mercredi 29 avril 2015

L’art thérapie : un art qui soigne et qui s’expose

 

Qu’arrive-t-il à l’art lorsqu’il s’affranchit de tout acte marchand pour se mettre au service de la santé ?

A l’Hôtel Dieu de Toulouse, actuel siège administratif du CHU de la ville, se tient une fois par an une exposition d’un genre assez particulier, voire atypique pour les vielles briques de cet ancien hôpital Jacquaire. L’art thérapie sort provisoirement de son atelier situé à l’hôpital de Purpan, pour nous toucher et nous interroger dans notre humanité.

 

Découverte insolite et inattendue

« Enfin de l’art » m’a-t-on dit en me recommandant l’exposition. Forte de ce bouche à oreille élogieux, et quoique légèrement sceptique quant à un art produit par des patients, des « non-artistes », je balade ma curiosité à travers la cour de l’hôtel-Dieu. Après m’être ingénument perdue au musée de la médecine, (c’était presque ça, mais pas encore tout à fait la bonne pioche !), je passe devant la grande conque Jacquaire renversée. Aucune Vénus à la Botticelli n’est là pour en sortir. Elle est vide. La beauté sera-t-elle au rendez-vous ? A quoi va bien pouvoir ressembler cet art, produit dans le cadre d’une thérapie ? Je continue dans la direction qui m’a poliment été indiquée. Quelques marches plus loin, l’accueil est tenu par le personnel médical, sans blouses blanches. J’observe le registre ouvert. Au nombre de carrés divisés en triangles par une diagonale, je comprends que l’exposition est un franc succès. De salle en salle, de peinture en marionnettes, de contes en installations et sculptures de glaise, je suis surprise par l’atmosphère du lieu et de l’exposition. Un sentiment de « chez-soi » peu commun se dégage. Tout est agencé, mais rien ne semble rigide ou aseptisé. Les techniques et moyens d’expressions sont divers et variés, inattendus parfois ; le lieu et son contenu se répondent harmonieusement. Cher lecteur, que la visite commence. Qu’elle ressemble à un voyage intérieur !

 

6 totems

Installations cousues, décousues, qui mêlent tissus et assemblages d’objets, tels que des instruments de musique, des os, des perles en bois de bambou, fragments d’une forte matérialité aux couleurs vives, presque brutes et proches de la primauté d’un geste. On sent comme une aura de sacré derrière ces figures aux allures de totems. Drôles de génies, qui nous dominent légèrement par leur taille et qui gardent obstinément et systématiquement les bras ouverts, comme on accueille et embrasse, comme on s’expose à tout en s’ouvrant. Ils semblent venus nous saluer de cultures lointaines et proches des origines de l’Homme.
Les instruments, les maracas, les tambours, attendent immobiles, comme les potentialités d’un changement exprimé à l’état latent, celui du silence. Pourtant les baguettes sont posées sur les peaux tendues, comme une façon de dire : nous ne sommes pas dans une exposition traditionnelle, vous pouvez jouer. La sacralité n’est pas figée. Pourquoi pensez-vous que nous sommes là ? Une enfant ose s’essayer au hang un peu plus loin, un instrument de musique pour le moins original et métallique, inventé par deux suisses en l’an 2000.

 

