La réprimande du chef d’état-major des armées, dénonçant cette contradiction, ne suffit pas à résoudre le paradoxe : tout en reconnaissant la dualité de son pouvoir, matériel et sacré, Macron, en même temps, fonde son exercice sur une vision purement entrepreneuriale de l’humain. Dans tous les domaines les plus régaliens de l’Etat et de la vie publique le défi est lancé : comment éduquer, soigner, chercher, juger, informer, cultiver les citoyens avec moins de services publics, et en privatisant leurs missions ? Comment préserver son autorité, sa fonction sacrée et symbolique et externaliser les missions de l’Etat en les abandonnant à la spéculation financière ? Paradoxe ou imposture ? Il ne faut pas se tromper, la fameuse déclaration de Macron, que l’on a jugée maladroite sur les «gens qui réussissent et ceux qui ne sont rien», fonde son ontologie présidentielle : l’homme n’est rien s’il ne réussit pas. Alors, comment concilier Ricœur et le CAC 40 ?

C’est tout le défi d’un homme politique qui vient, sur les décombres d’un vieux monde, de créer un courant politique nouveau, celui que j’appellerai volontiers, l’extrême centre. Cet extrême centre me paraît relever d’un nouveau populisme, utilisant les foules virtuelles des réseaux sociaux aptes à produire une séduction de masse, un emballement hypnotique aussi contagieux que fragile, et qui, en même temps, tout en répondant au désir de spiritualité des Français risque de ne leur fournir que le spectacle du sacré et non sa substance. C’est, on le sait au moins depuis Guy Debord, le risque de nos sociétés du spectacle où «le vrai n’est qu’un moment du faux». Une chose est certaine, Macron a réussi à incarner la vérité d’un moment politique que les désastreuses «primaires» n’ont pas réussi à sauver. Il a réussi à produire ce que Hannah Arendt nommait un «commencement», l’irruption dans le monde d’une «improbabilité infinie». Qu’on le déplore ou qu’on s’en réjouisse, il nous faut le constater. Le «vieux» centre que l’on croyait moribond a pris un coup de jeune. Il est même devenu extrême et populiste. Il remet au goût du jour le désir du sacré sans pour autant renoncer à cet économisme nauséabond, son plus redoutable ennemi. Alors comment, en même temps, se prétendre le «chef» d’un pouvoir sacré, et l’abandonner, une fois encore, aux prédateurs du néolibéralisme ? L’avenir nous dira si le nouveau président parviendra à résoudre son paradoxe, et dans quel sens. Après tout, il n’a plus rien à se prouver du côté de la «réussite», tout lui reste à faire du côté du sacré et de l’épanouissement de l’être. Il pourra toujours se souvenir d’André Malraux déclarant que «la tâche du prochain siècle, en face de la plus terrible menace qu’ait connue l’humanité, va être d’y réintégrer les dieux».

(1) Roland Gori, Un monde sans esprit. La fabrique des terrorismes, LLL, 2017.


Sources : http://www.liberation.fr/debats/2017/07/23/en-meme-temps-ou-le-grand-ecart-du-nouveau-president_1585661

lundi 30 octobre 2017

STAGE d' Art-thérapie

Les ateliers du baobab, art-thérapie et créativité à Pau
Samedi 13 et dimanche 14 janvier 2018


Formation ouverte aux professionnels de la santé, du social et du médico-social, de la thérapie et de l’art, aux étudiants en art-thérapie et en psychologie…
avec Jean-Louis Aguilar / Art-thérapeute
Président de l'Association de Recherche en Art et Thérapie
Intervenant aux Ateliers du Baobab : Art-thérapie et Créativité

Samedi 13 janvier 2018
9h
Histoire de l’Art-thérapie
Regards croisés avec l’art des fous, l’art brut, l’art psychopathologique, la psychopathologie de l’expression…
Eclairage sémantique sur les concepts de folie, maladies mentales et normalité.

Présentation de productions de patients de mon atelier d’art-thérapie

12h Pause-repas

14h
Atelier de peinture en expression libre

La Création comme suppléance à l’absence du père : Gaston Chaissac

Dimanche 14 janvier 2018
9h
Atelier modelage en expression libre

Cours :
« De la clinique à la mise en place d’un dispositif art-thérapeutique »
Utilisation de la médiation thérapeutique, artistique et culturelle.
Eclairage sémantique sur les concepts :
De création et de créativité, d’esthétique et de beau, d’œuvre d’art et de production de l’intime…

12h Pause repas

14h
Atelier collage en expression libre

Cours : (suite)

Formateur : Jean-Louis Aguilar / Art-thérapeute
*****************************************************************************
Horaires de la formation de 9h à 17h (l’horaire peut être prolongé jusqu’à 18h en fonction des questions des stagiaires)

Coût pour les 2 jours : 350€
Demandeurs d'emploi : 100€

Chèque à l'ordre de :
Association Les Ateliers du Baobab.
Christine Soler - 1 avenue Mirabelle - 64000 Pau
Inscriptions avant le 31 décembre 2017

Christine Soler
Art-thérapeute / Formatrice en art-thérapie
Ateliers du Baobab
Tel : 06 19 05 32 59
atelierbaobabscicpau-pyrenees@orange.fr

samedi 28 octobre 2017

Formation à l' Art-thérapie

Samedi 16 décembre 2017 


Une journée de formation à Psy Art Formation,
Ouverte aux professionnels de la santé, du social, du médico-social, de la thérapie et de l’art, aux étudiants en art-thérapie et psychologie…

avec Jean-Louis Aguilar / art-thérapeute
Président de l’Association de Recherche en Art et Thérapie
Intervenant à Psy Art Formation

Programme de la journée : Penser l'art-thérapie différemment !

9h30 Accueil des participants

10h
Conférence-débat : L’art-thérapie multi-référentielle.

« De la clinique à la mise en place d’un dispositif art-thérapeutique »
Utilisation des médiations thérapeutiques, artistiques et culturelles.

Un éclairage sémantique sur les concepts de création, de créativité, d’art et d’esthétique…

12h30 -14h30 : Pause-repas

14h30
La question du corps en psychothérapie : la médiation corporelle

Deux vignettes cliniques sur l’impasse thérapeutique en art-thérapie

Un éclairage psychosomatique sur le lien corps-esprit, avec une pratique de médiation corporelle.

Réduction du stress, de l’anxiété, du burnout, de la dépression.

Atelier expérientiel « relation d’aide et relaxation »
Comprenant des exercices corporels, de relaxation, de cohérence cardiaque et de méditation de pleine conscience.


Formateur : Jean-Louis Aguilar

Horaires de la journée de 9h30 à 17h30

Coût de la journée : 50€
Chèque à envoyer à l'ordre de PsyArtFormation

Inscriptions avant le 30 novembre 2017:
Mylène Berger
Responsable pédagogique de Psy Art Formation

PSYARTFORMATION
9 Ter rue des Pattes
Chalon-sur-Saône (71100)
Contact
0683312316
contact@psyartformation.com
Sur le net
http://www.psyartformation.com/

dimanche 22 octobre 2017

Lettre de Winnicott à propos du comportementalisme (Juin 1969)

·Lettre de juin 1969 adressée par D.W.Winnicott, au rédacteur de Child Care News, parue dans D. W. Winnicott. Psycho-Analytic Explorations, Londres. Kamac, 1989, pp. 125-128.
La Thérapie Comportementale !


Cher Monsieur,
Il est certain que l’on pourrait faire un commentaire élogieux de l’article que Carole Holder consacre à la Thérapie Comportementale dans le Child Care News de mai 1969, n° 86. Pour cela, cependant, il faudrait être dans un monde différent de celui dans lequel à la fois je vis et je travaille. Il est important pour moi d’avoir l’occasion de faire savoir à mes nombreux collègues travailleurs sociaux que je désire tuer cet article et sa tendance. J’aimerais en dire plus et, en tout cas, commencer par dire pourquoi je veux les tuer.

Ce pourrait être une bonne chose que de lire les déclarations de cet article aux travailleurs sociaux qui, par auto sélection, sélection et formation, ont une pratique de cas. A coup sûr, il est bon que l’on vous remette en mémoire que les systèmes locaux de principes moraux ne sont pas seulement enseignés par l’exemple, mais aussi par des tapes sur le derrière et des punitions. En fait, il est peu probable que nous puissions oublier ce fait fondamental, puisque une grande part de notre travail s’est édifiée a partir de l’échec de la thérapie comportementale telle qu’elle se pratique à la maison et dans les institutions.

Je revendique le droit de protester. J’ai gagné ce droit du fait que je n’ai jamais accepté le mot "maladjusted" qui, dans les années 1920, a traversé Atlantique dans les bagages de la “Guidance infantile” et nous a été vendu en même temps. Un enfant mal adapté est un enfant, garçon ou fille, aux besoins de qui quelqu'un n’a pas su s’adapter à tel stade important de son développement.

Imaginez des travailleurs sociaux dans un groupe d’études réfléchissant avec les principes de la thérapie comportementale. Un tel groupe ne tarderait pas a être, par sélection et auto-sélection, rempli par des gens qui, de façon naturelle, adoptent la disposition d’esprit de la thérapie comportementale. La formation ne ferait qu’accentuer les sillons et les arêtes des structures de la personnalité déjà à l’œuvre dans les mœurs comportementalistes.

Ce serait vraiment une bataille perdue, parce que ces gens dont je parle avec les mots de sillons et d’arêtes ne sauront pas qu’il existe une autre sorte de travail social, un travail orienté pour faciliter les processus du développement ; ils ne sauront pas que contenir tensions et pressions des personnes et des groupes comporte une valeur positive, de même que laisser le temps agir dans la guérison ; ils ne sauront pas que la vie est réellement difficile et que seul compte le combat personnel, et que, pour l’individu, il n’y a que cela qui soit précieux.

