dimanche 30 juin 2013

Serai-je vivant demain plutôt qu'aujourd'hui ?

SORAYA HOCINE / PHOTOGRAPHE PLASTICIENNE
Exposition de photographies du 14/06 au 04/10/2013
au Château de Saint-Alban sur Limagnole


"Face à un événement dramatique à Paris, je suis venue en Lozère chercher une réflexion sur moi en utilisant la photographie. C'est le commencement d'un entre-deux, un besoin informel d'examiner mon moi intérieur ...


Je ne connaissais pas l'hôpital psychiatrique de Saint-Alban avant de venir m'installer en Lozère. Je m'y suis rendue pour la première fois en mars 2012. J'appréhendais cette visite, car la représentation que j'avais de l'aliénation dans un hôpital psychiatrique ne me mettait pas à l'aise. Je ressentais une inquiétude face à l'inconnu, la peur de me perdre. Je ne sais ce qu'est un fou, je ne sais ce qu'est l'aliénation, mais je sais ce que peut être la singularité chez l'Homme.


"Le Peigne", c'est le nom donné au pavillon qui ne sera plus en septembre prochain (2012). Un lieu vide et sourd qui laisse encore paraître des traces indélébiles d'une certaine aliénation vécue. Cette immense bâtisse à grandes fenêtres et sans grâce m'a donné le sentiment du temps qui semble s'être arrêté. Mon imaginaire perçoit la présence de corps sans nom déambulant dans les couloirs sans fin : une empreinte du passé. La lumière de cathédrale, pesante, leur donne un aspect fantomatique. L'aliénation n'a pas de visage, ni d'âge et de sexe.


Je choisis mes poses en fonction des détails de l'intérieur. Mon corps se confond avec les murs donnant une impression de se fondre dans la bâtisse en ruines. Je ne fais plus qu'un avec la structure délabrée et je prends plaisir à devenir l'objet de présence d'un entre-deux. Je jouis de me perdre dans la maison sinistre tout en contemplant mon égarement, une certaine évanescence m'envahit, je cherche la perte de l'identité.


Ces autoportraits, ces images de mon propre corps parfois nu, décrivent une certaine vulnérabilité.
Me connaître, me reconnaître, me réapproprier mon corps, mon image, tel un aliéné..." Soraya Hocine.


JLAA :
Comment vous avez eu l'idée de ce travail ?
Soraya Hocine :
J'ai trouvé des cahiers à l'ergothérapie, écrits par un patient, qui m'ont permis une immersion et une représentation de l'aliénation.


JLAA :
Avez-vous pris les photos avec l'aide d'un assistant ?
Soraya Hocine :
J'ai travaillé seule avec mon appareil sur pied et en utilisant un retardateur.

JLAA :
C'est une réflexion sur soi et sur l'identité, une quête, une catharsis, une recherche artistique en direction de l'intime.
Soraya Hocine :
Je me suis enfermée à clé dans le bâtiment "Le Peigne", pour qu'un patient ne puisse y entrer et s'y perdre.
C'est une expérience avec l'enfermement et  l'immersion dans la folie...


Crédits photos : Soraya Hocine
Mis en ligne avec l'autorisation de l'artiste, je remercie Soraya Hocine pour son accueil et sa disponibilité.

Jean-Louis Aguilar-Aguilar / Art'Blogueur

vendredi 28 juin 2013

28es Rencontres de Saint-Alban "LE COLLECTIF"

ACTUALITÉ DE LA PSYCHOTHÉRAPIE INSTITUTIONNELLE
14 et 15 juin 2013.

L'hôpital-entreprise n'est pas un dispositif propre à soigner.Des enjeux de pouvoir s'y manifestent à travers la nouvelle gouvernance, les hiérarchies paralysantes et les simplifications utilitaristes et sécuritaires, constituant des résistances majeures aux processus thérapeutiques. Cet hôpital-entreprise homogénéise les pratiques, abrase les différences, s'embrume de l'imaginaire bureaucratique, là où il faudrait être au plus près de la vie et de la souffrance des patients, là où il faudrait introduire des distinctions signifiantes et respecter la singularité des sujets.

Atelier n°1 : Du collectif de travail au travail du collectif : enjeux thérapeutiques
Atelier n°2 : Collectif et psychose
Atelier n°3 : Atelier bricolage : la fabrique d'un collectif
Atelier n°4 : Unis/séparés


Exposition de Jean-Marie :
C'est une histoire de famille, portrait/autoportrait : je ne sais plus qui est qui !!!
mon père ? ma mère ? mes frères ? mes sœurs ? j'en ai pas !!! ma grand-mère ? mon arrière grand-père ? ma tante ? mon oncle d'Amérique peut-être ?
bref un chat n'y retrouverait  pas ses petits !
Et moi je continue à tirer le portrait à cette galerie familiale jusqu'à me trouver moi.