Réminiscence platonicienne

Le théâtre d’ombres chinoises, fait défiler ses histoires comme on renoue avec le mythe de la caverne afin de mieux en sortir. A travers lui ce sont nos propres comportements que nous regardons pour aller vers plus de lumière. La parole muette, lue à l’écran, prend la voix de notre intériorité car elle n’épouse pas la personnalité d’un timbre phonique. La vidéo est animée par un travail touchant de sincérité, exprimé en mots naïfs, qui en essence nous caractérisent tous et abordent les questions de notre place dans la société, l’éloignement des êtres chers, la différence et ce décalage parfois trop grand entre ce que nous voulons être et ce que nous sommes, les peurs obscures qu’on affronte et avec lesquelles on vit. La vidéo se situe entre le registre du conte et l’expérience plastique, avec un arrière-goût du Petit Prince, explicitement présent dans d’autres salles.
En quittant le film, nous reconnaissons les marionnettes colorées qui ont servi pour la création des ombres animées. Suspendues en hauteur, elles sont comme des concepts à utiliser pour de prochaines créations, ou des masques que l’on a cessé de porter. Libre à chacun d’y apporter les sens qui le construisent.
Dans le rapport à l’art, il me semble qu’il faut parfois savoir revendiquer le droit à une hyper-subjectivité des perceptions. Chaque sensibilité est souveraine dans ce dialogue muet, à la fois avec l’espace et les matières transformées ou détournées en la manifestation d’un sens.

 

Sortir de l’espace conventionnel

Je ne veux pas parler de scénographie, mais la spatialité me semble ici essentielle. La disposition des différentes créations entre elles et en relation avec les éléments existants est une façon de mettre de l’ordre dans « le monde », comme on architecture le « vide » ou le foisonnement d’une pensée.
La circulation se fait librement, en ce sens qu’il y a plusieurs parcours permettant de passer d’un point à un autre, d’une création à une autre. La déambulation se fait sans véritable passage obligé, hormis le déplacement de pièce en pièce. Les recoins offrent des surprises, comme cette « petite » salle où l’on découvre des contes, écrits et illustrés de collages ou de peintures par les patients, ou encore l’ancienne sacristie où l’on peut s’asseoir le temps de vivre les interrogations proposées par l’art.
Le lieu tranche radicalement avec ce à quoi nous pouvons être habitués par les galeries et musées : les grands espaces vêtus de blanc, comme une volonté de faire abstraction de tout, sauf de ce qu’il y a à voir. Je pense ici particulièrement au Moma de Barcelone. Pur et blanc comme une détresse car l’on n’y trouve rien d’autre que soi-même où se raccrocher face à ce que l’art comporte de déstabilisant.
Dans la salle des colonnes, la symétrie est tantôt soulignée, tantôt contredite par l’installation des travaux dans l’espace. Les boiseries sont cirées, patinées par le temps, comme un vieil ordre féodal. Parmi les marques du passé flotte une noblesse oubliée dont subsistent encore de grands tableaux. Les pièces paraissent immenses, leur hauteur sous plafond est évidemment hors des normes actuelles. Parquets, briques aux joints bien creux, moquettes en damier marron-crème, tout est daté, et ne refuse pourtant pas le changement temporaire induit par la présence de l’exposition. L’ancienne chapelle est envahie de marionnettes. Le Petit Prince trône sur l’autel, et les enfants sont invités à se faire photographier en sa compagnie. Un peu en retrait, l’ancienne sacristie est habitée d’éléments animées, tandis qu’à l’autre bout de la pièce un brin de théâtre dont le film passe en boucle reçoit son public. Les peintures sont fixées sur des supports amovibles, regroupées en divers lieux de l’exposition. Anarchie des sujets et des styles entre eux. On y trouve le foisonnement des instants divers. Diverses histoires qui se croisent.

 