L’article de Carole Holder met en lumière qu’il est possible de considérer la vie avec la plus extrême naïveté. Le problème est que cette surprenante sursimplification doit séduire les gens dont on a besoin pour financer le travail social. Rien de plus facile que de vendre la thérapie comportementale aux membres d’un comité qui, à son tour, la revendra aux membres des conseils municipaux dont les talents s’exercent dans d’autres champs. On n’est jamais à court de gens qui affirment avoir tiré profit des principes moraux que leurs pères leur ont imposés en famille, ou tiré profit du fait qu’à l’école un professeur sévère rendait cuisants la paresse ou un larcin. C’est à cela que les gens croient pour commencer.

Il faut malheureusement, de près ou de loin, parler ici des médecins et des infirmières, car leur travail aussi repose sur une sursimplification fondamentale : la maladie est déjà présente, leur travail est de l’éliminer. Mais la nature humaine n’est pas comme l’anatomie et la physiologie, bien qu’elle en dépende, et les médecins, là encore par auto-sélection, sélection et formation, ne sont pas faits pour la tâche du travailleur social, à savoir reconnaître l’existence du conflit humain, le contenir, y croire et le souffrir, ce qui veut dire tolérer les symptômes qui portent la marque d’une profonde détresse. Les travailleurs sociaux ont besoin de considérer sans cesse la philosophie de leur travail ; ils ont besoin de savoir quand ils doivent se battre pour être autorisés à faire les choses difficiles (et être payés pour ça) et non les choses faciles ; ils doivent trouver un soutien là où on peut en trouver, et ne pas en attendre de l’administration ni des contribuables, ni plus généralement des figures parentales. En fait, dans ce cadre localisé, les travailleurs sociaux doivent être eux-mêmes les figures parentales, sûrs de leur propre attitude même quand ils ne sont pas soutenus, et souvent dans la position curieuse de devoir réclamer le droit d’être épuisés par I’exercice de leurs tâches, plutôt que d’être séduits par la voie, facile, de se mettre au service de la conformité.

Car La Thérapie Comportementale (avec des majuscules pour en faire une Chose qui peut être tuée) est une porte de sortie commode. Il faut juste s’accorder sur des principes moraux. Quand on suce son pouce, on est méchant ; quand on mouille son lit, on est méchant ; quand on met du désordre, quand on vole, qu’on casse un carreau, on est méchant C’est méchant de mettre les parents au défi, de critiquer les règlements de l’école, de voir les défauts des cursus universitaires, de haïr la perspective d’une vie qui tourne comme une courroie de transmission. C’est méchant de rechigner devant une vie réglée par des ordinateurs. Chacun est libre d’établir sa propre liste de “ bon ” et “ méchant ” ou “ mauvais ” ; et une volée de comportementalistes partageant plus ou moins des systèmes moraux identiques est libre de se rassembler et de mettre en place des cures de symptômes.

Il y aura des ratages, mais il y aura quantité de succès et d’enfants qui iront disant : “ Je suis si joyeux de ne plus mouiller mon lit grâce à MIle Holder ”, ou grâce a un appareil électrique ou a un “conditionneur” quelconque. Le thérapeute n’aura besoin de rien d’autre que d’exploiter le fait que les êtres humains sont une espèce animale dotée d’une neurophysiologie à l’instar des rats et des grenouilles. Ce qu’on laisse pour compte, là, c’est que les êtres humains, même ceux dont la teneur en intelligence est plutôt basse, ne sont pas simplement des animaux. Ils ont pas mal de choses dont les animaux sont dépourvus. Personnellement, je considérerais que la Thérapie Comportementale est une insulte même pour les grands singes, et même pour les chats.

Il est triste de penser qu’il n’y a pas suffisamment de travailleurs sociaux, et qu’il n’y en aura jamais suffisamment. Il est infiniment plus triste de penser que le dernier paragraphe de l’article de Mlle Holder pourrait bien être utilisé par les responsables des Institutions d’enfants pour justifier la transmission, à qui officie en pédiatrie, de ce “ procédé économique et raisonnable ” qui doit rendre gentils les méchants clients.

Il est clair que je suis en train de m’exercer a faire marcher un conditionneur : je veux tuer la Thérapie Comportementale par le ridicule. Sa naïveté devrait faire l’affaire. Sinon, il faudra la guerre, et la guerre sera politique, comme entre une dictature et la démocratie.

Votre très fidèle D. W. WINNICOTT.

dimanche 8 octobre 2017

Finger food en ehpad


OBJECTIF

Redonner le plaisir de manger aux personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer, en proposant des menus spécifiques et adaptés à leurs besoins, leurs envies et leur rythme de vie.

Les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer présentent parfois des troubles praxiques et cognitifs qui les empêchent de reconnaître et d'utiliser correctement leurs couverts, et donc de s'alimenter suffisamment.

Il était important pour le bien-être de ces résidents de trouver un mode d'alimentation qui permettent à la fois de lutter contre la dénutrition et de contribuer au maintien de leur autonomie, en les laissant manger seuls.

C'est ainsi qu'est né le « finger food » ou manger-main, où les aliments sont proposés sous forme de bouchées. Il s'agit par exemple de permettre à un résident déambulant de picorer une bouchée au gré de ses allers et venues, et de la manger en marchant - une façon de respecter son rythme de vie !

Développée en EHPAD depuis une dizaine d'années, la solution finger food n'est pas neuve.

NOUVELLE APPROCHE

Allié considérations nutritionnelles et le plaisir de s'alimenter des résidents.

En d'autres mots, comment le finger food peut-il redonner aux résidents le plaisir de manger et d'améliorer leur bien-être ?

ÉLABORER UN QUESTIONNAIRE

Les soignants sont invitez à remplir un questionnaire pour chaque résident
Le postulat suivant est posé les bouchées proposées aux résidents doivent conserver tout leur attrait visuel, gustatif et olfactif, et évoquer les mets traditionnels dont ils étaient issus, afin de susciter l'envie de déguster.

quatre critères  incontournables :

  • la forme,
  • le goût,
  • la sauce
  • l'homogénéité des bouchées.

Après chaque repas, l'analyse du questionnaire permet d'identifier les aliments que les résidents choisissaient spontanément, ceux qu'ils préféraient, ainsi que leurs comportements au cours des repas et les quantités consommées.

CONCLUSION

L'analyse des résultats du questionnaire permet de savoir si le plaisir de manger est au rendez-vous, le taux de refus ,les assiettes vides à la fin des repas.

comment sont mangées les bouchées avec les doigts ou avec les couverts, tenue de la bouchée,aspect, fondant,texture, la présence de sauce est elle apprécié, quelles sont les bouchées préférées les bicolores ,les neutres


Read more at https://www.soignantenehpad.fr/pages/nutrition/finger-food-en-ehpad.html#SL9IkZD76cHxi8L3.99

mercredi 4 octobre 2017

Madeleine Pelletier (1874 – 1939), une femme d’avant-garde

Il y a ce portrait en noir et blanc. Cheveux noirs coupés courts et jetés en arrière, costume d’homme, mâchoire volontaire : Madeleine Pelletier fait partie de cette première vague féministe de la fin du XIXe siècle et tout en elle respire la femme de combat et de conviction.

Madeleine Pelletier• Crédits : Henri Manuel / Bibliothèque Marguerite Durand

Médecin, première femme interne en France, Madeleine Pelletier est atypique, même dans le milieu des féministes.

Droit de vote des femmes, mais aussi refus du féminin, de la sexualité, chasteté militante, virginité comme source d’un féminisme sans concession, volonté de déconstruire la famille, elle prône la révolution sexuelle, le droit à l’avortement.

Des prises de position qui s’expliquent aussi par son histoire familiale sordide et par son expérience de médecin et l’attention qu’elle portait aux plus démunis. On pouvait la croiser dans les rues de Paris la nuit, un revolver dans la poche afin d’être capable de se défendre toute seule.

Anarchiste, franc-maçonne, médecin des pauvres, antimilitariste, écrivaine et essayiste, on lui doit des essais, des articles, des romans, des pièces de théâtre engagées et de nombreux ouvrages comme La Femme en lutte pour ses droits (1908), L'Éducation féministe des filles (1914) ou Mon voyage aventureux en Russie communiste, où elle raconte son voyage clandestin en Russie soviétique en 1921.

La vie de Madeleine Pelletier finira de façon tragique, puisqu’elle mourra internée contre son gré à l’asile de Perray-Vaucluse en 1939.

Par Céline Du Chéné. Réalisation : Christine Robert. A la technique : Ivan Turk. Mixage : Bruno Mourlan. Avec la collaboration d'Annelise Signoret.

Un très grand merci à Florence Rochefort, chercheuse en histoire des femmes qui m’a fait découvrir Madeleine Pelletier.

DOCUMENTATION

Textes de Madeleine Pelletier

On en trouve une partie importante sur le site de Marie-Victoire Louis.

Quelques textes de Madeleine Pelletier sont aussi publiés aux éditions Indigo-Côté femmes (Mon voyage aventureux en Russie communiste - qu'on peut aussi feuilleter sur le site de la Bnf, Gallica -, La femme vierge, L’éducation féministe des fille).

Sur la vie et l’œuvre de Madeleine Pelletier

Biographie de Madeleine Pelletier publiée dans "Le Maitron", dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social.

Madeleine Pelletier, psychiatre travestie : article paru sur le site de la revue Double Genre.

The Integral Feminist : Madeleine Pelletier, 1874-1939 : Feminism, Socialism and Medicine, de Felicia Gordon, Cambridge : Polity Press, 1990.

Madeleine Pelletier, une féministe dans l’arène politique, de Charles Sowerwine et Claude Maignien, Les éditions Ouvrières, 1992.

Madeleine Pelletier (1874-1939) : logique et infortunes d'un combat pour l'égalité, sous la direction de Christine Bard, Editions Indigo et Côté femmes, 1992.
Pour en savoir plus

L'égalité en marche : le féminisme sous la Troisième République, de Florence Rochefort et Laurence Klejman, Presses de la fondation nationale des sciences politiques, 1989.
Le féminisme au-delà des idées reçues, de Christine Bard, Le Cavalier bleu, 2012.
Une histoire politique du pantalon, de Christine Bard, Point Histoire, 2014.
Liens

Bibliothèque Marguerite Durand
Association Archives du féminisme
Musea : site édité par l’université d’Angers qui propose depuis 2004 des expositions virtuelles sur l’histoire des femmes et du genre.
Association Cibel, Compagnie des Insoumises, Baladines, Enthousiastes et Lesbiennes.

