lundi 26 mai 2014

L'ATELIER DE L'ARBRE ROSE

 |  PAR JEAN-BERNARD COUZINET / Docteur d'Université et Plasticien


L'ATELIER  DE L'ARBRE ROSE a été un atelier d'expression libre intra hospitalier où le patient- sujet prend la parole, s'exprime, créé, expose...se sent exister à travers des rencontres interpersonnelles médiatisées (rim)  et créations de groupe.
L'esprit de l'arbre rose n'a pas pris une ride, il est fait d’altérité,  de respect, d'ouverture, d'accueil, de non jugement, d'entraide...
Une expérience alternative qui a vécu 35 ans , jusqu'à mon départ à la retraite, et qui perdure.  Aujourd'hui la suite s'est imposée et se poursuit hors les murs avec le Groupe Libertés.


...Après tant d’années d'agressions institutionnelles,  notre inquiétude pour le devenir de nos œuvres est devenue réalité. Elles  ont été exposées prés de 400 fois par et avec leurs auteurs. Elles sont aujourd'hui,  pour certaines, la vitrine de l’hôpital, et détruites pour d'autres.
...Il y a urgence en la matière pour la sauvegarde de celles ... encore épargnées!!
Un film de témoignages  a pu être réalisé in extremis (lire ci-dessous).
Dans les années 1970/80 la psychiatrie était innovante, ouverte à des expériences offertes aux patients considérés comme des sujets.
Ainsi, des ateliers d'expression ont vu le jour.
Dés 1978,  je fus rattaché aux services universitaires de Bordeaux grâce au bon vouloir du Pr Marc Blanc...avec carte blanche pour innover en matière de communications intra et extra institutionnelles conjuguées. Nous vivions des années roses.
Nous avons créé des ateliers d'expression, accroché des expositions, créé des animations sonores, créé des formations, ouvert un local alternatif en ville...le tout orchestré par une association.
Dès les années 1995, on a vu l’hôpital se transformer en entreprise et s'orienter sur le tout médicament (...ou presque). Après 7 ans d'exercice , nous avons fermé le local pour réintégrer l’hôpital à plein temps et suivre de l’intérieur son évolution.
Au passage j'ai terminé une thèse d’université et fut intervenant aux IUT et IFSI.
Nous entrons alors dans les années noires. Notre atelier a commencé son nomadisme à travers l'institution  (avec 5 déménagements), mettant chaque fois un peu plus nos œuvres en danger...œuvres que nous avons su pourtant conserver jusqu'au bout. En même temps, afin de répondre au mieux à la demande des patients, j'ai développé l' expression libre et la prise de parole de chacun en créant et animant l'atelier l'Arbre Rose.
Il semble que par notre professionnalisme et avec nos outils de diffusion appropriés, nous ayons su nous attirer de nombreuses  sympathies et réaliser près de 400 expos ouvertes à des  invités des quatre coins du monde.
Parmi nos divers soutiens, nous comptons de nombreux psychiatres, psychologues et/ou psychanalystes, soignants, écrivains, artistes .... dont  le  Collectif des 39 ( Dr  PE.Machto),   la Société Française de Psychopathologie de l'Expression et Art-Thérapie ( Dr et Pdt F.Granier),  le Séminaire Dr. P.Gorce et FL. Meyer,  l'Atelier du Non Faire, (C.Sabas),   l'IRTS Parmentier de Paris (film Cadavres Exquis),  l'Espace Marx et l'Ormée,  J-C Stora, formateur et sculpteur niçois,  P.Borrel, réalisateur,  J. Zanouy, professeur,  M. Lecoeur, sculpteur, Collectif Morue Noire,  le Dr J.Broustra, formation et écrivain sur l'expression, le Dr P. Brenot et anthropologue, écrivain, JL.Aguilar, infirmier/art-thérapeute, Pdt de l'ARAT.... de nombreuses associations, des politiques, sans oublier  de nombreux articles, reportages TV et radios.

On pouvait alors espérer être sortis des années noires....
Or, nous avons n'avons cessé d'attirer les foudres du directeur de l' hôpital psy de Bordeaux.
Son obstination sur notre atelier et sur nos œuvres, produites à l'Arbre Rose, dénote  d'un bien triste comportement.
Ainsi, ce directeur après nous avoir fait déménager dans un local exigu,  a fait trimbaler nos œuvres individuelles et collectives de nombreuses fois.
Il les a faites transporter  dans un local hors institution. qui fut vandalisé...

