mardi 20 janvier 2015

Chapitre : 6 "L'Art-thérapie est-elle suffisamment bonne pour être mise à la casse ?"

Nous approchons des 7e Rencontres de l'ARAT, les 22 et 23 janvier 2015 à Béziers.
J'ai écris cet article avec l'idée de nourrir le débat et de clore ma série d'articles sur le petit monde de l'art-thérapie française.

A l’ARAT, vous le savez, nous ne sommes pas favorables à l’introduction du développement personnel, du coaching, de la spiritualité et du bien-être dans l’art-thérapie. Ces différentes disciplines que je viens de citer, fort honorables au demeurant, ne font pas partie des Sciences Humaines.

Pour autant, nous ne sommes pas des intégristes de l’art-thérapie, mais nous sommes intègres dans notre pratique de soin avec les malades.

Voici quelques exemples de dérives qui entraînent l’art-thérapie dans l’impasse de la non-reconnaissance :

Le livre de coloriage :
Ils fleurissent dans les grandes surfaces et les points de vente librairie, sous l’appellation "Art-thérapie anti-stress". 

Le livre de développement personnel :
"Découvrez-vous artiste de votre vie" en 44 leçons ? par Jean-Pierre Klein

Les maisons du bien-être et les salons du bien-être :
Des lieux où les art-thérapeutes non rien à y faire, sauf s'il se considèrent comme des commerciaux. L'art-thérapie finira-t-elle dans les magasins Bio, entre la poire et le fromage ?

Nous ne pouvons pas laisser l’art-thérapie devenir un simple produit de consommation disponible pour le marketing et le merchandising sans restrictions !

L’Art-thérapie est devenue un médium malléable que l’on peut amalgamer volontiers à d’autres pratiques en dehors du champ de la thérapie, de la psychothérapie et du soin.

Anne Brun dans le « Manuel des médiations thérapeutiques » (Ed. Dunod), conjointement écrit avec Bernard Chouvier et René Roussillon, pose le problème en ces termes pages 99 et 100 :

"L’objet médiateur est utilisé par les cliniciens comme un « échafaudage » pour parvenir à l’inconscient sans avoir à mettre en lumière une quelconque pratique de l’art dans un contexte de psychothérapie psychanalytique. A l’opposé, les « art-thérapeutes » ne pratiquent ni l’association libre, ni l’interprétation pour se figer sur le dispositif, la technique et des consignes différentes à chaque séance dans un contexte de développement personnel."

La médiation thérapeutique est devenue une pratique de soin couramment utilisée par les psychologues, les infirmiers, les ergothérapeutes, les psychomotriciens, les éducateurs et plus encore. A aucun moment, il ne s’agit d’utilisation  de l’art pour ces professionnels, mais de l’utilisation d’un objet médiateur.

Le métier d’art-thérapeute est différent, il est porteur d’une double identité, celle de l’artiste et celle du thérapeute. A l’Association de Recherche en Art et Thérapie, nous proposons une réflexion sur cette spécificité qui permettrait au métier d’Art-thérapeute d’être pleinement reconnu.

Il s’agit de prendre en compte le processus de création, l’Art, son Histoire et ses techniques en parallèle avec la psychopathologie clinique, la psychanalyse, les psychothérapies médiatisées pour arriver à un juste équilibre entre Art et Thérapie.

Nous sommes également favorables à la création d’un Diplôme d’Etat d’Art-thérapeute qui permettrait de mettre fin à toutes les discordes des organismes de formation. De mettre fin aussi à la business-thérapie et au commerce qui infiltrent  l’art-thérapie française.

L’Art-thérapie est –elle suffisamment bonne pour être mise à la casse ?



Je ne le souhaite pas, et je vais continuer à militer pour qu’elle acquière ses lettres de noblesse, pour que la formation d’art-thérapeute devienne une véritable formation diplômante reconnue par l’état ! Et pour que le métier d’art-thérapeute soit reconnu et rémunéré à sa juste valeur !
Peut-être un jour nous parlerons de la profession d’Art-thérapeute, de l’Ordre des Art-thérapeutes, du syndicat des Art-thérapeutes ?

Entre illusion et réalité, ils nous faut revenir aux fondamentaux, fuir les dogmes et ceux qui les fabriquent.
L’Espérance demeure !

Jean-Louis Aguilar / Art-thérapeute