Sources :
https://www.franceculture.fr/emissions/une-vie-une-oeuvre/madeleine-pelletier-1874-1939-une-femme-davant-garde?utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Facebook#link_time=1506778959

dimanche 10 septembre 2017

LA MÉDIATION CORPORELLE

Activité proposée au sein de l'association BÉZIERS PLAISIR

"La vie est une tragédie pleine de souffrances" Dr Christophe André

Objectifs de la l'activité :

Réduction du stress, de l'anxiété, de l'angoisse, de la dépression.

Programme de l'activité :

Exercices corporels, relaxation,cohérence cardiaque, mindfulness ...
Initiation à la méditation de pleine conscience.

Pratiques et théories alternées pour donner une base aux participants.

Ce n'est pas une thérapie. Seulement une prise de conscience de son potentiel dans le chaos de la vie !

Cette activité est proposée une fois par mois le mercredi de 10 h à 11 h 30 à la salle des Abbés, Square Gailhac, Rue du Puits de la courte (derrière St Aphrodise, proche de la place aux bois/11 novembre).

Nécessité de se munir d'un tapis de sol.

Dates prévues :

 - 18 octobre 2017 -  22 novembre 2017 -   20 décembre 2017  - 24 janvier 2018
- 7 mars 2018  -    4 avril 2018  -   16 mai 2018  - 13 juin 2018

 « C’est un engagement citoyen de poser un acte bénévole et gratuit pour tous. »

Animateur :
Jean-Louis AGUILAR
Port: 06 83 59 51 10
Courriel : jlaa.artiste@gmail.com

LA CRÉATIVITÉ APPLIQUÉE AUX ARTS PLASTIQUES

Activité proposée au sein de l'association BÉZIERS PLAISIR

"Liberté, j'écris ton nom"

Objectifs de la l'activité :

Il ne s'agit pas d'un cours des beaux-Arts. Mais d'un jeu, le jeu de peindre pour favoriser votre créativité, votre épanouissement, votre développement personnel.
La créativité va permettre de donner un sens à votre existence !

Programme de l'activité :

Il n'y a pas de professeur,mais vous êtes votre propre professeur. Il s'agit d'une transformation de soi par soi. Ce n'est pas une thérapie. Seulement le plaisir de peindre.

Peinture, dessin, collage et créativité, modelage, mandala, écoute musicale, etc...

Cette activité est proposée une fois par mois les mercredis de 14 h à 16 h au siège de Béziers Plaisir au 132, Route de Pézenas à Béziers.

Dates prévues :

- 4 octobre 2017 - 8 novembre 2017 - 6 décembre 2017 - 10 janvier 2018 -7 février 2018-  21 mars 2018 -  2 mai 2018 - 30 mai 2018 - 27 juin 2018

Veuillez utiliser obligatoirement les parkings de proximité : Petit Casino ou Jardinerie

« C’est un engagement citoyen de poser un acte bénévole et gratuit pour tous. »

Animateur :
Jean-Louis AGUILAR
Port: 06 83 59 51 10
Courriel : jlaa.artiste@gmail.com

samedi 9 septembre 2017

HÔPITAUX PSYCHIATRIQUES : LES SOIGNANTS RECADRÉS

Le CGLPL tire à boulets rouges Système de santé | 18 août 2017 | Thomas Moysan


Dans son dernier rapport, le contrôleur général de lieux de privation de liberté (CGLPL) note « l’absentéisme » et les « pratiques professionnelles hasardeuses » des personnels des Hôpitaux psychiatriques.

Le dernier rapport thématique d'Adeline Hazan consacré aux personnels des lieux de privation de liberté, accessible en ligne depuis quelques jours, recommande la mise en place d’un encadrement plus strict dans les unités psychiatriques. Dedans, la contrôleure générale déplore en effet que « la psychiatrie, contrairement aux autres spécialités médicales, ne connaisse pas de ratio type de soignants par catégorie d’unité ». Selon elle, l’organisation ne garantirait pas un nombre de soignants défini pour un type d’hospitalisation ou par service.

Le manque de présence auprès des patients remarqué

La contrôleure liste ensuite tout au long de ses 64 pages les problèmes inhérents aux équipes médicales et non-médicales des établissements accueillants des patients dont la pathologie nécessite une privation de liberté. Principalement en cause, le manque de présence des soignants : le taux d’absentéisme serait ainsi en « hausse régulière depuis cinq ans », en croissance de 19 % plus exactement. Par ailleurs, Adeline Hazan évoque des cadres infirmiers qui « ayant perdu l’habitude des soins, sont réticents à intervenir » et adopter un rôle soignant. Toujours sur les infirmiers, elle relève que ceux travaillant dans les secteurs psychiatriques « plus jeunes (…) manquent parfois de la capacité à être contentant psychiquement et s’en tiennent aux protocoles ». Selon des cadres de santé interrogés, ils auraient même « tendance à se reposer sur leur acquis ». Bonne ambiance décidément...

Mais les autres personnels ne sont pas épargnés par cette attaque au vitriol. L’institution constate que le temps de présence des psychologues et ergothérapeutes « est limité ». Elle souligne également que certains Hôpitaux psychiatriques fonctionnent « avec un effectif de médecins qui peut être réduit jusqu’au quart de ce qu’il devrait être. »

Des restrictions injustifiées des libertés individuelles

Un manque de présence qui se traduit par une maltraitance de la patientèle, pour Adeline Hazan. LE CGLPL assure en effet avoir « constaté de nombreux cas dans lesquels le manque de personnel conduit à la méconnaissance de droits fondamentaux des patients ». Et le rapport s’inquiète des « restrictions injustifiées des libertés individuelles », induits par le manque d’effectifs dans les services concernés.

D'ailleurs, les soignants ne sont pas dupe. Ceux interrogés par la contrôleure générale sont bien conscients du phénomène et évoquent « la nécessité de réintroduire du relationnel avec les patients et de la disponibilité ». Néanmoins, il faut souligner que les locaux vétustes des Hôpitaux sont aussi mis en cause. Leur architecture inadaptée « peuvent conduire les soignants à adopter des pratiques contre-thérapeutiques portant atteinte à la dignité des patients », est-il écrit dans le rapport. Ouf un peu de mansuétude...

Sources :
http://www.whatsupdoc-lemag.fr/actualites-article.asp?id=21781#.WZalaUNTQJU.facebook

samedi 2 septembre 2017

Chapitre 7 : Le Collectif National des Art-Thérapeutes, un club de personnes qui font les choses bien avec bienveillance et qui le font en plus de leurs activités professionnelles et familiales.

Je vais vous conter ma mésaventure avec un groupe de personnes qui constituent le Bureau du CNA-T.

D'abord, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, puisque je me suis mis dans l'idée de réformer l'art-thérapie française. Quelle folie m'a pris !


Bouddha disait déjà 2500 ans avant notre ère ; "Avec nos pensées, nous bâtissons notre monde !"


Ce à quoi Socrate a répondu 500 ans avant J-C :" On finit toujours par être dévoré par ses pensées !"

******
Mais commençons par le début.
J'ai entamé une observation clinique de l'art-thérapie française qui a donné lieu à une série d'articles que j'ai publié dans mon blog "Blogarat", le blog de l'Association de Recherche en Art et Thérapie.
Vous trouverez à la fin de cet article, les liens de tous mes articles.

Il s'agit avant tout d'un constat socio-professionnel sur le métier d'art-thérapeute, les formations à l'art-thérapie et le marché de l'emploi susceptible de procurer des débouchés aux centaines de personnes qui se forment à l'art-thérapie aujourd'hui en France !

En 2013, j'ai initié un "Questionnaire sur le positionnement professionnel des art-thérapeutes", et il en ressortait une grande disparité de positionnement, des formations et de la mise en oeuvre de l'art-thérapie par des personnes qui font de l'art-thérapie dans des champs très diversifiés comme le coaching en entreprise, le développement personnel, le bien-être et la spiritualité.

En 2016, je publie "L'Appel du 18 juin 2016 aux art-thérapeutes de France" pour fédérer une profession qui n'en est pas une, et qui reste toujours une spécialisation méconnue du fait de la disparité de ses formations et de l'emploi qui en est fait !

Encouragé par Nathalie Renault (danse-thérapeute à Bordeaux), avec qui nous convenons d'une nouvelle terminologie pour rénover l'art-thérapie française?
Face à la prolifération des art-thérapies, en effet nous trouvons l'art-thérapie expressive, l'art-thérapie créative, l'art-thérapie préventive, l'art-thérapie dynamique, l'art-thérapie curative, l'art-thérapie traditionnelle, l'art-thérapie moderne, l'art-thérapie évolutive, l'art-thérapie transformationnelle...

Pour nous dégager de cette querelle des modernes et des anciens penseurs de l'art-thérapie du XXe siècle, nous tombons d'accord sur une art-thérapie contemporaine du XXIe siècle qui fasse consensus
pour tous les art-thérapeutes de France.

Nathalie Renault m'encourage à démarrer une pétition sur Change.org, elle s'intitule "Art-thérapeutes, Debout !" qui propose un Diplôme d'Etat d'Art-Thérapeute (DEA-T) pour fédérer les nombreuses écoles et formations de l'art-thérapie française ( à ce jour plus de 130 formations recensées) et un syndicat d'art-thérapeutes qui ferait l'interface entre les professionnels et le Ministère de la Santé.

Et, c'est là qu'entre en scène Arnaud Ginions (étudiant en art-thérapie à Schème/Lyon) qui propose sur Facebook un Rassemblement National des Art-thérapeute pour que vive l'art-thérapie !
Je me dis chouette, nous allons y arriver, nous touchons enfin au Saint Graal...

