mardi 28 juillet 2015

Colloque d'Art-Thérapie : "La Diagonale du Sud"

TOULOUSE
                  SALLE DU SÉNÉCHAL
                                                         02 et 03 OCTOBRE 2015





C’est un fait à la fois historique et géographique que dans les années 80 ont fleuri dans nos régions méridionales les premières et les plus durables initiatives structurées au bénéfice de l’Art-thérapie. Des services ont su l’organiser et la valoriser avec un recul d’une trentaine d’années.

Ils longent tous nos canaux du midi. Il est remarquable que ces mêmes lieux virent la naissance des pères de la psychiatrie moderne (Pinel, Esquirol, Falret,…) et bien d’autres expériences novatrices (psychothérapies institutionnelles…). De même, sont descendus sur les bords de la Méditerranée tous ces artistes qui ont trouvé là un terrain d’inspiration particulier, terre qui avait déjà généré la poésie de l’amour courtois ou l’esprit libre des hérésies. Ces répétitions à partir de ce bassin de culture nous interrogent.

Quels ont pu être les avantages et les inconvénients de la distance par rapport à la capitale, les migrations ou les échanges. Il ne s’agit point de régionalisme, mais d’une réflexion plus anthropologique. L’Art Brut n’est-il pas sorti de son côté du bassin helvétique. Les conditions d’origine et de développement de chaque culture ne portent-elles pas à des types d’intérêts ou de créations plus ou moins spécifiques.

Il s’agit donc de réunir des praticiens qui ici ont initié les expériences les plus accomplies, durables, structurées pour l’épanouissement de l’art-thérapie. Indépendamment de toute chapelle ou affiliation, ce n’est pas le problème. A l’époque peu d’autres régions connaissaient un tel engouement.
Quant à la transmission, c’est l’occasion d’entendre une sorte de bilan de ces expériences, de leurs conditions de réussite, de comparer leurs particularités, et de méditer sur l’engagement. Les nouvelles générations qui se tourneront vers l’art-thérapie peuvent en bénéficier, à l’heure où son avenir devient incertain par rapport à ces modèles initiaux.

Sans polémique, mais pour essayer de retrouver ce qui en nous-mêmes a pu nous motiver comme les « Jardins du Sud » de P. KLEE, le « soleil perpétuel » de RENOIR, « l’atelier du midi » de V. GOGH, le « luxe, calme et volupté » de MATISSE, les « mimosas » de BONNARD, ou ce « Sud vers lequel tend notre cœur » de S. FREUD.
Dr GRANIER F.

Colloque d’Art-thérapie : LA DIAGONALE DU SUD
* * *
Toulouse 02 et 03 Octobre 2015
* * *
Salle du SÉNÉCHAL - 17 rue de Rémusat (à 2 minutes du Capitole)
Organisé par Dr F. GRANIER  granier.f@chu-toulouse.fr


Jean-Louis Aguilar-Anton / Art'Blogueur

L'art-thérapie hors les murs de l'hôpital

Depuis trente ans, les patients de l'hôpital psychiatrique Sainte-Marie à Clermont-Ferrand peignent leurs angoisses ou leurs délires sur des toiles. Deux cents tableaux issus de cet atelier d'art-thérapie s'exposent au Conseil général du Puy-de-Dôme, jusqu'au 21 septembre 2014.

L 'Art-Thérapie permet aux patients de coucher leur ressenti, parfois leur intimité, sur la toile...

L'art a-t-il des vertus thérapeutiques? Jugez-en par vous même en découvrant l'exposition "Bariol". Les 200 peintures qui sont exposées en ce moment dans le hall du conseil général du Puy-de-Dôme témoignent à la fois des souffrances psychiques et du potentiel artistique des patients. Ceux qui ont fréquenté l'atelier d'art-thérapie de l'hôpital Sainte-Marie à Clermont-Ferrand ont voulu raconter leur histoire, leurs histoires, parfois avec quelques mots, souvent avec une explosion de couleurs. Claire Valadou, l'une de ces artistes-patients, a ainsi pu trouver un exutoire à son mal-être : "ça me défoule énormément, ça m'apporte une possibilité de trouver les mots et de pouvoir parler. Avant, je n'aurais jamais pu...", confie-t-elle.
 "Moi, ce qui me fait peindre, c'est trop de souffrance ! (Didier Amblard, artiste-patient)
Depuis trente ans, la peinture, le théâtre et la musique permettent aux malades de Sainte-Marie de mettre des mots sur ce qui les torture et les empêche, pour certains, de se faire mal. Le psychiatre Jean-Philippe Mangeon est convaincu de l'effet thérapeutique de cet atelier : "tous ces travaux racontent l'histoire intime de chaque patient. C'est quelque chose d'extrêmement authentique, c'est quelque chose qui vient du plus profond, du plus déconstruit, du plus archaïque des patients qui ensuite, par le biais de leur pratique artistique, arrivent à en faire une langue, un discours".
  • Par Céline Pauilhac
  • Publié le 12/09/2014
 FRANCE3-REGIONS.FRANCETVINFO.FR

Jean-Louis Aguilar-Anton / Art'Blogueur

vendredi 24 juillet 2015

"Lorsque vous mettez un fou à l'isolement, ce n'est pas pour son bien"

Roger Ferreri, psychiatre, s'exprime à l'occasion des «états généraux contre la nuit sécuritaire», à Villejuif.

Roger Ferreri est une figure du milieu de la psychiatrie publique. Psychiatre, psychanalyste et chef d’un service de psychiatrie infanto-juvénile dans le département de l’Essonne, il est depuis le début un des membres actifs du collectif des 39 contre la nuit sécuritaire. Et de ce fait participe au meeting, ce samedi à Villejuif contre les projets du gouvernement en matière de psychiatrie.

Un débat court dans le milieu de la psychiatrie mais aussi chez les associations de malades pour souhaiter la judiciarisation dans les décisions de privation de liberté en psychiatrie, pour en finir avec les décisions actuelles relevant du préfet. Vous dites que c’est une fausse bonne idée.

 Oui. Un certain nombre d’entre nous pense qu’il serait judicieux de proposer que la décision d’hospitalisation sous contrainte soit d’ordre juridique. Bien souvent une phrase résume cette position: pas de privation de liberté sans l’intervention d’un juge, car comme on dit, il est le garant à ce jour du contradictoire. D’abord, je constate que la privation de la liberté par la justice est quoi qu’on en dise toujours de l’ordre de la punition. Le malade mérite-t-il d’être inclus dans ce modèle de la punition? Est-ce cela que l’on veut? Surveiller et punir. De plus, pour moi, la contrainte n’est pas un soin.