Ensuite de quoi,  sur son ordre, j'ai dû rapatrier sur l’hôpital, le stock à la morgue , aidé de deux patients ....
jusqu’à ce que j'apprenne, quelques mois plus tard, que nos œuvres avaient été déménagées dans une cave...dont nous n'aurions pas droit à la clé.
En janvier 2013, à mon départ à la retraite, j'ai dû vider l'atelier...pendant 8 jours, pris sur mon temps personnel...
A cette occasion, nous avons apporté la suite de nos œuvres dans la dite cave en ... découvrant que l'amiante dégouline du plafond. ... cqfd
Enfin, j'avais demandé, après avoir fermé l'atelier, de disposer de trois mois pour faire l'inventaire. refus du directeur.
Plus tard, j'ai appris que tri et inventaire ont été fait par 3 étudiants stagiaires, qui ne m'ont pas contacté... et que nombre d’œuvres ont été détruites..notamment tout ou partie de notre collection de fresques constituée sur nos 35 ans d'exercice...qui constituait un réel patrimoine.
Nous avons appris de la bouche d'un médecin concerné, que ce même directeur a fait détruire aussi les thèses archivées dans les caves des services universitaires.

A ce jour, je ne suis pas autorisé à me rendre dans la cave, j'argue pourtant que je suis co-auteur des fresques.
Les ateliers créés dans les années 70/80 ferment les uns après les autres au départ en retraite de leurs animateurs. Il est urgent de penser à sauvegarder les œuvres. Je participe à un projet toulousain qui je l' espère aboutira ... avant qu' il n' y ait eu trop de destructions....
France 3 et un documentariste n'ont pas été autorisés à filmer l'Arbre Rose. Aussi, peu de temps avant mon départ j'ai demandé à Philippe Borrel de venir filmer les dernières traces de notre atelier, il a enregistré, avec Suzanne Allant, des témoignages des patients.
(*) Le film est visible sur youtube. Il est intitulé le dernier voyage de l'arbre rose .

Aujourd'hui la suite de cette expérience s'est imposée...
A la demande des personnes fréquentant feu l'Arbre Rose et de nos anciens partenaires...nous avons créé le Groupe Libertés.
De nos rencontres, a émergé la création d'un atelier d’écriture avec Joël Zanouy, bénévole et sympathisant, l'accrochage  de nouvelles expos, des présentations de notre film (*) à travers la France, et la nécessité d'ouvrir en ville, prochainement, un nouvel  atelier libre. En même temps, nos blogs continuent sur artblog et nouvelobs.

Ces jour-ci, nous avons été invités à exposer et à prendre la parole au 3° Ecofestival de Pellegrue. La responsable s'est vue refuser par l’hôpital, une convention de prêt pour la présentation de nos fresques, avec le motif que les auteurs doivent donner leur accord. Aussi avons-nous dû procéder autrement...
Certes, s'il y a convocation du droit,  même si ici les auteurs d'une fresque collective et libre sont difficiles à  identifier,  cela pu servir à justifier le refus.
Par contre l’hôpital ne s'applique pas le droit... ainsi, il a exposé, pour faire vitrine de ses activités, des œuvres signées et non signées de l'Arbre Rose.... sans en avertir personne,  à la Médiathèque Jacques Ellul de Pessac, du 3 au 14 février 2014.
... alors que nous n'avions jamais accepté des expos institutionnelles vantant les mérites de l’hôpital sur le dos des patients.
En conclusion...
Peu importe si ce directeur a quelques problèmes avec la Culture, avec  l'ordre matériel...et nous donne à voir son côté mortifère. Cela ne nous concerne pas.
De même quand il harcèle des membres de son personnel, contraints  souvent à quitter l’établissement. Il appartient à chacun d'accepter ou non de tels comportements. Ainsi nous n'acceptons pas et réagissons fermement à ce qu'il ait pu effacer trace et  mémoire de l'expression de chacun, qu'il fusse patient, en détruisant des œuvres de l'Arbre Rose et/ou médecin, en détruisant des thèses.
Dès lors quand il fait intervenir ses directeurs adjoints ou autres sous-fifres, on sait que c'est lui qui tire les ficelles.C'est pourquoi, au nom et au respect des artistes de feu l'Arbre Rose, je me dois de témoigner et de réagir face à de tels agissements qui sont inacceptables, qui plus est dans le Service Public qui n'a pas besoin de cela  en ces périodes incertaines.
Nous militons pour que les jeunes puissent inventer et ouvrir de nouveaux ateliers et nous y croyons, même si de nos jours les ateliers intra institutionnels ouverts à tous et tous les jours, ne semblent plus  être dans l'air du temps- le budget annuel de l'Arbre Rose, en 2012,  était de 250 euros-,  on sait que  de tout temps ces ateliers ont dérangé, tout en survivant contre vents et marées, peut-être parce que leurs animateurs sont souvent considérés comme des électrons libres ?
...Mais que serait l'art sous contrainte?
De notre expérience, on croit en la nécessité d'une société libre et créative, expressive, artistique...sinon, nous risquons de devoir nous apprêter à vivre des heures chaudes.