Arnaud Ginions lance un APPEL A UNE PREMIÈRE RENCONTRE NATIONALE DES ART-THERAPEUTES le 25/11/2016, et nous ne sommes que 50 signataires, alors qu'il y avait plus de 700 amis sur FB :

Signataires fondateurs de l'appel
Christine Soler Pau (64) - Isabelle Schweitzer Bosdarros (64) - Arnaud Ginions Le Creusot (71) Christele Pinard Nantes (44) - Jean-Louis Aguilar Beziers (34 ) - Gilles Bardeau Beaumont  (07) Frederic Ryfer Toulouse (31) - Christine Peres Saint-Mathieu de Tréviers (34) - Valérie Landrault Poitiers (86 ) - Marina Caille Pierrefeu du Var (83) - Nathalie Renault Bordeaux (33) -  Anne-Sophie Bouxom Valenciennes (59) - Aurore Duc Bordeaux  (33) - Frédérique Fassot Vallon Pont Arc (07) - Stéphanie Arhel Le Crès (34)  - Sylvie Remy Pau (64) - Christelle Charbonneau Poitiers (86) - Marie Carré Toulouse (31)  - Élise Quillé Nancy (54) - Noonak Abou Abdellah Marseille (13) - Catherine Mirande Saint-Emilion (33) - Marine Garret Dijon (21) - Émilie Dorbane (44) - Sarah Pocah Marseille (13) Alexandra Bertrand (44) -  Virginie Boursier Deux Sèvres (79) - Pia Campos Bordeaux (33) - Agnès Bella Narbonne (11) - Sabine Mineur (51) - Karen Boetschi Bordeaux (33) - Sylvie Cormouls-Houlés Sainte Marie de Ré (17) - Cathy Guilbert Langon (33) - Catherine Fenouillas Bordeaux (33) - Matilde Cano Lopez Tours (37)  -  Cécile Fournier La Rochelle (17) - Laura Carton Limoges (87) - Philippe Teissier Poitiers (86) - Veronique Hilda Heim Strasbourg (67) - Amandine Mannessier Rochefort (17) - Louise Cohen Toulouse (31) - Carine Mahon  Bassin d'Arcachon (33) - Elodie Navarro Lyon (69) - Oceane Grim (06) - Marion Journaud La Rochelle (17) et à Niort (79) - Sarah Dufeutrelle Rennes (35) - Meena Saadane Palavas les flots (34) - Tiziana Alma Meyer Paris (75) - Bénédicte Carrière Montpellier (34) - Elsa Chassagnac Lyon (69) - Alexandra Stagliano Paris (75) - Clara Brasier Reims (51) - Mylene Marion Grenoble (38) - Joëlle Raysséguier Lavaur (81) - Juanita Kirch Carcassonne (11) - Sandrine Ferrari Villela-Grand  (74) - Ania Polfer Latour-Bas-Elne (66) - Cécile Louradour Gradignan (33) - Raynald Letertre Poitiers (86) - Marjorie Salvagni (Lisbonne) - Emilie Montialoux (81) - Joel Roth (68) - Catherine Olivo Claret (34) - Magali Magnoac (31) - Laure-Anne Bomati (44) -  Solène Sirvente Metz (57) - Karine Chaumont Reims (51) - Patricia Vidili Kaluzny, Rodemack (57)

Puis le jour du rassemblement est fixé, ce sera les 15 et 16 avril 2017 à la "Friche Lamartine" de Lyon.

Voici le programme des deux jours :

SAMEDI 15 avril 2017
9h30 Mise en place salle Zouc, Anne Marie, Stéphanie , Margaux
10h00/12h30 CONNAISSANCE
10h00 Stand inscription Zouc
10h00 Stand accueil/café une grosse cafetière 100 tasses, 9 paquets de café, une bouilloire 1 litre
2 bouilloires deux théières + thé une bouilloire + des  gobelets Fabienne,Virginie,Margaux
Faudra vous faire rembourser par rapport à la participation d'entrée
10h30 Atelier de médiation artistique pour faire connaissance
Anne-Marie et Davy
12h30 Repas partagé
14h00/17h00 RECONNAISSANCE
14h00 Reprise de la démarche et vœux d'Arnaud

14h15/15h45
Suite de la dynamique :

Motions 
Motion 1. Le Diplôme d'Etat d'Art-Thérapeute (DEA-T) par Jean-Louis Aguilar
Motion 2. Un syndicat d'Art-thérapeutes : Coordination Nationale des Art-thérapeutes (CNA-T) par Jean-Louis Aguilar

DEBATS/VOTE

Motion 1 Le Diplôme d'Etat d'Art-thérapeute (DEA-T)
Votants 38, contre 0, abstention 3, pour 35
La motion est adoptée par 35 votes sur 38 exprimés.

Motion 2 Un syndicat d'art-thérapeutes (CNA-T)
Votants 36, contre 0, abstention 2, pour 34
La motion est adoptée par 34 votes sur 36 exprimés.

17h00 clôture 

DIMANCHE 16 avril 2017
9h00/10h30 RECONNAISSANCE
9h00 Conséquence des décisions prises,organisation, action, Arnaud
10h30 Création d'un annuaire des art-thérapeutes
11h00/12h00 CONNAISSANCE
11h00 Une culture commune: « nos essentiels du métier» échange/débat Sandrine/zouk
12h00/14h00 Pause
14h00/16h30 CONNAISSANCE
14h00 Tables rondes : *code de déontologie en A-T et étique
*action promotion/sensibilisation
*réalité de terrain : les questions à se partager

16h30 Rangement salle
******
Avant de partir le samedi soir, j'ai bien précisé à Arnaud et Sandrine que je souhaitais faire partie du Bureau non pas comme Président, Secrétaire ou Trésorier mais comme membre du Bureau !
N'étant pas un homme de pouvoir mais un militant syndical, je laisse le champ libre à qui veut le prendre.
Mais dès le dimanche avril, il en fut tout autrement!
Et le vieil adage "les absents ont toujours tord" reprend du service.
Mes paroles ont été transformées, interprétées, manipulées pour leurs faire dire que je ne souhaitais pas être au Bureau du CNA-T.
Sous prétexte que je suis "connu", je suis exclu du Bureau et on me laisse un strapontin comme membre du CA, tout cela sans m'en avertir, et en se targuant d'être un groupe auto-gestionnaire et démocratique !

Déjà, tout juste constitué ce groupe dévoile des luttes de personnes et de pouvoir !
Et je ne peux que constater un flagrant délit de déni de démocratie.

Malgré mes protestations devant cette manipulation patente, je suis jugé et accusé de vouloir prendre le pouvoir et de manipuler le CNA-T, vous conviendrez que la ficelle est un peu grosse en termes de communication.

Je suis profondément déçu et blessé par ce rejet auquel je ne m'attendais pas, je me suis fait avoir comme un bleu !

Même Guy Lafargue s'en mêle sur la page FB du CNA-T, en appelant ses chers cousins à résister face à la méchante personne qui leur fait des misères !
Quand on sait dans quelle estime Guy Lafargue tient les art-thérapeutes (voir son ouvrage : "L'arthopédie à la casse !"), je ne peux que constater son opportunisme pour vendre de l'Art CRU !
Cher Guylaf, tu n'es plus à la mode, l'Art CRU c'est fini, maintenant recycles toi dans l'Art VEGAN, tu pourras côtoyer les grosses légumes !

Les choses s'enveniment, le Bureau m'accuse d'être connu et de nuire à l'image du CNA-T si j'en faisait parti. Elsa pose un ultimatum "Si Jean-Louis Aguilar fait partie du Bureau, je démissionne de la présidence !"

Margot* me téléphone le 21 juillet 2017 pour me dire que c'est pas bien ce que je fais et ce que je dis.
Voilà donc un club de trentenaires bien moralistes qui prêchent déjà le dogme.
Je ne peux m'empêcher de faire un parallèle avec les trentenaires macronistes qui sous prétextent de "bougisme" et de "dégagisme" évacuent les femmes et les hommes d'expérience.
A la question y a-t-il une différence entre la FFAT, la Ligue, la Guilde, l'Annuaire et le CNA-T ?
Margot me répond que se sont des associations très proches !

Alors , pourquoi une association de plus qui va encore brouiller les cartes !

Ils partirent à 9 dans ce Bureau le dimanche 16 avril 2017, il ne sont plus que 6 aujourd'hui, tous lyonnais ! C'est donc une association lyonnaise.
Les étrangers et les seniors ont été évacués, c'est bien dommage car j'ai rencontré des femmes d'expérience le samedi 15 avril, aucunes d'elles ne fait parti du Bureau.
C'est la première erreur commise par ce groupe de personnes de ne pas intégrer des art-thérapeutes d'expérience, des cliniciens, des psychothérapeutes...

La deuxième erreur fut celle de m'écarter du Bureau, car j'avais précisé à Arnaud Ginions que je serai au service du CNA-T et que mon association diffuserai sur le sud de la France les infos et servirai de relais pour les adhésions.

Que d'erreurs stratégiques, mes enfants, vous avez commis !
Mais, c'est de ses erreurs que l'on apprend aussi...

Dernier acte, le 21 juillet 2017,  publication des statuts de l'association CNA-T, c'est une coquille vide. Tous ces mois où Elsa me disait "on bosse" ! Ils n'ont fait qu'un copié-collé de statuts standards que l'on trouve sur internet, ils ne doivent plus abuser personne, arrêtons cette manipulation...

Oublié l' APPEL A UNE PREMIÈRE RENCONTRE NATIONALE DES ART-THÉRAPEUTES du 25/11/2016 et  les 50 signataires-membres fondateurs.
Oubliée la journée du samedi 15 avril et les deux motions votées par les présents à la Friche Lamartine.
Élément significatif, sur la photo du CNA-T, on peut lire "Création du Bureau dimanche 16 avril".