Projets Collectifs Créations Rencontres Institutions :
Il s'agit de proposer et d'initier la constitution d'un collectif de patients par le biais d'une rencontre médiatisée entre un groupe d'artistes et un groupe de soignants-soignés et passants. L'association Collectifs Créations Rencontres Institutions (2C.R.I.) déploie ainsi un dispositif de construction d'un collectif incluant toutes personnes désirant œuvrer en groupe à un projet de création. Le processus de création sera centré sur la thématique des journées de Saint-Alban permettant dans une même dynamique, voire une mise en abîme, la participation réflexive et créative des patients, soignants, passants de Saint-Alban au colloque.

Intervenants :
Nicolas Mourniac / Psychologue clinicien, coordinateur du projet
Alexandre Nachat / Cinéaste, coordinateur artistique
Thomas Boulmier / Artiste plasticien
Laurent Marfisi / Chanteur
Jérémie Schacre /Mucisien

Exposition de Céline Duchesne :
" Avant de proposer mes services d'accoucheuse à ceux qui fréquentent l'atelier d'art-thérapie, j'ai moi même arpenté longuement les chemins escarpés de l'enfantement ... Et je suis heureuse que nos créations puissent entrer en résonance par ces deux expos qui se font écho."



L'Atelier du Non-Faire a présenté le groupe Potentiel :



                                          Xavier Amar, batteur

                                  François Germaneau, saxophone

                                   Christian Sabas, basse et chant

Je remercie Geneviève Claverie et le collectif de l'Association  Culturelle de Saint-Alban pour l'invitation et l'accueil qui m'a été réservé.

Jean-Louis Aguilar / Art'Blogueur

dimanche 16 juin 2013

Richard COOK : un aventurier de l'art


Richard COOK, artiste plasticien, décorateur ensemblier, avant-gardiste, aventurier de l'art contemporain d'une richesse rarissime dans ses compositions hors normes. Les mille facettes de ses sculptures sont le miroir du baroudeur des quatre coins éloignés du globe.
Richard COOK travaille dans ses sculptures le bois, le sable, le marbre, la résine, la terre, les métaux. Mouleur fondeur, il fait ses bronzes qui sont des pièces uniques.
Recherche existentielle de l'humain dans l'espace-temps de sa vie. Mélange intelligent des matières, représentatives de l'esprit de l'artiste, transcription de ses questions, réflexions, affirmations sur les choses de la vie. Les œuvres conceptuelles qu'il affectionne ont toutes un propos.
Voici la vision de son oeuvre par Richard COOK, telle qu'il l'a présentée dans une interview mise en ligne sur le site ville-serignan.fr.

                     Galerie : L'atelier d'artistes, rue de la Citadelle à Béziers

Interview à la Galerie : L'atelier d'artistes
"Ce qui m'intéresse, c'est de faire ce qui n'existe pas !"
Ainsi commence l'interview de Richard, au fil de mes passages dans ses différentes galeries, nous sommes devenus amis. Il connaît mon intérêt pour les artistes, et il s'est prêté à la confidence.
Il s'est lancé dans un travail de création et d'invention corps et âme, sans jamais avoir peur de se perdre et de ne jamais revenir de ce voyage.
"Je suis un chercheur", me dit-il, à brûle pourpoint.
Sa conception de l'Art, touche à l’indicible, c'est à dire à l’émergence de l'inconscient.

                     Table représentant l'iceberg du conscient et de l'inconscient

Il a obtenu le Diplôme et la Médaille d'Argent de la Société Académique d'Education et d'Encouragement.
Il parraine l'Association du Père Pedro OPEKA à Madagascar, chaque année il amène des fonds pour aider les enfants de Mada.
Association Humanitaire AKAMASOA : Tel :020 24 358 60 / akamasoa@moov.mg


Mais cette année, c'est le coup dur pour Richard, au cours de son dernier voyage à Mada, il tombe gravement malade en contractant un palu neurologique.
Il est fatigué et la non-reconnaissance de son art, lui créer une profonde souffrance. Son travail et son oeuvre se confondent avec sa vie. Mais sa galerie est aujourd'hui désertée, le centre ville se meurt.