Oui, mais c’est toujours mieux que l’arbitraire d’une décision administrative….
C’est ce que j’entends. On pointe qu’à présent, la décision d’hospitalisation sous contrainte est prise par le préfet, que c’est donc l’État, et donc au final, politique. Or, quand la décision est ainsi administrative et politique, en tant que psychiatre, je peux, moi, me battre contre ce pouvoir. A l’inverse que faire par rapport une décision de justice. Le juge, comment va-t-il faire? Il va renvoyer aux experts. Un expert dit toujours plus à partir de toujours moins. La justice passe par l’expertise. Il me semble que lorsque que l’on est psychiatre, on peut se battre contre une décision d’un préfet, en tout cas beaucoup plus que contre la vérité de l’expert ou de la justice. Avec le préfet, la divergence d’intérêts nécessaire entre l’acte de soins et la société peut s’exprimer. Avec un juge, on ne peut pas.

C’est à dire?
Avec le juge, on va dire que c’est objectivement pour leur bien. On va dire que c’est la vérité de la Raison contrôlée par la vérité judiciaire, une affaire bien bouclée ne laissant pas beaucoup de place à la dispute. Cela m’inquiète, car nous ne sommes pas loin d’un discours de bon colonialisme. Ces gens sons fous, il faut que l’on pense et décide à leur place. Et on se va débrouiller pour les protéger. En fait, on se protège, nous, mais on ne les protège pas. La justice doit protéger des hospitalisations abusives, les textes actuellement en vigueur le permettent, ce n’est pas pour autant que les patients sont informés de leurs droits quand ils sont hospitalisés, comme ce la devrait être. Je le redis, la contrainte n’est pas du soin, c’est une décision de la société. Je pense que la société a le droit de se protéger. Cela étant, lorsque vous mettez quelqu’un dans une chambre d’isolement, vous n’avez pas le droit de penser que c’est pour son bien, ou pour endiguer son morcellement psychotique. On le fait, parce que l’on ne sait pas quoi faire d’autre. Hospitaliser quelqu’un sous contrainte parce que c’est cela qu’il fallait faire n’ouvre pas du tout les mêmes possibles que de se résigner à le faire. Un même acte isolé, certes, mais qui ouvre sur deux espaces de soin tout à fait différents tant pour la relation avec le patient que pour la dynamique institutionnelle.

Mais peut-on s’en contenter?
Il faut rester dans l’inquiétude, pas une inquiétude passive, bien au contraire une inquiétude qui engage l’acte du coté de l’implication des soignants et non pas du coté de l’effectivité du droit ou d’un bien-faire préétabli. Tout acte se supporte d’un point d’arbitraire, on ne peut pas dire et agir comme si cela avait été écrit par avance. La folie représente pour nous ce que l’on ne peut pas partager. Michel Foucault disait que c’était le temps du partage «du partage lui-même» que la folie ne cessait de réinterroger et qu’il convenait de ne pas évacuer cette interrogation sous couvert des sciences de l’homme. L’homme dans son humanité ne peut pas être réduit au simple objet de lui-même sauf à promouvoir la figure du savant ivre de pouvoir qui rêve de diriger un monde où l’homme ne serait plus qu’une analogie d’humanoïde. Il est heureux que la folie s’origine dans un savoir populaire, un savoir insu que nous possédons tous et qui fait surgir en nous le terme de folie quand nous rencontrons quelqu’un qui prend en défaut les bases de notre signification. La psychiatrie n’existe qu’après ce savoir. Malheur à nous, si nous en arrivions à demander à la psychiatrie d’effacer les limites qui bornent nos échanges de sens pour construire une folie produite par la connaissance d’un homme normal. Nous quitterions le monde de la raison comme fiction politique pour entrer dans celui de la raison comme norme. Cela s’appelle la normalisation, l’histoire nous a montré que le droit n’y résiste pas, étant lui-même normalisé. Il faut nous rendre à l’évidence, la joie de voir le mur de Berlin tombé ne doit nous empêcher de prendre au sérieux qu’il est plutôt tombé du mauvais coté.

Mais les familles ont plus confiance en la justice que dans les psychiatres…
Elles n’ont pas tout a fait tort quand on voit l’état actuel de la psychiatrie et les difficultés qu’elles rencontrent pour qu’un de leurs proches soit honorablement suivi. La psychiatrie souffre d’un manque sensible de moyens, mais cela ne suffit pas pour explique la situation actuelle, elle souffre globalement aussi et surtout, aux équipes et personnes près qui continuent d’œuvrer coûte que coûte qu’il ne faut surtout pas oublier, d’un manque d’allant, d’une perte de savoir-faire, d’un désespoir reflet des angoisses de notre époque, bon nombre d’équipes se réfugient dans la plainte et le renoncement plutôt que de combattre avec protestation.
Néanmoins, pourquoi des associations de familles, d’anciens psychiatrisés enfourchent-elles la judiciarisation et la proposition de soins sous contrainte en ambulatoire? La continuité de la contrainte hors le temps hospitalier est présentée par le gouvernement comme la continuité des soins. Régression, Illusion, Imposture avons-nous répondu au groupe des 39 contre la nuit sécuritaire. Régression parce que nous retournons au modèle d’avant la Révolution française qui avec Pinel avait pris pour parti de refuser la contention. Illusion parce que les patients essaieront de se soustraire à cette obligation et risquent fort d’augmenter les SDF. Illusion encore parce que cela ne peut que désimpliquer encore plus bon nombre de psychiatres devant les cas difficiles qui se cantonneront à prescrire et menacer pour s’en débarrasser au plus vite. Imposture qui installe une tromperie où la menace remplacerait à elle seule les moyens et l’élan à redonner aux équipes.
Cela étant dit je peux me risquer à faire une hypothèse qui témoigne de la complexité de la représentation, c’est-à-dire de parler à la place d’au moins un autre. Pourquoi espérer de la judiciarisation, de la contrainte aux soins quand on représente les familles ou les psychiatrisés ? Ici cet autre ne peut qu’être représenté, au moment de sa folie, celui qui la subit n’a pas voix au chapitre ou s’il a voix au chapitre c’est qu’il est alors entendu hors sa folie. Au moment de sa folie la personne qui en souffre n’est pas usager de la folie. Nous sommes confrontés à une étrange casuistique où celui qui est touché dans sa proximité personnelle ou fraternelle propose une amélioration en vue de l’espoir de «guérison» qui deviedra disparition de la personne au nom de laquelle il s’est mobilisé. Ce que je dis n’est pas une critique mais un simple avertissement bien moins compliqué que dans la réalité, où il nous faut mettre au travail nos utiles divergences. Eux ils ont le droit de penser comme des défroqués parce qu’ils n’ont pas choisi de quitter un statut. Les psychiatres qui se prononcent pour la contrainte aux soins en ambulatoire n’ont quant eux aucune excuse de cet ordre. Il faut toujours passer par le conflit, la tension. Le pire, c’est quand tout s’éteint. Maintenir les tensions, c’est maintenir quelque chose qui se prête à discussion. Tenir la place du psychiatre, c’est considérer que l’on intervient dans une tension, dans un conflit où rien ne va. Cette tension n’est pas faite pour être réglée, mais pour ouvrir des possibles.