Toute cette manipulation était préparée d'avance par les lyonnais, que je n'hésite pas à appeler le "Gang des Lyonnais" avec à leur tête Elsa (art-thérapeute à Pôle emploi) et Arnaud (politicien local qui s'est présenté à la députation).
En recherche de pouvoir ?  Oui, sans  aucun doute !
Et dernière visite sur la page du CNA-T, mes paroles et mes écrits ont été censurés, la bienveillance triomphe sur le mauvais objet !
Une présidente de la pensée unique, de la censure, du bien-penser et du politiquement correct, voilà qui va arranger les affaires des art-thérapeutes.

Je me suis désinscrit de leur page FB, j'ai mieux à faire !
Je ne vais pas adhérer à cette mascarade.
Je préfère garder ma liberté de pensée !

Cette équipe de personnes si bienveillantes et qui font les choses si bien ne sont pas faites pour le syndicalisme mais pour entrer dans un ashram !
Le syndicalisme, c'est un combat !

Haré Khrisna, mes sœurs et mes frères !

Le CNA-T, un ashram de l'entre-soi !

Jean-Louis Aguilar / Art-thérapeute de pleine conscience



1. ARTICLES SUR L’ART-THERAPIE PUBLIÉS PAR JEAN-LOUIS AGUILAR

1. L'Art-Thérapie : qu'est-ce que c'est ?                                                                                 [mercredi 30 novembre 2011]
http://blogarat.blogspot.fr/2011/12/lart-therapie-quest-que-cest.html

2. 20 ans d'ateliers à visée thérapeutique PARCOURS ET CHEMINEMENT EN ART-THERAPIE [samedi 18 août 2012]
http://blogarat.blogspot.fr/2012/08/20-ans-dateliers-visee-therapeutique.html

3. L'Art-Thérapie en France aujourd'hui, commerce ou thérapie ? 
[mercredi 24 avril 2013]
http://blogarat.blogspot.fr/2013/04/lart-therapie-en-france-aujourdhui.html   
                              
4. Méthodologie du « Triptyque d'Art-Thérapie adapté à la Psychiatrie » 
Prises en charges des Psychoses en Art-Thérapie Institutionnelle
[jeudi 6 juin 2013]
http://blogarat.blogspot.fr/2013/06/methodologie-du-triptyque-dart-therapie.html 

5. Questionnaire sur le positionnement professionnel des art-thérapeutes
[samedi 6 juillet 2013]
http://blogarat.blogspot.fr/2013/07/questionnaire-sur-le-positionnement.html 

6. Chapitre 1 : Table ronde de la FFAT
[samedi 14 septembre 2013]
http://blogarat.blogspot.fr/2013/10/chapitre-1-table-ronde-de-la-ffat.html

7. Chapitre 2 : Mon Tour de France de l'Art-Thérapie dimanche 27 octobre 2013 http://blogarat.blogspot.fr/2013/10/chapitre-2-mon-tour-de-france-de-lart.html

8. Chapitre 3 : De la clinique à la mise en place d'un dispositif arthérapeutique
[mercredi 27 novembre 2013]
http://blogarat.blogspot.fr/2013/11/chapitre-3-de-la-clinique-la mise-en.html

9. Chapitre 4 : De l'art-thérapie et des art-thérapeutes
[lundi 17 février 2014]
http://blogarat.blogspot.fr/2014/02/chapitre-4-de-lart-therapie-et-des-art.html

10. Chapitre 5 : Ergothérapeute, un exemple à suivre pour les art-thérapeutes
[vendredi 2 janvier 2015]
http://blogarat.blogspot.fr/2015/01/chapitre-5-ergotherapeute-un-exemple.html

11. Chapitre 6 : "L'Art-thérapie est-elle suffisamment bonne pour être mise à la casse ?"
[mardi 20 janvier 2015]
http://blogarat.blogspot.fr/2015/01/chapitre-6-lart-therapie-est-elle.html 

12. Formation d'Art-thérapeute
[samedi 14 février 2015]
http://blogarat.blogspot.fr/2015/02/formation-dart-therapeute.html

13. Prise en charge des psychoses en Art-Thérapie Institutionnelle
[mardi 10 mars 2015]
http://blogarat.blogspot.fr/2015/03/prise-en-charge-des-psychoses-en-art.html

14. Un art-thérapeute récompensé et reconnu à Béziers 
[mardi 11 août 2015]
http://blogarat.blogspot.fr/2015/08/un-art-therapeute-recompense-et-reconnu.html

15. Béziers : "L'ARAT, pour l’amour de l’art et la passion de la thérapie" par Emmanuelle Boillot
[samedi 16 janvier 2016]
http://blogarat.blogspot.fr/2016/01/beziers-larat-pour-lamour-de-lart-et-la.html

16. Café-Littéraire à la Galerie "Le Passage"
[samedi 16 avril 2016]
http://blogarat.blogspot.fr/2016/04/cafe-litteraire-la-galerie-le-passage.html

17. Appel du 18 juin 2016 aux art-thérapeutes de France !
[samedi 18 juin 2016]
http://blogarat.blogspot.fr/2016/06/appel-du-18-juin-2016-aux-art.html

18. TOURSKY : La table ronde "Comment la culture, la créativité repoussent la solitude et la barbarie"
[mercredi 9 novembre 2016]
http://blogarat.blogspot.fr/2016/11/toursky-la-table-ronde-comment-la.html

19. On the road again with my art-therapy – Thème : Art-Thérapie et créativité 
Centre de Formation Le Baobab à Pau
[samedi 4 mars 2017]
Une journée de formation avec Jean-Louis AGUILAR / Art-thérapeute
http://blogarat.blogspot.fr/2017/03/on-road-again-with-my-art-therapy.html 

20. L'Appel des 50 pour sauver l'Art-Thérapie française !
APPEL A UNE PREMIÈRE RENCONTRE NATIONALE DES ART-THÉRAPEUTES FRANÇAIS
[dimanche 19 mars 2017]
http://blogarat.blogspot.fr/2017/03/lappel-des-50-pour-sauver-lart-therapie.html

21. Une journée à LA SOURCE !
[samedi 26 août 2017]
Avec Nathalie Renault / enseignante et art-thérapeute présidente et fondatrice de l'Atelier N.O.R.A. (Nouvel Outil de Résilience par l'Art (et la pleine conscience))
et Jean-Louis Aguilar / art-thérapeute, président de l'Association de Recherche en Art et Thérapie (ARAT) et enseignant d’Art-Thérapie et Médiations Thérapeutiques
http://blogarat.blogspot.fr/2017/07/une-journee-la-source.html 


2. ETUDES :

Bac A4 Philo-lettres

Infirmier Diplômé d’Etat du Centre Hospitalier de Béziers

DU de « Psychiatrie, Psychothérapies médiatisées et Créativité »
Dirigé par le Dr François Granier / CHU Purpan
Faculté de Médecine Paul Sabatier de Toulouse

Certificat de Praticien en Art-thérapie INFIPP de Lyon

Certificat de Praticien en médiation corporelle et relaxation
CRESMEP (Centre de psychosomatique relationnelle de Montpellier)
Dirigé par le Dr Pierre Boquel

DU de « Médecine, Méditation et Neurosciences »
Dirigé par le Dr Jean-Gérard Bloch
Faculté de Médecine de Strasbourg

3. Enseignant-formateur :

Enseignant-vacataire au CHU Purpan de Toulouse
DU « Psychiatrie, Psychothérapies médiatisées et Art-thérapie »
Dirigé par le Dr François Granier

Enseignant-vacataire à l’Université Jean Jaurès de Toulouse
DU « Art-thérapies » dirigé par le Pr. Jean-Luc Sudres
Membre de l’équipe pédagogique du DU Art-thérapies du Pr Sudres

Chargé de cours et chercheur en Art-thérapie au CEPPA
Centre Européen de Psychologie clinique et de Psychanalyse
Dirigé par le Dr Fred Fliege à Frontignan

Enseignant-vacataire à l'Université de Gérone (Espagne)
Master d'art-thérapie sous la direction pédagogique de Miguel Izuel
Président du GREFART de Barcelone

Formateur auto-entrepreneur en Art-thérapie et médiations thérapeutiques, artistiques et culturelles

4. Engagement citoyen et associatif :

Membre de la SIPE-AT (Toulouse)
Membre de la SFPE-AT (Paris)

Président de l’Association de Recherche en Art et Thérapie (ARAT)
• Directeur de Recherche Associative au CSRA (Comité Scientifique de Recherche Associative de l’ARAT)

Engagement  bénévole dans une association de Béziers « Béziers Plaisir » avec deux ateliers de créativité gratuit et ouvert à tous.

5. Création et créativité :

Peintre-photographe, conférencier, art’blogueur et voyageur…

*voir et entendre Margot qui donnait la goutte-goutte à son chat par Georges Brassens !

jeudi 10 août 2017

Vancouver Outsider Arts Festival


11-12 août 2017 
Présenté par Community Arts Council of Vancouver 
en partenariat avec Roundhouse Community Center
Vancouver, BC 
ADMISSION GRATUITE 

Une fois connue sous le nom d'Art Brut, Outsider Art fait référence au travail d'un artiste qui a peu ou pas de contact avec le monde de l'art traditionnel, incluant souvent des artistes à faible revenu, visionnaires, folkloriques et autochtones et des artistes ayant des diagnostics de santé mentale. Des sorties et festivals d'art hors pair se déroulent à Londres, à New York et à Paris. Étant donné le nombre d'artistes étrangers de Vancouver, nous constatons une énorme valeur dans ce mouvement inclusif. *

Le Festival inaugural des arts de Vancouver Outsider offre l'accès au public, aux clients, aux pairs, à la communauté et à l'apprentissage des artistes qui n'ont actuellement pas accès aux marchés traditionnels ou aux institutions culturelles.

Contrairement à de nombreuses foires d'art, les artistes de performance et visuels sont invités à partager leur travail, à développer leurs compétences et à renforcer leurs liens avec la communauté.