L’humain comme finalité, l’art comme moyen

L’art est là, comme on renoue avec des instincts absents ou dénaturés dans notre société, une société trop souvent pervertie par la consommation. Ici, c’est « gratuit », enfin je veux dire non marchand. C’est pour la santé. Le but n’est pas de concurrencer les galeries comme me le disait le Dr Granier, responsable de l’atelier d’art thérapie de Purpan, ce n’est pas l’enjeu. Le propos ici, est bien de soigner au moyen de l’art. Ce moyen n’est pas la finalité. Il permet aux malades de s’exprimer et de se sentir exister. La santé semble encore être un domaine dans lequel on pense l’Homme et son bien-être comme des fins en soi.
Aucun nom ne ressort de l’exposition. Les créations sont anonymes et pourtant singulières. Elle œuvrent à sortir les patients de la stigmatisation. Car d’ordinaire, on ne comprends pas le fou et sa différence de relation à l’autre, temporairement incompatible avec la société. Ou plutôt qui comprends encore le fou ? Cette figure archétypale d’un jeu de cartes ou fou du roi. Le mot de fou n’est plus utilisé dans le vocabulaire médical où il a été remplacé par celui de malade. Le malade, qui est touché par la maladie, le « mal à dire » si l’on prends la tangente offerte par le langage des oiseaux. Ce rapprochement est ici intéressant en ce sens qu’il exprime la difficulté rencontrée à verbaliser au moyen du langage articulé, et la nécessité du recours à une autre forme d’expression pour soigner ces maux temporairement hors des mots. Le malade devient ensuite le patient, celui que l’on soigne et qui fait œuvre de complicité avec le temps dans sa guérison. L’art thérapie peut ainsi ressembler à l’histoire de l’huitre, qui par mégarde avale un grain de sable. Ce dernier la blesse. Ne pouvant s’en débarrasser, elle se met à produire du nacre donnant naissance à la perle. C’est l’art thérapie.
Pour les visiteurs, cette exposition est un temps qui existe en dehors du geste mercantile. Un temps gratuit pour ainsi dire. Un temps passé à exprimer que nous, êtres humains, nous sommes plus qu’une donnée utilitaire, plus que des produits ou sous-produits marchands qui servent une économie. Nous sommes aussi et surtout des êtres mus par les nécessités d’une âme. J’entends par là, cet espèce de petit ou grand supplément de vie, qui fait que nos aspirations dépassent les simples données brutes du réel, du matériel, de la nécessité physique. « Enfin, l’art, le vrai » m’a-t-on dit avant que je ne vienne. L’exposition est venue à bout de mon scepticisme. C’était bien l’art, celui qui interroge et qui remue ; celui qui vient du cœur sans se soucier de la technique, et évolue librement car son seul but est l’expression. Il remue quelque chose en nous, réveille et transforme notre rapport au monde en dehors de toute logique spectaculaire et commerciale.
En sortant de là, je pense à mes pinceaux, et me dis que l’art est peut-être bien la seule maladie nosocomiale à laquelle on ne refuse pas de s’exposer !


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mardi 28 avril 2015

SANTE MENTALE ET PRECARITE









Sources :
Camille Millerand
www.camillemillerand.com

Camille MiIllerand s'est formé pendant 3 années au sein de l’agence Œil Public en tant qu'étalonneur numérique. Il devient photographe indépendant en 2007. Depuis, il collabore régulièrement avec la presse française (Le Monde, Marianne, Jeune Afrique, Télérama...) et développe ces projets personnels.

 Lauréat en 2009, du premier prix Envie d’Agir dans la catégorie “Image”, il travaille pendant 4 ans suLa jeunesse et ses déboires entre l'Algérie, la Roumanie, la Côte d'Ivoire et l'Est de la France. Il choisit des moments où l'Histoire fait un bond: entrée de la Roumanie dans l'Union européenne, élection présidentielle en Côte-d'Ivoire, manifestations de rues à Bab el Oued... À chaque voyage, il souhaite « raconter des histoires tirées de la vie réelle », saisir de la jeunesse les changements qui s'opèrent dans la société en photographiant leur vie quotidienne.

Parallèlement, il co-réalise depuis 2010 avec deux autres photographes (Thierry Caron et Stéphane Doulé) un webdocumentaire intitulé Les Pieds Dans La France.