Vous dites, aussi, que se focaliser sur ce débat de la loi est un débat écran?
Le problème, aujourd’hui, avec ce que j’appelle le néolibéralisme, c’est l’isolement des personnes, les unes avec les autres. Le néolibéralisme éclate, isole. Le dernier résistant à l’isolement, ce sont, peut-être, les fous. C’est ce qui résiste à tout modèle. Les faire rentrer dans une norme, c’est cela la politique de Sarkozy. C’est l’effet le plus destructeur de la situation actuelle. L’important, c’est que le fou reste dans la question de la singularité, et non pas enfermé dans une cohorte. Le fou n’est pas un personnage au sens où personnage désignerait ici une offre socialement repérable qu’elle soit d’ailleurs bien ou mal. Le lien social consiste à partager ce que nous ne pouvons pas dire d’absolu et de définitif sur nos vies. Que cela disparaisse et la folie se fait jour. En un sens on peut dire que nous n’avons trouvé mieux que les fous pour incarner la folie. L’important aujourd’hui n’est pas de parfaire le modèle de la contrainte. La question, qui se pose donc n’est donc pas d’améliorer, ni de rendre plus efficace les modalités de placement sous contrainte, mais de mettre en place les conditions politiques et pratiques du dépérissement de leur utilisation en promouvant un accueil de la folie qui soit aussi, dans le rapport à chacun, une disposition pour ne pas dire un fait de civilisation.

 Ceci est la version longue de l'interview parue dans Libération du samedi 25/dimanche 26 septembre 2010. Recueilli par Eric Favereau


Jean-Louis Aguilar-Anton / Art'Blogueur

mardi 21 juillet 2015

10 femmes oubliées par les manuels scolaires qui ont pourtant révolutionné la science [3]

Lise Meitner (1878-1968) : Physicienne 


 Le scientifique allemand Otto Hahn a reçu le prix Nobel de chimie en 1944 pour sa découverte de la fission nucléaire, mais ce que beaucoup ignorent c’est que le physicien et l’Académie des sciences de Suède ont omis de préciser que c’est Lise Meitner qui était à l’origine de cette étude et qu’elle a travaillé dessus avec Hahn pendant 30 ans, d’ailleurs elle a su expliquer les résultats des études à son neveu Otto Frisch. D’origine juive, elle quitte l’Institut de chimie Kaiser Wilhelm à Berlin en 1938 et déménage en Suède suite à un manque de soutien financier. Le meitnérium, élément chimique artificiellement synthétisé, a été nommé en son honneur.

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Jean-Louis Aguilar-Anton / Art'Blogueur

Les épreuves corrigées des "Fleurs du mal" révèlent un autre Baudelaire

Les "épreuves corrigées" de la main de Baudelaire des "Fleurs du mal"sont publiées pour la première fois par un éditeur parisien.Document exceptionnel sur les coulisses de l'écriture poétique et la recherche de la perfection esthétique. 

 

Document exceptionnel sur les coulisses de l'écriture poétique et la recherche de la perfection esthétique, les "épreuves corrigées" de la main de Baudelaire des "Fleurs du mal", le recueil de poésies le plus célèbre de France, sont publiées pour la première fois par un éditeur parisien. Le manuscrit original des "Fleurs du mal" n'a jamais été retrouvé et les épreuves corrigées sont les seules traces manuscrites de ce chef d'oeuvre. Avant d'accorder son "bon à tirer" définitif pour l'impression des "Fleurs du mal", l'oeuvre de sa vie, en 1857, Charles Baudelaire a multiplié les échanges avec son éditeur et ami Auguste Poulet-Malassis, annotant et corrigeant dans la marge les épreuves de l'imprimeur.

Certains poèmes sont corrigés à plusieurs reprise

Pratiquement aucun de ses poèmes n'échappe à l'œil critique de Baudelaire qui biffe et rectifie à la plume tout ce qui lui semble incorrect. Le poète corrige une virgule mal placée ici, demande la modification de la police de caractère là, exige la modification de l'orthographe d'un mot ici encore. Tel Sisyphe, ce perfectionniste semble n'avoir de cesse de retravailler son texte. Certains poèmes sont corrigés à plusieurs reprises. Au final, cela donne un extraordinaire document que les éditions des Saints Pères ont pris l'initiative de publier pour la première fois. L'édition initiale, numérotée, ne comptera que 1000 exemplaires.

 Ces épreuves corrigées ont été préemptées par la Bibliothèque nationale de France (BnF) en juin 1998 lors d'une vente aux enchères chez Drouot pour 3,2 millions de francs, une somme colossale pour ce type de document. Jamais encore publié, ce livre rare était consultable sur le catalogue numérique de la BnF, Gallica, mais le confort de lecture, la qualité de l'impression font de l'ouvrage publié ce lundi un document incomparable. Le livre de grand format (25x35 cm) est présenté dans un coffret. L'ouvrage est illustré par 13 dessins au crayon et à la plume qu'Auguste Rodin avait insérés dans son propre exemplaire des "Fleurs du mal". Les mille remarques de Baudelaire avant d'accorder son "bon à tirer" à l'imprimerie agacent parfois son éditeur. Sur la page de garde, il se plaint: "Mon cher Baudelaire, voilà 2 mois que nous sommes sur les Fleurs du mal pour en avoir imprimé cinq feuilles."