Exposition et vente
Vendredi de 11h00 à 21h00
Samedi de 10 h à 16 h


Vendredi 11 août
12 heures - Manifestation artistique 
16h00 - Réception d'ouverture 
7h00 - Stage "Illicité"


Samedi 12 août
10 heures - Atelier "Affaires fondamentales pour les artistes" 
12h00 - Manifestation de l'artiste 
1 heure du matin - Vitely Arts Showcase with Global Party Starters, Andrea Hollebakken, Mitcholos Touchie, M. Pyress Flame, Highs and Lows Choir, John Jaworski et Jan Cameron, Minah Lee, Claire Love Wilson, Victoria Gibson, Andrea Welsink Dance


*On reconnaît rarement comment, à travers l'histoire, l'art créé par ceux qui s'identifient comme «étrangers» influence profondément les tendances, l'esthétique et l'évolution de la pensée culturelle dans le courant dominant. Outsider Art peut être évocateur, prophétique, subversif, et peut attirer notre attention sur les héritages culturels et les compréhensions qui sont souvent marginalisés, mais qui façonnent profondément notre société.

Il y a autant de définitions de Outsider Arts que d'artistes qui s'identifient comme étrangers. Le Vancouver Outsider Arts Festival vise à créer un espace pour le dialogue, l'exploration et la découverte partagée de ce que Outsider Arts signifie ici, dans ce lieu, en ce moment, et de sa contribution à la façon dont nous nous entendons en tant que société.

http://www.cacv.ca/programs/vancouver-outsider-arts-festival/

Mis en ligne par Pierre Leichner, correspondant de l'ARAT au Canada

dimanche 6 août 2017

Edgar Morin : « Il n’y a pas de solution, mais il y a une voie »


Dossier – Nous avions laissé Edgar Morin en 2011 inquiet de voir les hommes avancer « comme des somnambules vers la catastrophe ». Trois ans plus tard, le philosophe se dit affligé par la pauvreté de la pensée contemporaine, mais affirme déceler sur la planète de multiples signes, certes atomisés, qui augurent de futures métamorphoses. Pour lui qui a traversé le XXe siècle, c’est dans « l’inespéré que réside l’espoir ». A condition de maintenir la résistance face à la « double barbarie du vichysme rampant et du néolibéralisme ». 
Terra Eco 25 01 2015 
(Illustrations : Frédérique Bertrand pour « Terra eco ». Photo : Jean-Luc Bertini – Pasco)

Edgar Morin, comment va notre monde ?
Il va de mal en pis. Les processus qui nous poussent vers des catastrophes – dont on ne peut prévoir ni la date ni l’ampleur, mais qui seront certainement interdépendantes – continuent. Je pense à la dégradation globale de la biosphère. Les Etats ne sont pas prêts à quitter à la fois ce qui constitue leur égoïsme et leurs intérêts légitimes. Je pense à la prolifération des armes nucléaires qui se poursuit, au recours à l’énergie nucléaire pacifique, dont aucun effort sensible, hormis quelques exemples locaux, comme en Allemagne (Le pays va abandonner totalement l’atome d’ici à 2022, ndlr), ne vise la réduction massive.
Je pense, bien entendu, à l’économie, qui est non seulement dérégulée, mais saute de crise en crise. Ce système est dirigé par des économistes dominants qui représentent la doctrine officielle pseudo-scientifique et continuent de nous assurer que tout va bien. Je vois l’Europe toujours au bord de la décomposition, sans que l’élan nouveau d’une métamorphose ne se produise. J’observe la domination insolente de la finance sur le monde qui dure, y compris à l’intérieur des partis politiques. Le poids de la dette que l’on fait peser sur nos têtes sans que l’on essaie de réfléchir pour voir si elle est remboursable et quelle est la part justifiée… Enfin, j’ajoute à cette crise économique et de civilisation ce paradoxe incroyable qui fait que l’on continue à apporter comme solution aux pays – qu’on appelle – en voie de développement ou en cours d’émergence, la solution du monde occidental, alors que notre civilisation elle-même est en crise. Notre civilisation malade, voyez-vous, se propose comme une médecine pour les autres ! Elle apporte avec elle la dégradation des solidarités.

Votre constat est très sombre…
Je ne vois pas, sinon dans l’inespéré, la lueur de l’espoir. Toutes ces conditions critiques provoquent des angoisses tout à fait compréhensibles, car il existe une perte d’espoir en l’avenir. La précarité grandit. Pas seulement chez les jeunes et les vieux, mais aussi au sein des classes moyennes qui se trouvent déclassées. La précarité de tous les êtres humains grandit au rythme de la dégradation de l’état de la planète. Et au fond cette précarité devient source d’angoisses qui elles-mêmes emportent vers des régressions politiques et psychologiques très graves.

Lesquelles ?
Nous en voyons les premiers symptômes avec l’émergence de ceux que l’on appelle sottement les « populistes » car on n’a pas trouvé le mot pour les qualifier. Ce sont des formes de recroquevillement sur des identités nationales ou raciales, avec des phénomènes de rejet. Regardez la France : les boucs émissaires y prolifèrent. Vous avez un fantasme d’invasion de migrants africains, maghrébins et roms. J’y vois personnellement un signe clair de la dégradation de l’esprit public. Regardez les manifestations contre le mariage pour tous. L’état d’esprit au moment de ce mouvement était tel qu’une grande partie de la population attachée à l’idée du mariage, au lieu d’y voir une extension de la sacralisation du mariage – puisque même les homosexuels en voulaient –, y ont vu une profanation !

Le recroquevillement a même été plus loin…
Les familles – elles-mêmes en crise depuis des années avec la fin de la grande famille, le fait que les vieux sont éjectés dans des asiles, que les couples se séparent – sont allées chercher de nouveaux fantasmes. Elles se sont jetées sur la rumeur de la disparition de l’enseignement du sexe humain. Tout cela est tout à fait malsain. D’autant plus que ces idées stupides se répandent au milieu d’un vide de la pensée politique, un vide de la pensée sociologique et historique.

Ce que vous appelez notre « somnambulisme » gagne donc du terrain.
Les signes inquiétants se multiplient et s’aggravent. Pendant ce temps, on agite nos gris-gris de la compétitivité et de la croissance. Nous sommes enfermés dans des calculs qui masquent les réalités humaines. On ne voit plus les souffrances, les peurs, les désespoirs des femmes, des hommes, des jeunes, des vieux. Or, le calcul est l’ennemi de la complexité, car il élimine les facteurs humains qu’il ne peut comprendre.

Nous sommes devenus aveugles. Pourquoi ?
On nous a enseigné à séparer les choses et les disciplines. Nos connaissances sont compartimentées. S’il y a toujours eu des phénomènes complexes, cette complexité s’est accrue avec la mondialisation. Résultat, notre pensée s’avère de plus en plus incapable de traiter les problèmes à la fois dans leur globalité et dans les rapports de cette globalité avec les parties. Pour s’en sortir, il nous reste les rapports d’experts, qui sont eux-mêmes des rapports de spécialistes… Et, comme l’on souffre d’une absence de pensée, on arrive à se convaincre que l’on va trouver des éléments d’information à l’intérieur de tableaux remplis de chiffres. Or, plus on a recours aux chiffres pour comprendre la réalité humaine, moins on la comprend, parce que les chiffres ne nous parlent ni des souffrances, ni des humiliations, ni des malheurs, ni de l’essentiel : la solidarité, l’amitié, l’amour.


Serions-nous aveugles et malades ?
C’est un phénomène anthropologique. Héraclite dit : « Eveillés, ils dorment. » Il nous dit cela, parce que dans le fond, l’Homo sapiens est aussi un Homo demens. Il y a une capacité d’illusion et de délire chez l’être humain. Les hommes ont créé des dieux, ils sont nés de nos esprits, et pourtant, à peine nés, nous les supplions, nous les adorons, nous leur léchons le cul et nous tuons s’ils nous demandent de tuer. C’est ça, l’humanité ! C’est une chose bizarre.

On apprend et on enseigne donc mal ?
Regardez la Seconde Guerre mondiale. Pourquoi avons-nous marché comme des somnambules vers cette catastrophe ? La réponse est simple : les sources d’illusion, d’erreurs et de connaissances partiales sont très répandues. A l’époque et à de multiples reprises dans l’histoire, nous n’avons pas fait l’effort de lutter contre les possibilités d’illusion, d’erreurs et de partialités. Il nous manque ce que j’ai appelé la « connaissance de la connaissance ». Résultat, tout le monde tombe dans ces pièges, et nous prenons conscience de la réalité de nos erreurs une fois qu’elles sont très largement commises et qu’il est trop tard pour les réparer.

Pourquoi ? Est-ce de la paresse ?
Oui, du laisser-aller. Et aussi l’absence d’un renouvellement de la pensée. A d’autres époques, vous aviez tout de même des Karl Marx (philosophe allemand, ndlr), Tocqueville (précurseur de la sociologie français, ndlr) ou Max Weber (économiste et sociologue allemand, ndlr)… Chacun, à sa façon, mettait le doigt sur un problème réel. Aujourd’hui encore, leur pensée est en partie valable. Il faut les relire et surtout apporter des éléments nouveaux. Comprendre, par exemple, pourquoi Marx était aveugle sur l’Etat, tout en étant très lucide sur la mondialisation, avant même qu’elle ne se développe. Je pense que le monde cognitif de l’université et de l’école, en morcelant toujours le savoir, nous empêche de comprendre les problèmes fondamentaux et globaux. Il y a donc une forme de dérive et de désarroi.

Il y a aussi une profusion d’informations…
Nous sommes aujourd’hui incapables d’organiser l’incroyable prolifération des informations qui, en plus, se succèdent jour après jour sans interruption. Elle rend notre esprit de plus en plus incapable de savoir et de comprendre ce qui se passe autour de nous. Et comme nous vivons une évolution accélérée des choses et que, dans cette accélération, il est déjà difficile de prendre conscience d’un événement, nous avons besoin d’un certain temps de retard et de recul.