                                                          Bronzes  

Il pense à fermer définitivement sa galerie.
Pour le soutenir, visitez sa galerie ou passez lui un coup de fil : 06 79 12 08 94.

                                                           Vitrail

Mis en ligne avec l'aimable autorisation de Richard COOK.

Jean-Louis Aguilar-Anton / Art'Blogueur

jeudi 6 juin 2013

Méthodologie du "Triptyque d'Art-Thérapie adapté à la Psychiatrie".

       Prises en charges des Psychoses en Art-Thérapie Institutionnelle



Vendredi 17 mai 2013, j'ai présenté ma conférence-débat dans le cadre du D.U. "Psychiatrie, Psychothérapies médiatisées et Art-Thérapie" au CHU Purpan-Casselardit dans le Service de Psychiatrie du Dr Granier / Responsable du DU-FC.

En introduction, j'ai dressé un rapide état des lieux de l'Art-Thérapie française en 2013.
Le paradoxe français nous montre d'un côté un engouement pour l'Art-Thérapie avec une explosion des formations en Art-Thérapie mises sur le marché, de l'autre une frilosité pour embaucher des art-thérapeutes et créer des postes dans les institutions.
La réponse est peut-être dans le fait qu'aujourd'hui art-thérapeute, c'est d'abord une spécialisation avant d'être un métier.
Les formateurs ont oublié de s'asseoir autour de la table, pour construire ce métier et le faire valider par le monde du travail. Nous avons des formations, des diplômes, mais pas de métier !
Voilà le challenge qui s'offre à la nouvelle génération d'art-thérapeutes qui s'engagent dans cette nouvelle voie des thérapies.

J'ai donc mis en place au Centre Psychothérapique "Camille Claudel" regroupant les services de Psychiatrie Adulte du Centre Hospitalier de Béziers une méthodologie que j'ai appelé "Triptyque d'Art-Thérapie adapté à la psychiatrie".
Cette méthodologie est la conjugaison de l'Art et de son Histoire, de l'apprentissage des techniques d'arts plastiques d'une part, de la Clinique, de la Psychopathologie de l'Expression et de la Psychanalyse d'autre part. L'art-thérapeute fait le lien entre ses deux pôles, pour donner naissance à ce que j'appelle l'Art-Thérapie Institutionnelle.

Méthodologie du triptyque d'Art-thérapie :
Volet 1 : étayage de l'identité.
Volet 2 : adaptation à sa réalité et réadaptation à la réalité.
Volet 3 : communication et socialisation.


Après la pause, j'ai présenté des œuvres de patients pour illustrer la Psychopathologie de l'Expression et introduire le malentendu du concept de l'Art Brut.
Le travail du Dr Hans Prinzhorn publié dans son livre "Expressions de la Folie" (1922) démontre la corrélation de la fonction de formation de formes psychiques et la formation de formes plastiques donnant naissance au jaillissement de la pulsion créatrice qui met à jour l'oeuvre de l'artiste ou la production du sujet. C'est ce que le Dr Prinzhorn appellera la "gestaltung".
Ce qui est différent du concept de l'Art Brut de Dubuffet, qui nous dit que certaines personnes donneraient naissance à cet art brut parce qu'elles sont vierges d'apprentissage en arts plastiques et de culture.
Il fait l'impasse sur le fait que nous sommes tous dans un bain langagier, et même au fin fond de la campagne, il y a des coutumes, des traditions, des fêtes votives, une civilisation judéo-chrétienne qui fait lien.
Il méconnaît la Psychopathologie de l'Expression et la "gestaltung".
Ce malentendu perdure depuis 1945, et fait toujours recette au XXIe siècle !


J'ai également parlé de l'Art de l'Art-Thérapie, avec 27 expositions des patients mises en place, le Land Art, le programme "Culture à l'Hôpital' et les œuvres collectives exposées dans l'institution "Camille Claudel".

                                       
                                             Le robot Gaïa-Land Art
   
                              Le Créateur et sa création (oeuvre collective)

Pour finir, la mise en place des psychothérapies médiatisées en CATTP/CMP, c'est une prise en charge en ambulatoire et en individuel, avec deux médiations :
-médiations arts plastiques.
-médiation corporelle et relaxation dans le cadre d'un atelier de Relation d'Aide.

Conclusion :
J'ai dressé le tableau d'une Art-Thérapie ayant toujours pour objectif le soin.
Et pour terminer, une information sur l'ARAT (Association de Recherche en Art et Thérapie).

Contact :
DU-FC "Psychiatrie, Psychothérapies médiatisées et Art-Thérapie"
Dr Granier granier.f@chu-toulouse.fr