"Gare aux orthographes modernes !"
 En fait de poète maudit, on découvre un Baudelaire tatillon, défenseur de la virgule, de l'accent aigu plutôt que de l'accent grave, de l'usage ou non de l'accent circonflexe. Dans la marge de "Bénédiction", un des premiers poèmes du recueil, Baudelaire s'interroge ainsi sur le mot "blasphême" tel qu'il est imprimé sur l'épreuve à corriger. "Blasphême ou blasphème? gare aux orthographes modernes!" met-il en garde. Des strophes sont modifiées comme dans "Un voyage à Cythère". La robe de la muse ne s'ouvre plus "à des brises légères", mais "aux brises passagères". Les deux dernières strophes de "Spleen", l'un de ses poèmes les plus connus ("Quand le ciel bas et lourd....), sont presque entièrement remaniées. La plume du poète barre la moitié des vers de la dernière strophe. Le livre est finalement publié le 25 juin 1857 chez Poulet-Malassis et de Broise. C'est une consécration pour le poète qui, comme en témoignent ses contemporains, aurait terminé la composition de la majeure partie de son sulfureux recueil au début des années 1850.

 Quelques jours après la sortie des "Fleurs du mal", Baudelaire s'attire les foudres de la presse. La direction de la Sûreté publique saisit aussitôt le parquet pour offense à la morale publique et religieuse, et aux bonnes moeurs. L'auteur sait cependant que son écriture survivra. En juillet 1857, il écrit à sa mère: "On me refuse tout, l'esprit d'invention et même la connaissance de la langue française. Je me moque de tous ces imbéciles, et je sais que ce volume, avec ses qualités et ses défauts, fera son chemin dans la mémoire du public lettré, à côté des meilleures poésies de Victor Hugo, de Théophile Gautier et même de Byron."

"Les Fleurs du mal, épreuves corrigées", Editions des Saints Pères, 376 pages, 189 euros.

MIDILIBRE.FR

Jean-Louis Aguilar-Anton / Art'Blogueur

jeudi 16 juillet 2015

10 femmes oubliées par les manuels scolaires qui ont pourtant révolutionné la science [2]

Alice Hamilton (1869-1970) : 
Chercheuse en maladies professionnelles


 Avec un doctorat en médecine en poche, obtenu à l’université du Michigan en 1893,  
Alice s’est lancée dans des études sur les conditions de travail en entreprises,
principalement celles qui utilisaient du plomb, du mercure ou encore d’autres
substances toxiques.
Elle a pu ensuite établir un tableau récapitulant les effets sur la santé des travailleurs
comme par exemple les coliques, les crampes et la perte de poids causés par
l’exposition au plomb.

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Jean-Louis Aguilar-Anton / Art'Blogueur

mercredi 15 juillet 2015

10 femmes oubliées par les manuels scolaires qui ont pourtant révolutionné la science [1]

Ces 10 femmes d’exception ont eu une incidence significative sur diverses avancées scientifiques dans des domaines tels que la paléontologie, la médecine, la physique… et pourtant elles sont encore méconnues. SooCurious vous offre donc une chance de découvrir ces femmes qui ont grandement participé à l’évolution scientifique au cours de l’Histoire.

 Mary Anning (1799-1847) : Paléontologue 


 Elle n’avait que 12 ans lorsqu’elle et son petit frère ont découvert un squelette d’ichtyosaure près de leur ville natale en Angleterre, dès lors elle se passionne pour cette science qui étudie les fossiles. Le plus souvent elle attendait la fin d’une tempête pour partir fouiller espérant que le vent et l’eau aient ouvert l’accès à de nouveaux fossiles enfouis sous les couches calcaires. Ainsi elle a pu découvrir les premiers squelettes complets de ptérodactyles.
Même si ses recherches ont été utilisées par les scientifiques de son époque, elle n’a jamais été admise au sein des milieux scientifiques officiels, et on n’a jamais cité son nom même en parlant de ses découvertes.

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Jean-Louis Aguilar-Anton / Art'Blogueur

mardi 14 juillet 2015

LIV'ART par Pierre LEICHNER

                     http://www.leichner.ca/Curating/LivArt/livartengaged.html

 Un projet d'art participatif avec la communauté francophone en Colombie-Britannique sur une petite grenouille face au changement climatique et l'intrusion humain. 
http://www.leichner.ca/Photographs/LivArt/livart.html


Le projet LivArt a combiné deux disciplines artistiques : les arts littéraires et les arts visuels. 11 communautés en Colombie Britannique furent engagées dans une démarche artistique en collaboration avec 11 artistes. Pour ce projet en médiation culturel je fut  l’un des artistes qui as été sélectionné pour contribuer à l’illustration d’un texte avec des participants de la communauté. J’ai choisi un texte décrivant la vie d’une grenouille qui perd son chemin du au changement climatique et l’intrusion humaine. Pour illustrer cette histoire nous avons créé des grenouilles en origami et nous les avons décorées. Certaines furent décorées  en peinture fluorescente qui brille dans le noir. Nous les avons documenter et les photographies furent la base des illustrations. Ici, sont quelques des photos des grenouilles faites par les participants. Les illustrations sont dans le dossier Engaged Art.

 Le projet Liv'Art s’ait  terminé avec la parution de son livre. Un ouvrage de 44 pages où 10 textes et 10 illustrations provenant de toute la province sont à découvrir.


Le livre est disponible au Conseil Culturel et Artistique de la Colombie Britannique met aussi sur le site du conseil : http://www.ccafcb.com/fr/liv-art.html#le-livre

 

The project LivArt was a community engaged project combining literary and visual arts.11 communities across British Columbia in collaboration with 11 artistes collaborated to produce the text and the illustrations of the text. I chose the story of a frog that wanders from his pond because of climate change and human intrusion. We made origami frogs and painted them in colors some of which glowed in the dark. Here are a few images of the origami frogs the participants made. The book illustrations are in the Engaged Art folder.


The book is available At the Conseil Culturel et Artistique de la Colombie Britannique and on their site: http://www.ccafcb.com/fr/liv-art.html#le-livre
 





Publié avec l'aimable autorisation de Pierre Leichner  (c) 2013.