Mis en ligne avec l'aimable autorisation de Jean-Bernard COUZINET

dimanche 25 mai 2014

OEUVRES PRODUITES EN PSYCHIATRIE... QUEL AVENIR POUR LE CONFORT DU PATIENT-SUJET?

 |  PAR JEAN-BERNARD COUZINET

       De nombreuses œuvres sont produites par les patients en psychiatrie. Si l'acte de peindre est en soi thérapeutique, de même que les expositions des œuvres sont vécues comme  très valorisantes, que deviennent-elles lorsqu'elles s'accumulent dans les ateliers? On sait par expérience qu' il est important de les gérer au mieux dans l'intérêt de leur auteur.

En droit toute oeuvre appartient à son auteur. Ainsi, si l'on peut concevoir que l'oeuvre produite peut séjourner un certain temps dans l'atelier, le temps des soins, des expos...un jour vient où la question  de la restitution se pose . Par notre pratique, nous savons que d'aucuns préfèrent abandonner l'oeuvre leur rappelant l'hospitalisation, d'autres à qui on les a restituées, les ont mises à la poubelle, d'autres encore n'ont jamais su s'en séparer et les entassent chez eux. Ainsi, on voit que la restitution n'est pas simple, souvent liée à la place physique due à de petits appartements, et/ou à la place psychique de chacun, mais une autre problématique est celle de la conservation assurée par autrui.


Lorsque la tâche est assurée par des professionnels on peut nourrir de certains espoirs, avec leur volonté de créer un musée d'art -thérapie, comme à Toulouse, à l'heure où les ateliers créés dans les années 70/80 ferment les uns après les autres, à la retraite de leurs animateurs.
Mais lorsqu'on a à faire à des gestionnaires d'hôpitaux peu sensibles à la cause, les œuvres sont considérées comme de vieux meubles voués à la casse, et qui encombrent. Reléguées ici et là, les œuvres attendent leur sort, et parfois sont détruites.
C'est de cela dont je veux témoigner ici, car au delà des œuvres trimbalées et détruites on porte une grave atteinte aux patients qui les ont créées alors que l'Hôpital est censé les soigner.


Article publié avec l'aimable autorisation de J-B COUZINET

dimanche 4 mai 2014

Formation IFAPP en Art-Thérapie (1)

INSTITUT de FORMATION A la PSYCHANALYSE et la PSYCHOTHÉRAPIE

L’IFAPP-Aix, l'IFAPP-Marseille et l'IFAPP-Orange sont des écoles privées dirigées par Philippe SCHALLER, psychanalyste et membre de la Fédération Nationale de Psychanalyse.

Mardi 29 avril 2014, je me suis rendu à Aix-en Provence dans les locaux de l'IFAPP, pour présenter ma conférence-débat " De la clinique à la mise en place d'un dispositif art-thérapeutique", avec comme corollaire de démontrer qu'un juste équilibre entre Art et Thérapie est possible.

J'ai présenté ma méthodologie du "Triptyque d'Art-Thérapie adapté à la Psychiatrie, pour une prise en charge des Psychoses en Art-Thérapie Institutionnelle".