Que nous n’avons pas…
Mais regardez l’état du monde ! Il a énormément changé ! On peut nommer tous ces processus« mondialisation », mais c’est seulement une façon de les nommer. En réalité, rien que dans le cas de la France, nous avons tout de même assisté en un seul demi-siècle à la fin du monde paysan, à l’urbanisation de notre société, à la fin de notre monde industriel, à l’apparition d’une civilisation de services, à une hyperbureaucratisation qui enferme encore plus les gens, à une perte de la notion de solidarité qui nous rend incapable d’être solidaires, pas seulement à l’intérieur de notre propre pays, mais avec tous les autres humains… Les causes profondes de notre aveuglement se combinent et se multiplient. Et c’est vrai, il est difficile de se réveiller.

Nous sommes, dites-vous, dans une nouvelle forme de somnambulisme…
Oui. Le mal du XXe siècle s’est annoncé en 1914. Le mal du XXIe siècle s’annonce dans l’accumulation des nuages noirs, les déferlements de forces obscures, « l’aveuglement au jour le jour », écrivais-je récemment dans une tribune. La comparaison ne porte pas sur la nature des événements, qui sont tout à fait différents. Mais il y a quelque chose de commun : c’est la crise économique. Celle de l’avant-guerre a surgi avec une très grande brutalité sur l’Allemagne, qui était le pays le plus industrialisé de l’époque. Vous aviez un phénomène d’aveuglement énorme. En France, on ne s’est pas rendu compte qu’avec Hitler l’Allemagne redevenait une puissance expansionniste qui allait devoir chercher ses colonies dans le monde européen, alors que l’Angleterre et la France les avaient déjà trouvées en Afrique et en Asie. Cet expansionnisme, on pensait pouvoir l’arrêter ou faire des compromis. Or, à chaque fois qu’on a cru l’arrêter, on l’a accru. Regardez l’exemple de Munich. Nous avons nous-mêmes provoqué le pacte germano-soviétique (signé en 1939 entre le IIIe Reich et l’URSS, ndlr) qui a tout déclenché. Alors aujourd’hui, certes, il n’y a pas de puissance expansionniste, sauf peut-être la Russie qui souhaiterait retrouver d’anciens territoires. Mais les choses se placent sur un autre plan, notamment à travers des conflits de toutes sortes, avec des connotations ethno-religieuses.

Notre civilisation se cherche-t-elle un cap ?
Il y a eu l’effondrement du communisme. Pas seulement à travers l’implosion de l’Union soviétique, mais avec la fin de cette immense religion de salut terrestre, la seule immédiatement universelle ! Dans le cas du christianisme ou de l’islam – avec leurs bourreaux, leurs martyrs, leurs héros –, il a fallu beaucoup plus de temps. Cette immense religion qu’est le communisme a donné de l’espoir et une croyance folle. Mais malheureusement pour elle, on pouvait vérifier sur terre qu’elle était fausse, car elle prétendait s’être déjà réalisée. Sa chute a ainsi redonné leurs chances aux religions traditionnelles, dont on ne peut vérifier leur réalisation dans le ciel. Au fond, il y a un besoin de ferveur, de foi et de salut chez l’être humain. Ce besoin est à degrés variables, selon l’individu et selon les périodes. Aujourd’hui, en période de crise, vous pouvez assister à un déferlement des religions, dont certains aspects sont fanatiques, comme la branche « al-qaïdiste » ou les évangéliques américains, et, un peu partout, à des guerres à composante religieuse, depuis la Yougoslavie en 1991 jusqu’au Soudan et au Nigeria aujourd’hui. Si tous ces conflits semblent aujourd’hui localisés, on oublie toutefois que celui de la Syrie est en fait une guerre civile internationalisée. L’Arabie saoudite, le Qatar, la Russie, l’Iran, les Occidentaux – même chichement –, tout le monde intervient déjà dans cette histoire ! On va vers des conflits à la fois locaux et internationaux, de la même façon que l’a été la guerre d’Espagne à une autre époque (1).

En Ukraine ?
On en revient à la question de notre aveuglement. Non seulement l’Europe n’a pas de moyens militaires pour faire pression sur la Russie, mais elle n’a pas du tout envie de mettre en place des sanctions économiques. L’Europe, tout en ayant un discours de matamore à l’attention de Vladimir Poutine, continue de commercer avec la Russie. On menace et on demande du gaz, on vitupère et on offre trois navires de guerre. On n’a pas de stratégie, on n’a pas de pensée, on n’a pas de politique, et cela concourt à l’aggravation des choses.

Où sont les penseurs, les enseignants, les médias, les politiques ?
Vous savez, les responsables sont irresponsables. Il y a eu une usure totale de la pensée politique. A gauche, notamment. A droite, il n’y avait pas réellement de besoin. Il leur suffisait d’administrer les choses telles qu’elles sont. Mais, pour tous ceux qui se proposaient d’améliorer ne serait-ce qu’un peu le monde, il y avait besoin d’une pensée. Tout cela s’est vidé. Et non seulement cela s’est vidé, mais ce vide s’est rempli avec de l’économie, qui n’est pas n’importe laquelle. C’est une doctrine néolibérale qui s’est prétendue science au moment où les perroquets répétaient que les idéologies étaient mortes parce que le communisme était mort ! Cette nouvelle idéologie portait l’idée que le marché est solution et salut pour tous problèmes humains. Et ces politiques y ont cru. Jusqu’à aujourd’hui où ils rêvent de la croissance… Ils n’ont même pas l’intelligence d’imaginer ce qui peut croître et ce qui peut décroître en essayant ensuite de combiner les deux.

Comment notre civilisation peut-elle se réveiller et aller de l’avant ?
Comme souvent dans l’histoire, les forces de changement sont marginales, périphériques et déviantes. Nous les voyons dans le monde et en France. Je pense au courant convivialiste, par exemple. Ce courant prône que les gens doivent bien vivre les uns avec les autres. On le retrouve partout où l’on peut noter un réveil de la vitalité créative, comme dans l’agroécologie et ses différents rameaux : l’agriculture raisonnée, le retour de l’agriculture fermière avec l’apport de la science, le bio. Dans le courant de l’économie sociale et solidaire, avec une revitalisation des coopératives et des mutuelles. Dans l’économie circulaire, où les énergies classiques sont renouvelées avec de l’énergie propre. Dans les villes qu’il faut entièrement dépolluer et déstresser, les campagnes qu’il faut révolutionner pour les faire revenir à une échelle humaine et biologique. Une formidable révolution est en marche, mais elle se manifeste par des éléments très dispersés : des petits bouts d’écoquartiers ici, des fermes des Amanins par là (centre d’agroécologie créé par Pierre Rabhi dans la Drôme, ndlr)…

Cette transition douce peut-elle suffire ?
Nous partons de quasiment zéro. Nous sommes dans la préhistoire d’un mouvement naissant qui ne demande qu’à se développer. Bien entendu que c’est insuffisant, mais tous les exemples historiques de transformation véritable ont été déviants au départ et parfois même incompris et persécutés. Ce n’est pas seulement vrai pour Bouddha, Jésus ou Mahomet, c’est vrai pour les débuts du socialisme. Marx et Proudhon (économiste français, ndlr) étaient isolés et méprisés par des intellectuels. Même chose pour les débuts du capitalisme. Nous sommes engagés dans une course de vitesse. Et, dans cette course, les processus négatifs sont beaucoup plus rapides que les processus positifs, qui eux-mêmes hésitent. A un moment donné, nous pourrons passer une vitesse supérieure. Ce sera le temps, j’espère, où les idées nouvelles se répandront de façon épidémique.

Un exemple ?
Nous sommes, je crois, quelques-uns à penser que les produits de l’agriculture industrialisée sont insipides, standardisés et porteurs de pesticides. Il y a quelques années, un courant de commerce écologique a commencé à se créer. Des magasins bios sont apparus et les grandes surfaces ont commencé a se doter de rayons spécifiques. Ce courant, cherchant une nourriture saine et authentique, a permis l’émergence des Amap (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) un peu partout. Voyez comme ces phénomènes naissants se développent, s’agrègent. Regardez la ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui veut apposer des étiquettes de couleur – des feux tricolores –, selon le degré de sucre des produits. Voilà un chemin ! Ce que je veux dire, c’est qu’il existe un début de prise de conscience malgré l’inertie. Si ce courant continue sa progression, si on limite les grandes surfaces et que l’on rend possible la restitution des commerces de proximité, et que l’on parvient au moment critique où un phénomène micro devient macro, eh bien, y compris sur le plan des idées, les bonnes volontés se rassembleront et se développeront.

Nous n’en sommes pas encore là !
Regardez la favela Conjunto Palmeiras, dans le Nordeste, au Brésil, où l’on a créé une communauté de 20 000 habitants dotés d’une monnaie spécifique. Il y a comme ça des exemples incroyables partout dans le monde. Mais on ne les relie pas. On ne les connaît pas. L’avenir va se faire dans la conjonction. Les ruisseaux se rencontrent pour former des rivières, les rivières, des fleuves, et c’est de cette façon que l’on arrive finalement à changer de voie. Mais on ne peut pas changer de voie par décret. Il faut oser aller dans le mouvement avec des chances de réussite et des risques d’échec. Cela ne sera pas la première fois que l’on échoue. Quand j’étais adolescent, j’étais de ceux qui avaient compris qu’il fallait chercher la troisième voie. Pourquoi ? La voie du communisme stalinien n’était pas bien, celle du fascisme non plus, celle de la démocratie était en crise pourrie… Nous cherchions la troisième voie qui permette la liberté, qui soit sociale. La guerre est arrivée et a tout cassé. Je me suis engagé dans la résistance communiste, alors que j’étais antistalinien… Je vous raconte cela, parce qu’il y a des moments où il faut savoir changer de voie. Aujourd’hui, il faut explorer de nouvelles voies ! Est-ce que nous allons réussir ? Je ne sais pas. Mais il faut encourager tous ceux qui veulent aller vers ce chemin, qui acceptent de « conscientiser » – comme peut le faireTerra eco – sur tout ce qui se passe, de la consommation à la production, sur la vie quotidienne et le sens de la vie.

