dimanche 15 avril 2012

GEOPOETIQUE par Nathalie DEBRIE

Géopoéticiens en herbe, à vos pratiques artistiques !

La géopoétique en tant que théorie-pratique transdisciplinaire applicable à tous les domaines de la vie et de la recherche a été initiée par un auteur littéraire Kenneth WHITE. Dans les années 1990, il propose sa manière d'écrire le rapport "Homme-Terre" comme un espace à vivre pleinement et à refonder. Dans cette perspective, la relation entre les humains et la Terre apparaît comme abimée et ce mouvement se propose de réparer ce qui a été brisé. Mais comment donc pratiquer la géopoétique en amateur et comment incarner ce rapport Homme-Terre autrement que par les mots ?

J'ai eu recours à la création graphique à partir de photographies personnelles et du traitement des images pour évoquer cet espace géopoétique à l'instar de ce que réalise la littérature.

Kenneth WHITE ébauche le projet d'une géopoétique en 1979 en voyageant sur les côtes du Labrador dans La route bleue, puis précise son objectif en 1994 dans Le plateau de l'Albatros, initiation à la géopoétique, essais, Paris, Grasset.
En 1989, il entreprend de fonder les cahiers de géopoétique dans le but de dresser une grande carte ou charte du monde qui inaugurait autre chose que le mouvement de la pensée humaine.

Personnellement, cela peut vouloir dire : par exemple, sous quel angle de vue je pourrais aborder ce que deviennent les paysages sur une portion  de territoire géré par une ou plusieurs communes. Ce questionnement m'a permis de produire un montage photographique intitulé "Vert de gris" qui interroge les acteurs politiques sur le devenir des localités.
Qu'est-ce que j'ai voulu dire à travers cette création graphique ?


Regardons  ce paysage, il y a eu des terres cultivées à flanc de montage. Aujourd'hui, les cerisiers sont entretenus avec du sulfate de cuivre ou bien livrés à eux-mêmes. Les acteurs locaux vantent les mérites de l'écologie pour leur survie. L'éclairage dominant de la vallée est pourtant celui de la grisaille, celui du lichen sur les rochers ou du soleil sur les minéraux.
Néanmoins, on promulgue un activisme peu respectueux de cette pleine nature. C'est notamment l'abandon des cultures et de la petite industrie ainsi que la fermeture de la voie ferroviaire qui ont mis en péril durablement l'avenir de ce territoire autrefois et encore aujourd'hui à l'air vivifiant.
Au cœur de contradictions émergentes oscillant entre les traditions et les innovations, il nous faudrait  trouver un meilleur projet de territoire intercommunal : ce dernier plus en lien avec les habitants, avec nos ancrages, nos attachements, nos capacités de réapprendre à vivre, à évoluer avec l'histoire et la géographie des lieux.
La géopoétique est un état de conscience permanent qui nous relie aux phénomènes terrestres et qui nous guide dans nos attitudes et nos choix de vie.
C'est cette présence à l'esprit de ce qu'il peut advenir de la Terre et cet élan géopoétique qui peut nous pousser à interagir avec l'environnement par n'importe quel moyen pourvu que cela influence ou que cela donne un sens à une convalescence, à une rémission ou une tentative de guérison.

Publié avec l'autorisation de Nathalie DEBRIE, que je remercie pour sa contribution à blogarat.

Jean-Louis Aguilar-Anton / Art'Blogueur