lundi 27 avril 2015

«Les 39» veulent sortir du trio contention-isolement-médication

27 octobre 2014 à 18:26
Auteur: Eric FAVEREAU
 
Ils sont là, présents. Ne désertent pas. Fatigués sûrement, mais avec une volonté intacte de ne pas s’habituer. Ils, ce sont «les 39», un collectif créé peu après le discours, en décembre 2008, du président de la République d’alors, Nicolas Sarkozy ; celui-ci, visitant un hôpital psychiatrique à Antony (Hauts-de-Seine), avait développé le souhait d’une prise en charge très sécuritaire de la folie. Depuis ce jour, les 39 résistent, formant un groupe peu banal de psychiatres, de psychologues, de patients, mais aussi de parents de malades. Ils hésitent parfois sur la stratégie, s’engueulent souvent, mais se retrouvent dans le souci de résister à la normalisation ambiante qui veut que la folie se résume à des symptômes et son traitement à une simple prise de médicaments.
 «Aujourd’hui, on ne peut pas rester dans un seul discours de résistance, il faut passer le cap», lâche Hervé Bokobza, qui fut l’initiateur du collectif. Ils vont tenir un «meeting» samedi à Montreuil (1), près de Paris, comme on tient une table ouverte. Avec une foule variée d’intervenants. «Fédérons nos rêves pour résister à l’occupation de nos libertés de conscience», dit la banderole d’appel. Des mots, en somme, pour combattre la difficulté du moment. «Les patients se disent parfois infantilisés, peu ou pas entendus, surmédiqués, étiquetés, soumis à l’arbitraire, avec perte de la liberté de circuler et menace permanente de la chambre d’isolement», note un texte d’appel au meeting.
  Récemment, au sein des 39, s’est créé «le fil conducteur», un groupe de parents et de soignants qui travaillent ensemble. Ce «fil conducteur» lance, lui aussi, un manifeste qui démarre par ce constat : «Les familles sont plongées brutalement dans l’univers de la psychiatrie. Lors d’une hospitalisation pour le moins traumatisante d’un enfant, d’un être cher, elles ne trouvent, le plus souvent, ni soutien ni interlocuteur. Tenues à l’écart, sans explications aucune sur ce qu’est une maladie psychique, elles assistent, impuissantes, à l’enfermement, à l’isolement de leurs proches, puis au parcours décousu et chaotique de soins… Nous ne voulons pas d’un parcours de soins exclusivement réduit au trio contention-isolement-médication…»
 Que faire, donc, pour alléger ce paysage psychiatrique ? «Ouvrons de toute urgence le débat public, national et citoyen, réaffirment les 39. Nous le ferons avec tous ceux qui ne veulent pas cesser de se réinventer, de rêver, de créer… Afin que puisse s’élaborer l’écriture d’une loi-cadre en psychiatrie, une loi dont tous les patients, les familles, les soignants ont un besoin immédiat.»
(1) Le 1er novembre à la Maison de l’arbre à Montreuil, de 9 h à 19 h. www.collectifpsychiatrie.fr
SOURCES :
ATRRD | 16 janvier 2015 à 13 h 33 min | Tags: Collectif des 39, Hervé Bokobza | Catégories: Ressources | URL: : http://wp.me/p3w85x-5G

jeudi 23 avril 2015

Psychiatrie : «Une montée en puissance de l’enfermement»