Jean-Louis Aguilar-Anton / Art'Blogueur





zerospacer

vendredi 10 juillet 2015

Sensory Overload

Sensory Overload,  if you are in Detroit this month

http://www.whitdelarts.com/sensory-overload/

On May 30, 2015
Exhibition: June 12 – July 25, 2015
Reception: Friday, June 12, 7-10pm
if you are in Detroit this month


 Our experience of life is woven from the information delivered by our senses. Artistic expression can happen through any of these or combination there of. This exhibition will delve into those senses and how they create our view of the world: sight, sound, smell, touch, and taste.
Please join us for an opening reception for the artists on Friday, June 12, 2015.

Exhibiting artists:
Laura Ahola-Young
Jennifer Allevato
Mary Laube + Paul Schuette
Pierre Leichner
Ayako Miller
Henrik Sørensen & Kevin Peterson
Sasha Waters Freyer
Zach Zecha


The exhibition will run from June 12 – July 25, 2015. This event is free and open to the public. All ages welcome. Open gallery hours are Saturdays during exhibitions, noon-3pm, or by appointment. For more information, e-mail Jane Larson at jane@whitdelarts.com. For a full schedule of exhibitions and events at Whitdel Arts, please visit www.whitdelarts.com

Whitdel Arts is a nonprofit contemporary art gallery located in Southwest Detroit. Run entirely by volunteers, we serve the community through arts-based activities and professional development. For more information, please visit www.whitdelarts.com.

Envoyé depuis Vancouver par Pierre Leichner, thank you very much Pierre ! 

Jean-Louis Aguilar-Anton / Art'Blogueur

mercredi 8 juillet 2015

Armentières: «Aile 10», l’expo qui ouvre les portes de la psychiatrie à l’art, et vice versa

 PAR DELPHINE TONNERRE

Un couloir. Dix chambres. Un an de travail. Le projet « Aile 10 », visible tous les week-ends à l’EPSM, est saisissant. Visuellement, humainement, symboliquement. Ces espaces de soin ont été transformés en lieux de performance artistique. Avec des plasticiens, des soignants, des étudiants et des patients.

 On imagine leur présence. On perçoit la solitude des patients, la bienveillance des soignants, la perplexité des visiteurs. Dans les chambres de ce bâtiment aux allures de petit pavillon, il y a encore deux ans, des personnes étaient hospitalisées. Le projet de l’aile 10 de la clinique G18, un jargon spécifique à l’Établissement public de santé mentale Lille métropole, a été de confier ces espaces. Aux patients et soignants de la clinique Shackleton de Comines, à trois plasticiens, Philippe Declerck, Emmanuelle Gailliez et Stéphanie Sigward et à des étudiants des écoles supérieures d’art de Tourcoing et Dunkerque. En passant chacune de ces dix portes, on accède à dix interprétations. Ici, le lit est au plafond et tout a été installé à l’envers. Là, des escargots (des vrais !) mangent de la salade et sont enfermés. Plus loin, une tapette à souris géante est posée dans une chambre fromage. La plus belle, en toute subjectivité, est celle des papillons. La chambre est entièrement tapissée, meubles et linge compris, de ces insectes aux ailes déployées.

 « Lieu qui rassure, lieu du chaos »

Le Dr Nadia Baba et Pascal Bourgeois, cadre de santé, soulignent « l’implication des équipes pour mener à bien ce projet » et le soutien « inconditionnel » de la direction, dans le cadre des 400 ans de l’EPSM : « C’était une expérience professionnelle et artistique inédite qui a apporté à chacun. » Le Dr Baba y voit aussi le signe d’une politique ouverte de l’établissement vers l’extérieur. Le projet ne sera effectivement que pleinement abouti s’il permet au maximum de personnes de venir à l’EPSM. D’y être saisi par l‘étrange, le beau, le bizarre. On est parfois surpris par la présence d’un énorme tuyau de chauffage, interpellé par ces clous qui tapissent le lit. On y lit que « la chambre est le lieu qui protège, rassure et guérit, mais aussi le lieu de l’inconfort, de l’imprévisible et du chaos ». Chaque espace apporte un propos, un regard, un intérêt. Que la visite crée le malaise ou l’enchantement, elle suscite une véritable émotion.


 « Aile 10, entre culture et acculturation », clinique du pôle G18, EPSM Lille-métropole 104, rue du Général-Leclerc. Ouverture tous les week-ends en juin, de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h (puis aux Journées du patrimoine les 19 et 20 septembre). Entrée libre

 Nous remercions Geneviève Claverie pour cette documentation.

Jean-louis Aguilar-Anton / Art'Blogueur

dimanche 5 juillet 2015

Folie: deux mille ans, toujours rien compris !


«La Nef des fous» de Jérôme Bosch, peinte en 1490-1500. Le trouble psychique n’est pas seulement envisagé comme un mal, mais aussi comme un vecteur de significations qui inspire les artistes et fascine leur public. (Josse/Leemage)
«La Nef des fous» de Jérôme Bosch, peinte en 1490-1500. Le trouble psychique n’est pas seulement envisagé comme un mal, mais aussi comme un vecteur de significations qui inspire les artistes et fascine leur public. (Josse/Leemage)
La médecine fait des progrès, sauf pour les dérèglements graves de la psyché. C’est le constat d’Andrew Scull dans son histoire culturelle de la folie.

Il y avait une idée, au moins une, sur laquelle on croyait pouvoir s’accorder: celle selon laquelle le progrès médical a rallongé notre espérance de vie en bonne santé. Sauf qu’apparemment, ce n’est pas vrai: pas pour tout le monde. Les personnes souffrant de troubles psychiques graves vivent 10 à 25 ans moins longtemps que le reste d’entre nous. Apparemment, cette situation s’aggrave à un rythme accéléré. «Sur ce plan, nous semblons être en train de régresser», note Andrew Scull.
 
Professeur à San Diego, sociologue des sciences, historien de la psychiatrie et de la folie, le chercheur états-unien vient de publier Madness in Civilization *, une somme retraçant les tentatives de comprendre et de soigner la maladie mentale de l’époque de l’Ancien Testament à celle du DSM-5 – la très controversée nouvelle version (datée de mai 2013) du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, dans lequel la Société américaine de psychiatrie répertorie les souffrances de l’esprit.