C’est d’une révolution que vous parlez ?
Dans mon ouvrage La Voie, j’ai essayé de montrer qu’il fallait tout réformer en même temps. Et pas seulement sur le plan des objectifs économiques et sociaux, mais aussi notre façon de vivre ! Pas seulement sur un plan subjectif et moral, mais sur la famille, les solidarités, les amitiés et même la mort ! Vous observerez qu’alors que nous sommes ici dans un monde laïc, il n’y a même pas de cérémonie pour accompagner nos morts.

Les Indignés, les « printemps arabes » ont fait long feu…
La tendance lourde nous envoie vers la catastrophe, mais nous avons des signes, malheureusement dispersés et minoritaires, qui nous permettent de penser que nous pouvons apercevoir des voies de salut. A l’époque des printemps arabes, on a eu, comme en 1789, un lever de soleil. Mais la Révolution a ensuite été suivie de la Terreur et de Bonaparte… Alors, ne simplifions pas les choses. Cessons d’applaudir puis ensuite de gémir. Nous sommes dans l’aventure historique, et elle est complexe. Ce qui a manqué aux printemps arabes, qui véhiculaient une magnifique aspiration à la liberté et à la fraternité, c’est une pensée. Une fois la tyrannie cassée, les initiateurs – une jeunesse laïcisée accompagnée de non-laïcs ouverts – se sont retrouvés perdus, divisés. Ils ne savaient plus quoi faire. Pour les Indignés (mouvement qui a vu le jour en Espagne, ndlr), c’est pareil. Ils étaient mus par une aspiration des plus justes, en allant même parfois assez loin, comme aux Etats-Unis avec le mouvement Occupy Wall Street, mais il manquait, là aussi, une pensée.En France, ce fut le calme plat…

Ici, Nicolas Sarkozy a réussi à tuer le mouvement dans l’œuf. Il y a eu une tentative d’occupation autour de La Défense où des tentes ont été plantées. La police a tout balayé. Vous savez, une bonne dictature sait tuer dans l’œuf la dissidence. Maintenant, il est vrai que nous avons un problème en France. Jusqu’à présent, la jeunesse était de gauche et révolutionnaire. Le symbole, c’était Mai 1968. Or, on a vu pour la première fois une partie importante de la jeunesse dans les manifestations contre le mariage pour tous. Il s’agissait d’une jeunesse de droite et pas seulement extrémiste. Quant à la culture de gauche chez les jeunes, on assiste à son dépérissement. C’est un phénomène que je considère comme catastrophique. Au début du XXe siècle, cette culture était transmise par les instituteurs de campagne, mais il n’y a plus de campagnes, ni d’instituteurs. Les enseignants du secondaire sont aujourd’hui des bureaucrates enfermés dans leur discipline. Les partis politiques qui formaient aux idées d’internationalisme et d’ouverture sur le monde ont soit disparu, comme le Parti communiste, soit se sont dévitalisés, comme le Parti socialiste. Il n’y a plus rien pour entretenir la flamme née en 1789 et qui, à travers des aventures historiques, a toujours ressuscité. Nous faisons partie du désastre. Et il est très difficile de résister.

Contre qui ? Contre quoi ?
On n’a pas trouvé le mot pour qualifier l’ennemi. On l’appelle « populisme ». C’est dommage, parce que c’est un très joli mot. En Amérique latine, les premiers grands mouvements de lutte contre les féodaux et les militaires étaient les mouvements populistes : des mouvements populaires contre les féodalités. Alors, quand je vois qu’ici on prend ce mot-là, ça me fait mal. C’est un contresens à contre-emploi. Vous savez, les grandes batailles se gagnent sur le vocabulaire. Quand on est incapable de nommer correctement les choses, on ne va pas très loin. Moi, je parle d’un vichysme rampant sans occupation. Mais ce n’est pas une vraie définition. Cette deuxième France, vaincue sous la IIIe République et minoritaire, ressort aujourd’hui avec tous ses fantasmes : le racisme, la peur de l’étranger, de l’autre. Avant, c’était l’antisémitisme, aujourd’hui, c’est l’anti-islam.

Ce mouvement, qui s’est illustré par la victoire du Front national aux européennes en mai dernier, semble profond. Le terreau d’une insurrection des idées s’est-il évanoui ?


Nous sommes dans une époque de régression. C’est ce qui est inquiétant et cela fait partie du courant catastrophiste dont j’ai parlé. L’abstention et le FN se sont partagés la victoire, la démocratie a subi la défaite.


Comment aider à faire basculer les choses ?
Ne cherchons pas de recettes de cuisine. Il n’y a pas de solution, mais il y a une voie. Si on emprunte cette voie, alors tout devient possible. Vous savez, c’est un poète allemand qui a dit : « Le but et le chemin se confondent. » Nous devons nous trouver sur un chemin, et c’est dans ce chemin que les transformations se feront. Alors, tant que les chemins ne sont pas constitués, il faut essayer de livrer un message par les moyens dont on dispose. Dans le temps, des orateurs allaient de ville en ville. Aujourd’hui, on utilise les radios, les revues, Internet… Regardez le message chrétien. Il est parti de Paul. C’est un message qui a incubé pendant trois siècles dans l’Empire romain avant de rencontrer des circonstances favorables, quand la mère de l’empereur Constantin, devenue chrétienne, a fait qu’il se convertisse, ce qui a accéléré le processus. Là, il faudrait que la mère de François Hollande se mette au bio, peut-être ! Il y a donc des événements inattendus, inespérés qui arrivent.

Ce sont les cinq principes d’espérance que vous énoncez dans votre ouvrage La Voie…
Oui. Je suis incapable de les réciter, mais il y a l’inattendu, les capacités créatrices de l’esprit humain, il y a le fait que là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve… Sinon, qu’est-ce qu’on peut faire ? Ne surtout pas se laisser décourager. Continuer.

D’où tirez-vous votre force, Edgar Morin ?
Je crois que, malgré l’adversité, je me sens stimulé de voir que l’on a affaire à deux vieilles barbaries. Celle que l’on connaît, l’ancienne – de la cruauté, de la haine, du mépris –, et la nouvelle – glacée – des calculateurs et des éconocrates. Nous devons résister aux barbaries, qu’elles s’appellent vichysme rampant ou néolibéralisme. Cette résistance me rend vivant. La force qui m’anime vient d’une certitude. Je sens présente en moi l’humanité dont je fais partie. Non seulement je suis une petite partie dans le tout, mais le tout est à l’intérieur de moi-même. C’est peut-être cela qui me donne l’énergie de continuer sur la voie qui est la mienne. Et à un moment donné, sans que vous ne sachiez pourquoi, c’est comme une catalyse, quelque chose se passe, se transforme, bascule… C’est cela, l’espoir.

Et l’humanisme ?
Ce que j’appelle l’humanisme va plus loin que de considérer que tout être humain peut être reconnu comme tel. Le mot « reconnaissance » est un mot très important. Réfléchissez à cela : être « reconnu » dans sa qualité humaine… Montaigne a dit : « Je vois en tout homme mon compatriote ». C’est une chose fondamentale qu’il faut maintenir contre vents et marées, surtout à une époque régressive comme la nôtre, où le somnambulisme est de retour. Pour moi, l’humanisme va toutefois au-delà. C’est le sentiment que je fais partie d’une aventure qui est l’aventure humaine. Une aventure incroyable sortie de l’hominisation de la Préhistoire, de la chute des empires… Parvenue jusqu’à nos jours où les possibilités scientifiques permettent une vitesse vertigineuse de l’information. Nous sommes dans cette aventure inouïe et encore inconnue. Et, dans cette aventure, je crois qu’il faut jouer ce rôle que l’on peut assumer : la solidarité.

La transition est donc possible ?
Pensez à l’Europe médiévale qui est passée en quelques siècles de l’obscurité à l’Europe moderne. Vous aviez un monde féodal et, à partir du XIIIe siècle, tout cela a commencé à s’agiter. Les nations modernes se sont formées, les villes se sont élevées, le capitalisme s’est développé, avec la Renaissance, la pensée a grandi et dans tout ce processus sont apparues les sciences, les techniques, la machine à vapeur… Aujourd’hui, ce que j’appelle la métamorphose de notre société doit se faire à l’échelle de la planète. Une société-monde doit naître en respectant les différences, les nations, les territoires. Et, pour avancer sur ce chemin, il faut penser des vérités contraires : la croissance et la décroissance, par exemple. Ou le fait que plus on mondialise, plus on doit sauver les territoires dans leur singularité. Ce chemin est donc très difficile et il faut pour l’emprunter parvenir à un niveau de pensée que le monde de l’élite intellectuelle, malheureusement, ne favorise pas. Au contraire, il encourage les idées particulières. Quant à la philosophie officielle… C’est malheureusement une philosophie qui encule les mouches.

Edgar Morin, la poésie peut-elle nous sortir de notre somnolence ?
(Sourire) La vie a deux pôles : le prosaïque – les choses qui nous emmerdent et que nous sommes contraints de faire pour survivre – et le poétique. Or, la vie, c’est la poésie ! C’est de l’effusion, de la communion, de l’amour, de la fraternité. Et c’est précisément cette poésie que les politiques ont perdue de vue. Donnons un sens prophétique au vers d’Hölderlin : « Poétiquement l’homme habite la terre » ! —(1) Cet entretien a eu lieu avant le conflit à Gaza.

Sources :
Article publié dans le N° 60 – septembre 2014
Notre futur, par Edgar Morin
http://www.terraeco.net/Edgar-Morin-Il-n-y-a-pas-de,56141.html

EDGAR MORIN EN DATES
Philosophe et sociologue, il a résisté au stalinisme, au nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale, à la guerre d’Algérie et à bien d’autres formes de barbarie.
1921 Naissance à Paris
1939 Rejoint la Résistance, puis entre au Parti communiste, avant d’en être exclu en 1951
1977 Publication du premier tome de La Méthode (Le Seuil)
2011 Publication de La Voie (Fayard)
Septembre 2014 Publication de Enseigner à vivre (Actes Sud)