C’est aujourd’hui que l’Assemblée nationale vote toute la loi de santé de Marisol Touraine. Dans ce très long texte, juste quelques éléments sur la psychiatrie. Et, entre autres, une disposition limitant le placement en chambre d’isolement et la contention des malades dans les hôpitaux psychiatriques.
Que le législateur se penche sur cette question pointe au minimum qu’il y a un problème. Dans le texte, il entend mieux surveiller ces pratiques ; il rappelle que les mesures de privation de liberté «sont des pratiques de dernier recours», uniquement «pour prévenir un dommage immédiat ou imminent pour le patient ou autrui, sur décision d’un psychiatre» et «pour une durée limitée». En outre, «leur mise en œuvre doit faire l’objet d’une surveillance stricte confiée par l’établissement à des professionnels de santé désignés à cette fin». Un registre devra être tenu dans chaque établissement, mentionnant le nom du psychiatre ayant décidé l’isolement ou la contention, et celui des professionnels l’ayant contrôlé. Le Dr Thierry Najman dirige un important secteur à l’hôpital psychiatrique de Moisselles, près de Paris. Membre du Collectif des 39, qui défend une conception humaniste de la psychiatrie, il va publier Lieu d’asile aux éditions Odile Jacob.
Encadrer les chambres d’isolement, cela va-t-il dans le bon sens ?
Cela procède d’une bonne volonté, mais je suis sceptique. Un nombre important de rapports a déjà été rédigé. Dans les hôpitaux psychiatriques, il y a une foule de juristes, de magistrats, d’avocats qui circulent. Tous constatent des atteintes répétées aux libertés. Ajouter un registre ? On va apporter au mieux une illusion qu’il y a un regard.
Comment expliquer cette montée en puissance de la contrainte ?
Ce n’est pas simplement une montée en puissance des chambres d’isolement ou de la contention, mais de toutes les formes d’enfermement, de toutes les forces de surveillance et de contrôle. Et tout le monde le dit, comme chaque année dans son rapport le contrôleur général des lieux de privation de liberté.
Précisément ?
Certains rapports relèvent des cas de patients sanglés pendant six mois, les quatre membres attachés, ainsi que l’abdomen, avec parfois une sonde urinaire. Il y a une fermeture massive des portes des hôpitaux psychiatriques, le nombre des unités pour malades difficiles a été multiplié par deux. Environ 400 000 personnes sont hospitalisées chaque année en psychiatrie dans notre pays. Et plus de 20% sont hospitalisées sous la contrainte.
Est-ce un retour à d’anciennes pratiques ?
C’est bien plus qu’un retour en arrière. Schématiquement, dans l’histoire de la psychiatrie, on peut parler de trois périodes : celle de l’asile, qui va de la Révolution française à la Libération ; puis une période désaliéniste, qui a correspondu à la création des secteurs, à la psychothérapie institutionnelle ; depuis quinze ans, la situation est différente. Je parle d’une période néoaliéniste. Parce que lors de la toute première époque, on enfermait, certes, mais les pratiques étaient portées par la philosophie des Lumières. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas, on est dans un contexte de fermeture, de régression, et dans un contexte de bonne gestion comptable des hôpitaux.
Quel rapport avec la «bonne gestion» ?
L’effondrement des moyens alloués à la psychiatrie publique est une réalité. Dans un service de psychiatrie où il y a quarante malades aigus et deux infirmières, que voulez-vous qu’elles fassent si ce n’est fermer la porte et avoir peur ?
Et vous, dans votre service ?
Mon service est ouvert en permanence. Nous utilisons de façon exceptionnelle les moyens de contention. Le fait d’ouvrir les portes, dans tous les sens, favorise le soin. Et les enquêtes montrent que la fréquence des fugues est équivalente dans les services hospitaliers ouverts et fermés à clé.
Reste que mettre un patient dans une chambre d’isolement est une décision du psychiatre. Pourquoi la prend-il ?
La contrainte qui se développe sur les patients se développe aussi sur les professionnels. Ils sont soumis à des contraintes économiques, administratives, bureaucratiques. Peut-être que beaucoup se laissent aller à une certaine résignation, dans ce contexte de restriction.
Recueilli par Eric Favereau


               Marisol Touraine "heureuse" de l'adoption de la loi santé
Sources : LIBERATION.FR

mercredi 22 avril 2015

ATELIER DU NON FAIRE avec Christian Sabas

LE FONDS D ŒUVRES EN DANGER AU PAVILLON 53


Vendredi 3 avril 2015
SITUATION D’URGENCE: Des vols de tableaux et de graves dégradations ont été constatés au Pavillon 53 sur le site de l’EPS Maison Blanche à Neuilly/Marne

> NEWSLETTER MARS AVRIL 2015 pdf


Rendez-vous des Lundis! Venez rencontrer le Non Faire !
Rendez-vous tous les lundi matin à La Maison Keller, 39 rue de Charonne de 10h à 12h
(Sauf du 15 avril au 30 mai 2015, les rendez-vous auront lieu en Guadeloupe).