Plus de 2500 ans d’histoire, donc, et pas de happy end. Une conclusion troublante, plutôt: nous n’en savons pas beaucoup plus qu’un ancien Grec ou qu’un Israélite des temps bibliques, ni sur les causes (l’étiologie, comme on dit), ni même sur la thérapie. «Je ne veux pas suggérer qu’il n’y a eu aucun progrès, mais c’est extrêmement limité», avance l’auteur au téléphone.

 Survol express. Pour les Hébreux, la folie est une punition divine: elle frappe ceux qui ont offensé Yahvé. Pour les Grecs aussi, la maladie mentale a une origine surnaturelle – à moins qu’elle ne soit due aux déséquilibres entre les fluides du corps, ou aux errances de l’utérus dans les entrailles, qui cause ce qu’on appellera «hystérie». Pour la chrétienté médiévale, la folie punit un péché. Puis, à partir du XIe siècle, l’Occident redécouvre le savoir des anciens Grecs grâce aux Arabes, qui l’ont conservé, et s’ouvre à une compréhension du trouble psychique comme un symptôme qu’on peut soigner. C’est en suivant le modèle musulman que l’Europe entreprend alors de placer quelques-uns de ses fous dans les premiers hôpitaux. Pendant ce temps, les savants et le peuple s’accordent pour dire que certaines folies relèvent de la possession diabolique, alors que d’autres ont leur cause dans le corps: l’éclectisme règne.

L’hospitalisation publique des «aliénés» reste très minoritaire jusqu’au XIXe siècle (Michel Foucault se trompait, signale Andrew Scull, en situant le «grand renfermement» deux siècles plus tôt). Placer les malades mentaux dans des hôpitaux et tenter un «traitement moral» de la folie constitue alors une approche utopique, relève l’auteur. Avant cela, dans les asiles privés où fleurissait un vrai «business de la folie», on affichait de croire aux vertus curatives de la peur: des machines volontairement terrifiantes – le «temple chinois» pour amener sa victime au bord de la noyade, la cage mobile qui la soumettait à un mouvement en vrille – visaient à ramener les aliénés à la raison à coups d’effroi. L’élan utopique de l’ère des asiles ne balaiera pas ces cruautés. Pendant la Première Guerre mondiale, on traite à coups de décharges électriques buccales ou génitales les soldats rendus muets ou paralysés par le traumatisme dans les tranchées. A la même époque, dans le New Jersey, le dénommé Henry Cotton arrache dents et viscères, convaincu que la folie est une affaire d’infections cachées.

Avance accélérée: l’époque contemporaine démarre sur un malentendu. Un phénomène encore mal compris aboutit à peupler les villes occidentales de ces figures à la fois inquiétantes et familières qu’Andrew Scull appelle «psychotiques de trottoir». Deux mouvements se superposent, en fait, à partir du milieu du XXe siècle: l’un voit émerger la prise en charge médicamenteuse de la maladie mentale, l’autre voit les asiles se vider de leurs fous. On en déduit un peu vite que le premier phénomène explique le second. Faux, proteste l’auteur: la «désinstitutionnalisation» des patients commence avant l’émergence du paradigme pharmaceutique.

«Lorsque l’histoire de la psychiatrie a commencé à devenir un champ d’étude important, à la fin des années 60, on évoquait dans des termes extrêmement négatifs les asiles de fous de l’époque victorienne. Et il y avait de quoi. Mais ces asiles fournissaient au moins un toit, de la nourriture, quelques tentatives de prise en charge», explique le chercheur au bout du fil. Et ensuite? «Aujourd’hui, en vous promenant dans n’importe quelle grande ville nord-américaine, vous côtoyez des malades mentaux sans abri au bord des routes. D’autres, que vous ne voyez pas, sont confinés en nombre dans les prisons: la plus grande concentration de patients psychiatriques du pays est la prison du comté de Los Angeles.» Ce phénomène n’est pas limité aux Etats-Unis: la France et le Royaume-Uni, par exemple, ont des chiffres semblables. «La désinstitutionnalisation a largement été motivée par la volonté d’éliminer les dépenses liées au maintien des asiles. Ce que nous avons mis sur pied pour remplacer ceux-ci, c’est rien du tout, essentiellement.»

Comme dans les époques précédentes, la maladie mentale est appréhendée aujourd’hui suivant un ­paradigme dual. Approche psychologique, approche biologique. «La seconde a été portée par le développement de la psychopharmacologie – mais pas seulement. A l’époque où la psychoanalyse était dominante, il y a 40 ou 50 ans, on avait tendance à impliquer et à blâmer les parents pour les dégâts psychiques sur leur progéniture. Vraie ou pas, c’était une faute lourde à porter. On comprend donc pourquoi les familles des patients ont opté pour un paradigme selon lequel il s’agissait, au contraire, d’un désordre du cerveau auquel ils n’avaient nullement contribué, si ce n’est de manière incontrôlable à travers la génétique.» Aujourd’hui, la distinction rigide entre l’inné et l’acquis s’effrite. Le cerveau est social et plastique, sa biologie est façonnée par l’expérience et par l’interaction. Cela suscite de nouveaux espoirs de compréhension. Cela explique aussi, sans doute, pourquoi on l’a tellement peu compris jusqu’ici. La psyché, un système où chaque effet affecte ses propres causes: forcément, c’est compliqué.

* Madness in Civilization: A Cultural History of Insanity, from the Bible to Freud, from the Madhouse to Modern Medicine, par Andrew Scull (Princeton University Press

LETEMPS.CH /PAR LETEMPS
Nous remercions Geneviève Claverie pour cette documentation.

samedi 4 juillet 2015

El alcalde de Cádiz cambia en su despacho el retrato del rey por el de un alcalde anarquista !

El nuevo alcalde de Cádiz, José María González Santos, "Kichi", ha sustituido el retrato del rey Juan Carlos que presidía el despacho de su antecesora en el cargo, la popular Teófila Martínez, por el del anarquista y alcalde de Cádiz durante la Primera República, Fermín Salvochea.
Este es uno de los cambios que el líder de Por Cádiz sí se puede ha realizado en su despacho de alcalde, que, según dijo recientemente, es más grande que su casa.

                                       José María González Santos, "Kichi"

El gaditano Fermín Salvochea y Álvarez (1842-1907), uno de los principales difusores del pensamiento anarquista en el siglo XIX, fue alcalde de Cádiz durante la Primera República.
Salvochea, que aún hoy es una de las figuras emblemáticas de Cádiz, renunció a su herencia y a sus posesiones familiares, para entregárselas a los más necesitados y optar por una vida alejada de todo lujo.