L'évolution de mon travail m'amène à présenter mon art-thérapie en tant que thérapie médiatisée ou psychothérapie médiatisée dont l'objectif reste toujours le soin.

J'ai aussi souhaité ouvrir une nouvelle voie pour la réflexion sur la construction du  métier d'art-thérapeute en proposant des modèles conceptuels.
Ce que j'utilise dans l'art-thérapie institutionnelle sont :
- le modèle psychanalyse et  psychothérapie, ( Freud, Young, Klein, Milner, Winnicott, Lacan...)
- le modèle cognitivo-comportemental
- le modèle systémique
- le modèle psychopathologie clinique
- le modèle psychothérapie médiatisée
- le modèle psychosomatique relationnelle
- le modèle sur la Créativité développé par Winnicott
- le modèle sur la Relation d'aide de Carl Rogers (modèle humaniste)
- le modèle sur les neurosciences (plasticité neuronale)
- le modèle par l'Art et la création artistique...etc.
Ce n'est pas une liste exhaustive !

Nous pouvons réfléchir à d'autres modèles conceptuels, par exemple l'influence de la "spiritualité" dont me parlent de nombreux art-thérapeutes ?
Réunir les différents modèles conceptuels au sein d'un même métier pour enfin ouvrir à une profession reconnue !
Arrêter de diviser, pour enfin rassembler autour d'une pratique ou chaque art-thérapeute se reconnait.
Arrêter la guerre des écoles d'art-thérapie, la prolifération des codes de déontologie, des annuaires d'art-thérapeutes qui ne font que nourrir l'exclusion.
Cette forme de protectionnisme à outrance doit céder la place à plus de consensus, plus de partage et d’unité.
Sans penser que quiconque ne détienne la vérité !

                                Pilgrim of art-therapy, on the road again ...

Jean-Louis Aguilar / Art-thérapeute

jeudi 1 mai 2014

Les paysages de Roger Bonafé

Samedi 26 avril 2014 a eu lieu le vernissage du 58e Salon International d'Arts Plastiques de BEZIERS dont l'invité d'honneur est Roger Bonafé.
J'y ai croisé Didier Nicolas qui exposait son tableau du "Chameau", animal totémique de la ville de Béziers, que l'on appelle affectueusement "lou camel de Bésiers".


J'ai toujours admiré les paysages de Roger Bonafé, et je ne résiste pas à vous les faire partager.


"Roger Bonafé est né en 1932 à Caux, près de Béziers ( 34  ) .


Il arrive à Paris dans les années 57 , réside à Montmartre et y côtoie les grands peintres de la  Butte, Gen Paul, Jansem, Lorgou, Carzou, Buffet … Sans cesser d’ admirer Vlaminck, Matisse et Rouault, il trouvera très rapidement sa propre écriture .


Il poursuit un itinéraire très personnel.
Au début des années 60 il présente en galeries un travail très typé, avec de grands à-plat colorés. Très vite la palette va devenir chaude et intense. Les rouges puissants ne le quitteront plus."


Des femmes énigmatiques, viennent habiter de temps en temps ses paysages.
"Depuis plus de 20  ans son œuvre est exposée  dans le monde entier.
Le japon l'accueille régulièrement chaque année.

Roger Bonafé est une nature.
Il est généreux, chaleureux et son accent qui fleure bon le midi de la France donne plus de vérité encore à ce personnage incomparable.
Ce sont d'ailleurs ces qualités qui lui ont permis, au cours des années 50, de conquérir l'amitié de nombreux artistes de Montmartre.
Je me faisais tout petit parmi ces grands, Roger, lui ouvrait ses yeux et admirait les maîtres.

Depuis, Bonafé a parcouru un long chemin.Le talent s'affirme. L'œuvre s'affine.
L'homme s'épanouit sous les traits d'un véritable artiste.
Son rouge explose dans chacune de ses œuvres. Le rouge sang ou le rouge d'un cœur immense, mais surtout pas le rouge de la colère : Roger Bonafé est un tendre…"
Claude Lambert
Rédacteur en Chef de France Soir
                                                               Roger Bonafé dans son atelier...

Sources : www.galerie-castellet.com/roger-bonafé.htlm

Jean-louis Aguilar-Anton / Art'Blogueur