 Qu’est ce que c’est ?
 L’ Atelier du Non Faire est un atelier libre d’expression fondé en 1983 par Christian Sabas (infirmier psychiatrique, peintre, musicien et auteur…) dans le Pavillon 53 de l’hôpital psychiatrique de Maison Blanche à Neuilly sur Marne.
C’est un atelier ouvert où l’on peut peindre, faire de la musique, parler ou se taire, et aussi Ne Rien Faire… Depuis 2005, l’Atelier du Non Faire a été implanté dans plusieurs sites de la Région Île de France tout en continuant de garder sa source au Pavillon 53.
C’est une association qui organise des événements artistiques et des rencontres :
Café-philo tous les lundis matin à Paris depuis 30 ans, expositions (plusieurs expos par an à Paris, en France métropolitaine, Guadeloupe et Europe…), concerts (groupes Démence Précoce *écouter lien Radio Libertaire ci-après, Potentiel…), performances, et aussi organisation d’un Symposium chaque année : Le 16ème Symposium a eu lieu à Paris les 15 et 16 mars 2014 et a accueilli plus de 200 personnes.
C’est un état d’esprit qui rassemble, dynamise et permet des échanges propices à la créativité, source de mouvement, de vitalité et d’épanouissement.

 Pour qui ?
 Le Non Faire s’adresse en particulier aux personnes en souffrance psychique et plus largement à toute personne en quête d’un espace de liberté, de créativité, d’échanges…
  
 À quoi ça sert ?
Si administrer des médicaments reste la norme pour tenter d’aider les personnes en souffrance psychique, il existe des alternatives. L’Atelier du Non Faire constitue une proposition différente. Il reste comme un lieu, un lien dans le Non Faire, qui permet encore d’imaginer une issue, et c’est la personne elle même qui porte une solution car on lui aura au moins fourni un support. L’Atelier du Non Faire ouvre des frontières et favorise un nouveau rapport à l’autre, à soi, au sens, un retour à la vie. Le Non Faire comme attitude -prendre soin- comme moyen permettant de franchir des étapes… un lieu où l’on se met à respirer différemment, un lieu où l’on a avant tout choisi d’être.

 Aujourd’hui ?
 L’association du Non Faire n’a jamais cessé d’organiser des événements ni d’accueillir un public assidu dans des lieux de création, mais elle se trouve aujourd’hui dans une phase délicate de transition où elle doit trouver de nouveaux lieux et des financements pour continuer son action.

  Quels besoins ?
Le Non Faire a besoin en priorité de lieux (de nombreuses personnes attendent la réouverture d’un atelier!) et de financements, ainsi que d’une personne compétente qui puisse accompagner la gestion et le développement des actions de l’association.
Une aide concrète et avisée, des conseils, des contacts, des informations… nous aideront à préserver le patrimoine existant tout en continuant de le faire vivre.
Nous avons plus que jamais besoin de faire connaître les actions du Non Faire, d’obtenir vos soutiens les meilleurs (techniques, matériels, financiers….). Ils permettront au Non Faire de continuer à diffuser son savoir-faire, ses savoir-accompagner et ainsi poursuivre les actions accomplies depuis 30 ans.

 « Les encombrants, le différend, le hasard, l’imprévu,
 l’impossible, l’innommé, se faufilent entre les mailles du savoir ?
Construisons un asile, un piège à cons. 
La société s’ennuyait, bouchons le trou par où s’échappent trop de vapeurs et de flammes, 
on fera avancer la locomotive de la psychiatrie.
Et si c’était de l’exclusion ? Et si ça rendait pas heureux ? Et si c’était pas du soin ? 
Tout sauf du soin.
L’institution des psy assemble tous les maux inqualifiés et les souffrances inhérentes aux autres institutions.
Douleur à la guerre, en famille, à l’école, au travail, à la religion et VLAN ! La psy…
Elle comble astucieusement la difficulté, le vide que produit notre société : sa part maudite.
Et dans le soucis d’incarner cette part maudite, il faut des gens, des gens, des gens… »
 C. G.