                               Fermín Salvochea y Álvarez (1842-1907)

Cuando falleció el 28 de septiembre de 1907, su entierro se convirtió en una gran manifestación de duelo popular.
En "Crónica de un revolucionario", el médico sevillano Pedro Vallina y el activista judío alemán Rudolf Rocker elevaron su figura a la categoría de mito del anarquismo.

 "Su muerte causó un mar de lágrimas y su sepelio dio lugar a una manifestación enorme, en la que participaron cerca de 50.000 personas. De todos los pueblos y aldeas fluyeron los pobres desheredados para despedirse", escriben en ese libro.

El nuevo alcalde de Cádiz ha tenido que explicar estos días que la retirada de la bandera de España de siete metros de la plaza de Sevilla que se quitó hace unos días no fue un gesto político, sino una medida para evitar que se dañara con el viento de levante y que la enseña nacional volverá a ondear una vez pase el temporal.

ELDIARIO.ES

Jean-Louis Aguilar-Anton / Art'Blogueur

mercredi 1 juillet 2015

Fous à délier

 par Mathilde Goanec, janvier 2015

Les derniers hôpitaux psychiatriques judiciaires italiens devraient disparaître dans les prochains mois. Cette mesure, saluée par les militants de l’abolition de l’enfermement, parachève un long combat contre les préjugés ayant trait à la dangerosité des malades mentaux. A Trieste, des pionniers expérimentent avec succès des approches thérapeutiques alternatives depuis le début des années 1970.


 A Trieste, on dit que la bora rend fou. Ce glacial vent du nord traverse chaque année la ville, s’engouffrant entre les immeubles sévères de la place de l’Unité italienne pour s’accrocher aux branches des arbres de San Giovanni. Dans ce parc, de petits pavillons verts sont les dernières traces de l’hôpital psychiatrique fermé au début des années 1970 par le médecin Franco Basaglia. Pour célébrer la fin de l’asile, malades, soignants et artistes avaient alors construit un immense cheval bleu en carton-pâte. Poussé hors du parc où vécurent reclus des années durant près de mille deux cents « fous », le cheval symbolisait le retour à la vie civique, la réappropriation d’une citoyenneté et un appel à une autre psychiatrie.

En 1978, une loi généralisa à l’ensemble du territoire l’expérience menée à Trieste, en ordonnant la fermeture de tous les hôpitaux psychiatriques. Cette décision, fruit d’un aggiornamento intellectuel et politique, mit du temps à s’imposer : le dernier établissement n’a mis la clé sous la porte qu’au mitan des années 1990. Il faut dire que l’hôpital psychiatrique italien avait longtemps été une terrible machine asilaire, immortalisée notamment dans le film Vertiges (1975), de Mauro Bolognini, très loin des systèmes français ou britannique, où s’échafaudaient déjà des solutions de rechange à l’enfermement (1). Après la seconde guerre mondiale, les asiles internaient encore plus de cent dix mille personnes.
A l’origine de ce bouleversement, il y a Basaglia, figure majeure de la psychiatrie alternative européenne. Né en 1924 à Venise (2), il fut détenu pendant plusieurs mois, à la fin de la seconde guerre mondiale, à cause de sa proximité avec un groupe antifasciste. Marqué par cette expérience, il n’a cessé de lutter contre l’enfermement. Inspiré notamment par la critique des institutions et du colonialisme développée par Michel Foucault et Frantz Fanon, il refuse cependant de s’inscrire dans le mouvement de l’antipsychiatrie. Car, pour lui, la simple remise en cause des hôpitaux psychiatriques ne suffit pas à annihiler le contrôle social et normatif exercé sur les malades. Même si ses vues convergent souvent avec celles de la psychothérapie institutionnelle défendue en France par Félix Guattari, Basaglia, assez peu porté sur la psychanalyse, a pris la tangente en prônant la destruction de l’institution et en œuvrant pour son dépassement.

« Mettre la maladie entre parenthèses »

Le psychiatre, après une première expérience d’« hôpital ouvert » à Gorizia, réussit son pari de fermer l’établissement de Trieste. Toute la hiérarchie est chamboulée, non sans peine : les médecins lâchent leur blouse blanche et abandonnent une partie de leurs prérogatives aux infirmiers, qui à leur tour quittent leur simple fonction de garde-chiourmes. Assistants sociaux et « experts en réhabilitation sociale » font leur entrée, de même que les coopératives de travail, qui permettent aux malades de recevoir un salaire en échange d’une activité. Le tout afin de « mettre la maladie entre parenthèses », cette grande idée de Basaglia qui, sans nier la pathologie, pense qu’« il n’y a de relation thérapeutique possible qu’avec un malade mental libre ». L’expérience inspire Marco Bellocchio pour son film Fous à délier (Matti da slegare), réalisé en 1975.

Soignants et associations de malades viennent du monde entier à Trieste pour comprendre comment une telle psychiatrie est possible. M. Roberto Mezzina, le responsable du département de santé mentale de la ville, précise la méthode : « La négociation est notre ingrédient principal. Et, même sans hôpital, nous défendons des services communautaires forts, avec des moyens, du soutien politique, du personnel formé et du temps pour travailler. » Pour remplacer l’hôpital à proprement parler, Basaglia, soutenu par un président de région plutôt visionnaire, avait imaginé des centres de santé mentale en ville, inspirés par le modèle anglo-saxon de Maxwell Jones (3).
Aujourd’hui, les quatre centres de Trieste sont ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre et disposent chacun de six ou sept lits, pour une agglomération de deux cent quarante mille habitants. Sur l’ensemble de l’Italie, on compte une moyenne de dix lits pour cent mille habitants, soit environ neuf fois moins qu’en France sur la période 2000-2010 (selon Eurostat). L’accent est mis sur l’accueil à la journée — en ambulatoire. Dans le centre Gambini, tout près de la principale rue commerçante de la ville, les personnes souffrant de troubles psychiatriques viennent prendre leur traitement, un repas, rencontrer une assistante sociale, un psychiatre ou un psychologue, participer à des activités ou à des groupes de parole. Personne ne reste ici plus d’une semaine ou deux, et seulement en cas de crise. Les patients vivent le plus possible en famille ou dans des foyers et appartements non médicalisés.

Des urgences psychiatriques existent toujours au sein de l’hôpital général. L’ambiance est décontractée : aucune porte n’est fermée, tout est clair, propre, accueillant. Huit lits seulement. La contention (le fait d’être attaché sur un lit ou un fauteuil) est bannie. La loi italienne réserve le traitement sanitaire obligatoire à des situations exceptionnelles, en dernier recours, et le limite à une semaine au maximum. « Clairement, pour nous, l’hôpital est pathogène, explique Mario Colucci, psychiatre et coauteur avec le philosophe et épistémologue Pierangelo Di Vittorio d’un livre sur Basaglia (4). Mais la crise est toujours possible, pour un schizophrène, par exemple, en proie à une psychose intense. S’il arrive aux urgences, il doit tout de suite sentir qu’il ne s’agit pas d’une prison, qu’il n’a pas d’ennemi dans ces murs, et qu’il pourra sortir rapidement. C’est essentiel pour faire accepter un traitement. » D’où un gros travail, en amont, de mobilisation du territoire, via des ateliers mêlant malades et bien portants, avec une sensibilisation des forces de l’ordre.

Le processus de « désinstitutionnalisation » ne s’est pas achevé avec la mort de Basaglia, en 1980. La réhabilitation sociale prend aujourd’hui d’autres formes, d’autant que la crise économique et le contexte idéologique conservateur compliquent la tâche des coopératives de travail, les pivots du dispositif. Le département de santé mentale expérimente les « budgets personnels », c’est-à-dire une somme allouée à l’issue d’un contrat passé avec le bénéficiaire, qui s’engage sur un projet : une formation, le lancement d’une activité professionnelle, artistique... « Ce qui fait d’un malade un exclu tient aussi à tout un système : la loi, la domination économique et sociale, le rapport de classe... La dimension politique était évidente pour Basaglia et reste un enjeu déterminant », rappelle Di Vittorio. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a reconnu la qualité du travail fait à Trieste. Aucun débordement majeur n’a été constaté. L’hospitalisation sanitaire obligatoire concerne moins de 10 % des patients, tandis que le taux de suicide (déjà faible en Italie) a été divisé par deux entre 1990 et 2011.

Cette approche n’a pas toujours convaincu. « Beaucoup de médecins étrangers ont dit que le pays avait abandonné ses malades, rapporte l’historien de la médecine Jean-Christophe Coffin. Dans les années 1970, la gauche radicale française a par exemple considéré que, si l’on réduisait la place de l’hôpital public, on réduisait de fait le rôle de l’Etat. C’est une méprise, car c’est l’institution qui était visée par Basaglia, pas le soin. » Lucien Bonnafé, psychiatre français et militant communiste, ou encore Jean Oury, fondateur de la clinique de La Borde, ont critiqué Basaglia tout en le rejoignant dans sa volonté de modifier l’organisation psychiatrique ainsi que dans sa dénonciation de la marginalisation du fou, associé au pauvre. « On retrouve une ambivalence de même type dans le cadre italien, puisque Basaglia et la ville communiste de Parme [où il exerça un temps] ont entretenu un rapport compliqué... en tout cas plus compliqué qu’à Trieste, où le maire de l’époque était démocrate-chrétien. »
Aujourd’hui, nombre de collectivités italiennes ne jouent pas complètement leur rôle, par manque de moyens ou frilosité politique. A Milan ou à Rome, certains centres ne sont ouverts que quelques heures par jour, ce qui pousse les malades en crise dans la rue ou aux urgences générales. D’autres régions se délestent de leurs malades vers les cliniques privées, sans égard pour ceux qui n’ont pas les moyens d’y recourir. Et demeure un angle mort, réminiscence du passé asilaire, qui assombrit fortement le tableau : les hôpitaux psychiatriques judiciaires (en italien ospedali psichiatrici giudiziari, OPG), des unités psychiatriques installées en prison, sous la double tutelle des ministères de la justice et de la santé. Près de huit cents personnes sont internées dans les six établissements restants (lire « Les dernières prisons asilaires »).

En finir avec les OPG nécessite de se donner les moyens de soigner réellement tous les malades, alors que depuis ses origines on enjoint en priorité à la psychiatrie de protéger la société des « fous ». Basaglia le disait dès 1968 : « Où sont les responsabilités ? Un homme en état de quitter l’hôpital et qui se voit repoussé par ses proches, par son employeur, par ses amis, par une réalité qui le vomit comme un homme de trop, que peut-il faire sinon se tuer ou tuer quiconque a pour lui le visage de la violence qu’on lui inflige ? » L’expérience réussie à Trieste résout en partie ces contradictions : « Je refuse de croire à une sorte de “spécificité sociale” attachée à notre région, souligne Mme Giovanna Del Giudice, ancienne psychiatre de Trieste et membre du collectif national Stop OPG. J’ai travaillé à Cagliari, en Sardaigne, où la situation était très dégradée. En 2004, il y avait soixante-quatorze personnes dans l’OPG provincial. A mon départ en 2009, quarante-trois. Aujourd’hui, dix seulement. Et cela grâce à un président de région éclairé qui a mis le renforcement du soin en santé mentale au centre du dispositif. » Selon un responsable de service au ministère de l’intérieur, les autorités estiment aujourd’hui que seule la sortie de 8 % des personnes internées poserait des problèmes. La fermeture officielle des OPG pourrait, après de longues tergiversations, avoir lieu en avril prochain. La fin de l’asile relève bien d’une aventure politique.

Mathilde Goanec
Journaliste.
(1) Par exemple la politique du secteur en France, conçue pour lutter contre une forme d’ hospitalocentrisme et favoriser un soin hors les murs.
(2) Son œuvre maîtresse est L’Institution en négation, Arkhê, Paris, 2012 (1re éd. : 1968).
(3) Psychiatre britannique (1907-1990) considéré comme le père de la « communauté thérapeutique », qui proscrivait les médicaments et défendait une approche de réadaptation sociale.
(4) Mario Colucci et Pierangelo Di Vittorio, Franco Basaglia. Portrait d’un psychiatre intempestif, Erès, Toulouse, 2005.
tites touches, les gouvernements successifs ont démantelé la psychiatrie publique. La suppression de dizaines de milliers de lits dans les hôpitaux s’est accompagnée d’une approche de (...)

Jean-Louis Aguilar-Anton / Art'Blogueur