 Radio Libertaire* Ras les murs (extrait) / 12 mars 2014 / J. Lesage de la Haye
France Inter Là bas si j’y suis / 22 juin 2009 / D. Mermet
Le Monde Article / 15 août 2005 / C. Prieur
Libération Article / 20 septembre 1997 / E. Favereau
Film M. Druez et C. Allézy Stop your Madness / 2005



                                                   Christian SABAS

                        L'association ARAT soutient l'Atelier du Non faire

mardi 21 avril 2015

GR2 : Co-vision en Art-thérapie

Le GR2 est un groupe de recherche de l'association ARAT animé par Caroline Germain.
Il fait partie du CSRA (Comité Scientifique de Recherche Associative).



COMPE-RENDU DE LA CO-VISION DU 25/01/2015

Présentes : Caroline Germain, Bénédicte Carrière

Excusées :

Purita Munoz est grippée !

Amparine Tubau nous informe qu’elle ne fera plus partie du groupe de covision : en raison de la reprise de son travail de comédienne, elle n’exerce plus, actuellement, sa fonction d’art-thérapeute.


Nous nous retrouvons en nombre réduit pour cette quatrième co-vision. Nous en profitons pour nous connaître mieux et abordons ainsi une question qui fait débat depuis le début de nos rencontres, celle de l’intimité.
Pour ma part il est important, afin de ne pas être intrusifs envers les personnes que nous accompagnons, de ne pas chercher à leur arracher des vérités, comme des dents malades, et de leur garantir ainsi un espace psychique préservé. Par ailleurs, nous ne considérons pas que notre métier d’art-thérapeute, bien qu’éclairé par les concepts de la psychanalyse, ouvre à l’exercice de l’analyse des productions.

Nous somme quand même averties que cela se pratique dans certains courants.

Il nous faut nous entendre sur cette notion de l’intime.

Caroline propose de différencier le discours sur l’état émotionnel du discours collé aux faits, avérés ou non.
Dire son sentiment, ce n’est pas raconter l’indicible jouissance qui se rapporte parfois dans le fait divers sordide. Elle pose également une question qui parait légitime :
comment pouvons-nous demander à ces personnes en souffrance la livraison d’une intimité que nous ne leur offrons pas ? Caroline propose ainsi de pouvoir émettre, par touches singulières, quelques ressentis de notre contre-transfert, dans le but de ne pas trop désincarner le transfert.


Nous abordons dans l’après-midi une difficulté liée à certaines expériences désagréables en séance. Que se passe-t-il lorsque nous sentons brièvement basculer notre cadre interne parce que nous ne nous sentons pas, l’espace d’un instant, légitimes dans notre fonction ?

Parce que nous sommes surpris par une question qui nous sidère, parce que nous nous sentons impuissants face à la souffrance, parce que notre métier ne nous semble pas prendre en compte tout ce qui se produit lors d’une séance art-thérapeutique ?

S’agit-il simplement d’une défaillance de notre cadre interne ? Avons-nous à travailler en supervision ? Ou en analyse ?

La méconnaissance de soit semble poser ici la difficulté de se savoir manquant, sujet de désir, mais aussi sujet de la culpabilité, depuis notre inconscient que nous ne maîtrisons pas. Pour autant, est-il indispensable d’avoir effectué une analyse dans son intégralité pour pouvoir pratiquer notre métier d’art-thérapeute ? L’analyse peut en effet mettre à jour des fonctionnements internes particuliers, cependant elle n’offre pas nécessairement la certitude d’un apaisement de ces conflits...


Nous somme d’accord sur notre devoir d’humilité face à nos productions inconscientes dans l’élaboration de nos séances. Ces productions diverses font le lit de nos différences dans la pratique, mais également nos richesses, et ce n’est pas contradictoire.

Nous avons à céder sur notre supposé savoir afin que le patient ait aussi la possibilité d’évoluer...  en nous castrant.